L’année 2019 aura été, à n’en pas douter, l’une des plus meurtrières depuis le déclenchement de la crise dans notre pays. En effet, la mort a frappé quotidiennement dans la région de Mopti et sur toute l’étendue du territoire national, du Nord au Sud. Retour sur certains faits marquant de cette année et qui ont secoué la nation.
De janvier à décembre 2019, ce sont des centaines de soldats et civils maliens et de casques bleus de la Minusma (personnel civil et militaire) qui ont perdu la vie à cause de la situation sécuritaire de plus en plus préoccupante.
Les populations du Centre (Mopti et une partie de Ségou) ont payé un lourd tribu, particulièrement dû à plusieurs conflits communautaires et autres crimes. Au cours de 2019, celles-ci ont été, en effet, l’objet d’exactions de toutes sortes : conflits intercommunautaires, meurtres, assassinats, coups et blessures, enlèvements de bétails, vols d’engins et d’objets de valeurs de la part des groupuscules armés et autres bandits de grands chemins. L’armée malienne et les forces étrangères ne sont pas épargnées non plus.
Mardi 1er janvier 2019, un village peulh Kolongo a été attaqué, dans le Centre (région de Mopti), par des chasseurs traditionnels. Cette attaque meurtrière a fait 36 morts, dont des femmes et des enfants, une soixantaine de greniers et de cases volontairement incendiés une quarantaine de blessés.
18 janvier 2019 : Des individus armés ont attaqué la localité de Djéri, commune de Pignari, cercle de Badiangara (région de Mopti), avant d’incendier des cases et greniers. Bilan, 2 morts et plusieurs blessés (civils). Le 19 janvier 2019, des individus armés ont attaqué la localité de Niondo, commune de Segué, cercle de Bankass (région de Mopti) avant d’incendier des cases et greniers, faisant 1 mort et plusieurs blessés (civils).
27 janvier 2019 : un chasseur (donzo) ouvre le feu à Bingo, commune de Monimpébougou, cercle de Macina (région de Ségou) faisant des victimes, 2 morts et 3 blessés (civils).
Mardi 5 février 2019, l’explosion d’un véhicule de forains fait 3 morts et 12 blessés, à Dagana, dans la Commune du Haïré (cercle de Douentza). Selon des sources locales, le minibus, revenait de la foire de Hombori quand il a heurté un engin explosif improvisé. Le même jour, un autre véhicule de forains en partance pour Boni a sauté sur une mine. Le bilan : 3 morts et une douzaine de blessés dont 5 dans un état grave.
A Macina, des hommes armés non identifiés ont attaqué, le samedi 9 février 2019, le village de Mamadaga dans la commune de Diafarabé. Selon des sources locales, plusieurs personnes ont été blessées dont un cas grave. Ces blessés ont été admis au centre de santé de Macina. L’armée malienne est intervenue pour libérer le village.
Une autre attaque intervient (dans la région de Mopti), le mardi 12 février 2019, en début de soirée. Des assaillants très nombreux et lourdement armés investissent la localité. Les populations apeurées, se sont terrées chez elles. Un douanier est froidement abattu !
Des groupes d’hommes armés, selon l’ONU, auraient attaqué les villages de Minima Maoudé et de Libé, séparés de 15km, les 16 et 17 février 2019. Dans les deux attaques, le mode opératoire semble être identique: « Ils auraient ouvert le feu sur des civils, incendié une grande partie des cases, des greniers et tué le bétail ». Les deux attaques ont aussi occasionné plusieurs morts et blessés, déplore la mission onusienne au Mali.
Mardi 26 février 2019, dans la commune de Diankabou, « 17 civils ont été tués par un engin explosif enfoui dans le corps d’un homme abattu », selon un élu régional. L’information a été confirmée par une source de sécurité. Le cadavre piégé aurait également fait quinze blessés civils. Les parents d’un homme disparu, qui était allé chercher de la nourriture pour son bétail, ont découvert son cadavre dans la commune de Diankabou. Ils “ont approché imprudemment le cadavre qui a explosé en tuant 17 personnes. Les hommes armés qui ont assassiné l’homme ont mis dans et autour de son corps des explosifs”, a précisé la source de sécurité.
Plusieurs sources ont fait état de la découverte de fosses communes près de Mondoro, dans le cercle de Douentza. Au moins 24 corps auraient été exhumés. Les associations peuhls « Tabital et Kisal Pulaku» présentes dans la zone confirment l’information. Toutefois, les autorités locales disaient ne pas être au courant de la présence de ces charniers. Cette découverte macabre a été faite le 24 février 2019, affirment plusieurs sources concordantes.
