Malgré la propagation inquiétante de la pandémie du coronavirus au Mali, les Bamakois, en tout cas pour la plupart des centres que notre équipe a visités, étaient beaucoup mobilisés pour le second tour. La raison, les billets de banque ont beaucoup parlé. Cela a fait disparaitre la peur du coronavirus.
Au centre de l’école de base Sikoroni plateau en commune I du district de Bamako, des améliorations ont été constatées en ce qui concerne les dispositifs sanitaires. L’affluence aussi est beaucoup plus forte. Beaucoup de citoyens, surtout ceux qui n’ont pas voté au 1er tour venaient massivement pour retirer leur carte d’électeur. L’achat de conscience se faisait à ciel ouvert. « Après avoir retiré leur carte, au lieu d’aller directement voter, les électeurs font le tour du centre pour chercher quelqu’un qui leur proposera un montant », nous relate un observateur dans ledit centre.
Au centre de vote Mamadou Diarra de Medina Coura en Commune II du district de Bamako, l’affluence était très faible vers 11h , l’heure de notre passage. Il n’y a pas de mouvements devant les bureaux de vote. C’est ce qu’a affirmé un des électeurs, Karim Boiré : «Je suis venu voter ce matin librement contrairement au premier tour. J’ai voté dans le bureau N°10 où depuis le matin à maintenant, seulement quatre personnes ont voté ; je suis la quatrième personne. Ce qui montre à suffisance l’affluence très faible dans le centre ». Mais contrairement au 1er tour, les dispositifs sanitaires sont respectés dans ce centre. A l’entrée, il y avait des kits de lavage des mains, des masques, des gels hydroalcholiques. « Je signale également que tous les dispositifs sanitaires sont respectés dans ledit bureau. Je ne peux pas parler des autres bureaux où j’ai pas voté. Depuis la grande porte, on constate la présence de deux kits de lavage des mains, des cache-nez, des gels dans les bureaux de vote », a témoigné Karim Bouaré.
Par contre, au centre de vote de l’école publique de Missira toujours en commune II, l’affluence était déjà un peu forte dans les environs de 10 heures. Des attroupements des électeurs sont visibles devant le bureau de vote. Certains formaient un groupuscule juste devant le centre ; ils se concertent et prennent le numéro de certaines cartes d’électeurs. Pourquoi ces groupuscules ? Une vieille , approchée par nos soins, affirme que c’est le prix des voix qui se discute. Pas surprenant, on est au Mali et tout est possible. « Je suis venu voter parce qu’on m’a rassuré que tous les dispositifs seront pris pour nous protéger du coronavirus. En tant que bon citoyen, je suis venu m’acquitter de mon devoir. J’invite tous à faire la même chose afin que notre Assemblée nationale soit vraiment légitime », nous a confié Ali Traoré, après son vote. Par contre, un jeune homme d’une vingtaine d’année affirme être venu voter pour de l’argent. « Je suis venu parce qu’on m’a promis 5000 f. Je prends cette somme parce que si je ne le fais pas, c’est moi le perdant. Ces politiciens n’ont pas besoin de nous une fois élus », a-t-il dit sans hésiter.
Dans ce centre aussi, les mesures sanitaires sont respectées. Les Kits de lavage de mains, les gels et les masques sont en abondance. Mais devant les bureaux de vote, certains électeurs indélicats ne respectent pas la distance d’au moins un (1) mettre.
Au centre Mamadou Konaté de la commune III, nous avons constaté la présence d’une jeune fille chargée de contrôler la température des gens. Des kits de lavages de mains, des gels et des masques étaient aussi disponibles. Selon Famory Doumbia, chef de centre , à la différence du 1er tour, les dispositifs pris par les autorités restent satisfaisants.
Malgré l’affluence loin d’être à la hauteur, déjà aux environs de 10H, le nombre de votants du bureau de vote N°5 du centre Mamadou Konaté avait atteint 40 personnes.
A la différence du centre Mamadou Konaté, au centre Aoua Keita de la commune III, il n’y avait personne pour contrôler la température des gens. À entendre le coordinateur Yoro Diallo, à 11H moins, il y a moins d’affluence.