Le village de Tegourou situé à 12 kms de la ville de Bandiagara dans la commune rurale de Doucombo a été attaqué, le jeudi 7 mars 2019 vers 21heures, par des hommes armés non identifiés. Selon une source locale, les assaillants ont procédé à des tirs sur le village avec des armes lourdes. Ils ont emporté plusieurs animaux et brûlé des maisons et des greniers. Un homme a été blessé et transporté au Csref de Bandiagara.
Le jeudi 14 mars 2019, le chef de village de Boulkessi, Ibrahim Diallo dit Amirou Boulkessi, avait été enlevé à son domicile par des présumés djihadistes. Selon de bonnes sources, cet enlèvement porte la signature des éléments de la Katiba Ansarul Islam, mouvement burkinabé, dirigé par Diafar Dicko, qui est le frère cadet de Malam Dicko, décédé. Le chef de village de Boulkessi, avait quitté Bamako, le mardi 12 mars pour regagner son terroir.
Le même jour vers 20 heures, un garde a été tué, près du rondpoint central de Sevaré, par un homme non identifié. La victime était en poste devant une banque de la place lorsque l’auteur du crime a tiré à bout portant. Il a ensuite emporté l’arme du garde.
Le vendredi 22 mars 2019 vers 7 heures, une moto-taxi transportant 3 jeunes de la ville de Bandiagara a sauté sur un engin explosif improvisé entre le village de Diombolo. Le bilan de l’explosion est d’un mort et deux blessés graves. Alertés, les éléments de la brigade de gendarmerie n’ont pu avoir accès au village craignant les engins explosifs improvisés.
Toujours dans le village de Diombolo, des hommes armés non identifiés ont attaqué les villageois. Le bilan fait état de 4 personnes tuées dont une femme et des dégâts matériels importants.
Samedi 23 mars 2019 : Au moins une centaine de personnes ont été massacrées lors d’une attaque par des assaillants armés dans le village peulh de Ogossagou-peulh (cercle de Bankass), théâtre d’un conflit intercommunautaire qui a fait des centaines de morts l’année dernière. La plupart des victimes serait des cantonnés pour le DDR dirigés par Sékou Boly. Parmi les victimes figure également le marabout Baba Sékou Issa et toute sa famille. Outre les 50 morts enregistrés, le bilan fait état de 40 blessés et de nombreuses habitations incendiées.
Le lundi 13 mai 2019 vers 9H, un groupe individus « chasseurs Dozos » a attaqué, un hameau peulh de Hèrèmakono à 8Km de la ville de Niono (Ségou). Ils étaient sur une quinzaine de motos avant de faire irruption dans le hameau situé dans la commune de Hèrèmakono. Selon des sources locales, les assaillants ont d’abord encerclé les habitations. « Ils ont ensuite commencé à tirer dans tous les sens », rapportent les mêmes sources. Un premier bilan faisait état de 15 personnes tuées et 7 blessées dont trois en situation grave.
Mardi 11 juin dernier, le flou persistait sur le bilan de la tuerie du hameau Sodane Da, dans le cercle de Bandiagara (région de Mopti), qui a fait près d’une centaine de morts. Celui, “provisoire”, de 95 morts et 19 disparus, donné par le gouvernement sur la base d’une mission de militaires, a été revu à la baisse.
« Avec les éléments de la protection civile, nous avons minutieusement fouillé, et nous avons sorti 35 corps », a indiqué le gouverneur de Mopti, faisant état de « 11 adultes et 24 enfants » inhumés… Mais le maire de la commune de Sangha, dont dépend le village, Ali Dolo, a maintenu l’estimation d’une centaine de morts, soulignant que certains corps avaient été calcinés.
Le lundi 17 juin 2019, des « terroristes » ont mené des attaques dans les villages de Gangafani 2 et de Yoro, dans le cercle de Koro (région de Mopti). Bilan : 41 morts et de nombreux blessés.
La première attaque a visé le village de Gangafani 2, lundi vers 17 heures. Selon des sources locales, les assaillants ont d’abord procédé à des tirs de sommation, avant de procéder à l’arrestation des jeunes du groupe d’auto-défense du village. « Ces 17 jeunes du village ont été arrêtés et fusillés par les assaillants », indiquent ces sources.
Après leur forfaiture, Ils ont mis le cap sur village de Yoro. Là, ces « terroristes » ont tué plus d’une vingtaine de personnes, témoigne un habitant de la localité.