Quant au centre Mamady Sylla de Djocoroni Para, en commune IV du district de Bamako, pour 14.613 électeurs répartis en 30 bureaux de vote, il n’y avait qu’un seul kit de lavage de mains à la porte d’entrée.
Selon le coordinateur Daouda Mécouba, son centre a été doté de gels et de masques en quantité. Mais il déplore certains manquements : « Lorsque les savons sont finis, c’est moi qui les achète de mon propre argent. Quand l’eau manque dans les kits de lavage de mains, je paie aussi les gens pour les remplir. Aucune mesure n’est prise à ce niveau ».
Après avoir voté, Moussa Fofana et Bourama Koné disent avoir pris le risque de voter pour la simple raison que le vote est un devoir citoyen. « Certes nous craignons le virus, mais le vote est un devoir citoyen », ont-ils précisé. Mais ils déplorent le fait que tous les électeurs de ce centre utilisent le seul savon.
Au centre de l’école du fleuve de Djocoroni, en commune IV du district de Bamako, certains électeurs entraient dans les salles sans se laver les mains. Dans ce centre, il y avait beaucoup plus d’affluence par rapport aux centres sillonnés dans la même commune .
En commune V, notre équipe s’est rendue dans deux centre de vote : le centre du Lycée Massa Makan Diabaté de Baco-djicoroni et celui de l’école fondamentale B de Torokorobougou.
Au Lycée Massa Makan Diabaté, l’affluence était plus forte que le 1er tour. A 12 heures, les électeurs venaient de partout. Une seule chose les mobilise : l’argent . Les constats étaient amers mais devant le centre et dans les coins, les acheteurs de conscience étaient aussi nombreux que les électeurs. « Mon frère ou ma sœur ; Tante ou Tonton , tu pars voter ? » voilà leur stratégie. Si la réponse à leur question est affirmative, bonjour alors à la proposition des billets de banque.
Selon Alassane Sangaré , le coordinateur du centre de vote du Lycée Massa Makan Diabaté, l’affluence est plus forte au 2ème tour qu’au 1er. « Nous avons 23 bureaux de vote ici. Les gens viennent peu à peu. Je peux d’ailleurs dire qu’il plus d’affluence que le 1er tour », a-t-il laissé entendre. Ce constat a été fait également par Mme Loutandi Keita, déléguée de la Cour constitutionnelle.
Quant aux électeurs, tous les trois que nous avons interrogé se sont focalisés sur la nécessité du vote afin d’avoir une Assemblée nationale légitime.
Au centre de l’école fondamentale B de Torokorobougou, non seulement l’affluence est peu mais aussi il y a certaines difficultés. Selon le coordinateur Sékou Koné, ils ont des problèmes de gels. Par contre, le centre possède des kits de lavage de mains et des savons.
En commun VI de Bamako, au centre de vote de Magnambougou projet, les mesures barrières contre le Covid-19 sont moins respectées . À l’entrée du centre, les électeurs ont droit à un masque de protection juste après, le lavage des mains au savon, avant d’accéder aux bureaux de vote. Selon le responsable d’un bureau de vote, tout se déroule normalement. Cependant, ce dernier s’inquiète de la faible affluence des électeurs au centre de vote. Il se demande si les électeurs attendent l’après-midi pour venir accomplir leur devoir civique ou pas. Il faut signaler le retard ou l’absence des assesseurs et délégués dans certains bureaux de vote dans ce centre visité.
Au centre de vote de SEKOTRA de Magnambougou, le dispositif sécuritaire était élevé, car pour accéder à ce centre il fallait avoir une carte d’électeur et le lavage des mains au savon est une obligation. Les gardes postés à l’entrée veillent aux respects des mesures préventives.
Parmi ces centres de vote sillonnés en Commune VI, nous avons constaté l’absence totale des kits de lavage des mains dans le centre de vote de l’école Fondamentale de Dianéguela. Il y a juste du gel alcoolique dans certains bureaux de vote. Là aussi, l’affluence faisait défaut à 10h .
Par Boureima Guindo, Cheickna Coulibaly et Mamadou Diarra
Source : Le Pays