Selon les autorités communales, les militaires ont été informés de la présence des hommes armés non identifiés. « Mais aucune disposition militaire particulière n’ait été prise », regrettent-elles…
Les FAMAs et les forces étrangères ciblés
La situation sécuritaire dans le Centre et au Nord du pays a causé de nombreuses victimes dans le rang des forces armées maliennes. En longueur de journée, celles-ci ont été la cible de nombreux attaques de toutes sortes : attentats terroristes et djihadistes, kamikazes à engin piégé, explosion de mines…
14 janvier 2019 : Des individus armés attaquent une patrouille des FAMas près de Diafarabé, cercle de Ténenkou (région de Mopti), 1 mort et 2 blessés (soldats). Vendredi 15 février 2019, des individus armés attaquent un poste de sécurité de l’armée à Mindoro (région de Mopti). Bilan : 2 morts (1 soldat et 1 assaillant). Le dimanche 24 février 2019 : Des individus armés attaquent le poste militaire de Dioungani (cercle de Koro; region de Mopti), 1 mort (assaillant) et plusieurs blessés (dont 2 militaires). Le lendemain 25 février 2019, un véhicule des FAMas a sauté sur une mine entre Douentza et Boni (région de Mopti), 1 mort et 3 blessés (soldats).
12 mars 2019 : Un véhicule de la gendarmerie a sauté sur une mine près de Dialloubé (cercle de Mopti), bilan : 2 ou 3 morts (gendarmes). Le même jour, un véhicule de l’armée saute sur une mine près de Hombori, cercle de Douentza (région de Mopti), 4 morts soldats.
Mardi 12 mars 2019 : Des véhicules à bord desquels se trouvaient plusieurs militaires de l’armée ont été la cible d’attaque à l’engin explosif improvisé, probablement une mine, dans les localités de Dialloubé et Hombori (Mopti). Le bilan provisoire fait état d’au moins 7 militaires tués et d’autres blessés dont certains grièvement. Parmi les victimes, 3 ont été enregistrés à Dialloubé et 4 entre Boni et Hombori.
Le jeudi 14 mars 2019, un garde a été tué, près du rondpoint central de Sevaré, par un homme non identifié. La victime était en poste devant une banque de la place lorsque l’auteur du crime a tiré à bout portant. Il a ensuite emporté l’arme du garde.
Dimanche 17 mars 2019 à l’aube, le camp militaire de Dioura (cercle de Ténenkou) a été attaqué par « plusieurs dizaines » de djihadistes lourdement armés. A 6 heures du matin, plusieurs dizaines de djihadistes lancent l’assaut à bord de pick-up et de motos. D’autres assaillants auraient également infiltré la localité quelques heures avant le début des combats.
L’explosion d’un véhicule piégé conduit par un kamikaze signale le début du combat. Le camp militaire de Dioura est attaqué par le Nord et par le Sud-Est. L’état-major de l’armée malienne a annoncé, lundi dernier, un bilan de 23 morts et 17 blessés pour ses troupes. Aucun soldat malien n’a été fait prisonnier. Des militaires un temps portés disparus sont retrouvés vivants dans des villages voisins situés jusqu’à plus de 20 kilomètres de Dioura.
Lundi 1 avril 2019 : un véhicule de l’armée saute sur une mine près de Itignbere, cercle de Badiangara (région de Mopti), 3 blessés (soldats). Le 16 avril 2019, un véhicule d’une patrouille de l’armée saute sur une mine entre Tonou et Sobangouma (cercle de koro; région de Mopti), 3 morts et 2 blessés (soldats).
Un véhicule militaire qui assurait le transport pour la relève montante de Boulkessi, a sauté sur un engin explosif improvisé (EEI), le mardi 27 août 2019, entre Douentza et Hombori, à environ 3 km après avoir dépassé Boussouma, dans une localité située à environ 40 km au nord-est de Douentza (la région de Mopti). Le bilan provisoire fait état d’au moins 3 militaires tués. L’attaque a également fait 7 blessés et un véhicule endommagé. Cette attaque intervient moins de 10 jours après celle qui s’est produite, le mercredi 21 août 2019, contre un véhicule militaire faisant partie d’une mission d’escorte qui a sauté sur une mine sur l’axe Boni- Hombori. Au moins 5 militaires y avaient perdu la vie. Une attaque revendiquée par le « Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans » notamment à travers la Katiba d’Ançar Dine du Macina.
Cinq soldats ont été tués, le mercredi 28 août 2019, dans le Centre dans une embuscade tendue par des djihadistes qui ont également détruit leur matériel, ont annoncé les Forces armées. “Une mission d’escorte des FAMas est tombée dans une embuscade entre Boni et Hombori (Centre). C’est ce (mercredi) matin 21 août. Les Fama déplorent cinq morts. Du matériel a aussi été détruit”, indique l’armée sur son compte Twitter.
Le jeudi dernier 26 septembre 2019 : Sept soldats ont été tués dans une embuscade imputée aux djihadistes dans le Centre du pays, ont annoncé les forces armées. Une mission des Forces armées maliennes (Famas), qui escortait un transport d’engrais entre les localités de Douentza et Sévaré, a sauté sur un engin explosif artisanal avant d’être attaquée aux armes à feu, ont dit les FAMas, imputant cette attaque “complexe” aux “terroristes”, “Sept personnels (de l’armée) ont trouvé la mort”, selon les FAMas, dans cette attaque qui n’avait pas été revendiquée.
Dans la nuit du 30 septembre au 1 octobre 2019 : Les FAMas ont été attaquées à Boulkessi, tout comme à Mondoro. Selon certaines sources, ce sont des éléments du groupe terroriste, Ansaroul Islam, qui ont lancé l’assaut à Boulkessi contre les FAMas. Le détachement des soldats (déployés il y a juste deux semaines) occupant cette ville sont de la force conjointe G5-Sahel. Après des violents combats durant plusieurs heures, les assaillants ont pris le contrôle du camp. Au même moment, à Mondoro, situé à une centaine de kilomètre de Boulkessi, une autre attaque a été lancée par un autre détachement des mêmes terroristes. Les deux côtés ont mené des combats d’une rare violence à l’issu desquels les soldats n’ont su tenir tête. Le bilan provisoire des deux attaques, pour les FAMas, fait état de 38 morts, 78 disparus, une trentaine de véhicules emportés ou détruits avec plusieurs armes et munitions.
1 novembre 2019, à Indelimane, et Tabankort, les attaques ont causé un bilan trop lourd dans les rangs des forces armées et de sécurité malienne. Ces deux attaques ont fait plus de 80 soldats tués. Le point.
Les forces maliennes et nigériennes menaient une opération conjointe contre les djihadistes, le lundi 18 novembre 2019, quand une patrouille des FAMAs a été attaquée à Tabankort. Bilan provisoire du côté des forces maliennes : 30 morts, 29 blessés, plusieurs portés disparus et des dégâts matériels. Côté ennemi l’on dénombre 17 terroristes tués, une centaine de suspects appréhendés”, a affirmé l’armée.
Il y aura fallu attendre 4 jours pour que le bilan s’alourdisse. L’armée a découvert, le jeudi 21 novembre dernier, les corps de treize de ses soldats, portés disparus après l’attaque de lundi à Tabankort, près de la frontière nigérienne, ce qui porte à 43 le nombre de victimes de cette opération menée à des djihadistes, selon des sources sécuritaires.
Selon une source sécuritaire, les dépouilles des treize FAMas qui n’avaient “pas répondu présent” ont été “retrouvés par une patrouille de l’armée malienne… Six d’entre eux ont été localisés dans leurs véhicules à Tabankort, dans la région de Ménaka, et sept à proximité de la localité d’Infokaritane, selon la même source, avant d’ajouter qu’ils avaient été découverts par des populations locales qui avaient “hésité à s’en approcher par peur des représailles des terroristes”.
Vendredi 1 novembre 2019, Indelimane, était sous le feu. La localité a été secouée par des détonations des canons et le crépitement des armes. La principale cible visée par les assaillants est le poste militaire, où les FAMAs sont stationnés.
Pendant près de deux heures, les assaillants (sur plusieurs motos) se sont attaqués à tout ce qui représente le symbole de l’Etat. Les soldats étaient particulièrement visés par la meute d’agresseurs !
Face au nombre élevé des assaillants et à leur puissance de feu, les soldats de l’armée régulière étaient contraint d’abandonner le poste. Après l’attaque, le bilan est très lourd du côté de l’armée. En effet, l’on déplore plus d’une cinquantaine de morts, des blessés et des portés disparus. Aussi, des dégâts matériels étaient signalés.
En espace de trois semaine, se sont plus de 80 de nos forces armées et de sécurité qui ont perdu la vie dans des attaques perpétrées par des « djihadistes » dans le Nord et au Centre du pays.
Mohamed Sylla
Source : L’Aube