Le continent noir serait-il celui du désespoir ? Les sommets successifs de l’Union Africaine n’ont jamais su apporter une réponse ferme et durable aux problèmes qui minent le continent depuis l’époque contemporaine. Réunis à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, les Etats membres à travers leurs représentants diplomatiques et Chefs d’Etats tenteront de donner ne serait-ce qu’un début de résolution au très faible taux de développement qu’affiche le continent, sans oublier le sempiternel péril de l’insécurité.
Le conseil exécutif de l’UA comprenant les ministres des Etats membres a débuté hier jeudi 06 février 2020 et prendra fin aujourd’hui vendredi. Mais, le sommet proprement dit se tiendra, lui, les dimanche 09 et lundi 10 février prochains. Précédemment, la 39e session ordinaire du Comité des représentants permanents s’est tenu les 21 et 22 janvier derniers.
L’Africain lambda s’interroge, face à un si important ballet diplomatique, sur l’utilité même de l’UA, elle qui semble incapable d’apporter un début de solution aux crises qui assaillent le continent. Le thème du sommet de cet année est : « Faire taire les armes : créer des conditions propices au développement de l’Afrique ». Sans risque de se tromper, il est aisé de notre part d’affirmer que ce rendez-vous ne peut parvenir à réaliser ce vœu pieux prononcé par l’UA.
En toute logique, l’organisation continentale est à l’image des Etats membres qui la composent. Ce qui rend la pacification du continent extrêmement difficile.
Les conflits et autres crises sont légion en Afrique. Et ce qui parait invraisemblable, c’est que l’Afrique assiste de manière impuissante à l’implication d’acteurs étrangers dans leur prétendue volonté à résoudre telle ou telle crise. La crise libyenne en est une parfaite illustration.
De son début, avec les dernières heures de l’ère Kadhafi, jusqu’à l’heure, l’UA ne semble avoir pipé mot pour un retour à la normale dans ce pays. Pire encore, elle semble être uniquement qu’un simple décor dans la scène de la résolution de la crise libyenne. Dans les coulisses, tirent les ficelles essentiellement, quelques pays occidentaux dont la France et les Etats-Unis, mais aussi d’autres pays arabes comme l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. La Libye, à l’instar de tous les pays où la stabilité politique fait défaut, est devenu le terrain de jeu de puissances extérieures qui y viennent bander leurs muscles en vue de jouir à la fin de retombées financières juteuses. La Turquie, pays lointain ne partageant rien de rien avec le Libye, vient de s’y impliquer, sur le plan diplomatique. Et le volet militaire de l’intervention turque ne serait qu’une question de jours. Tout cela, au nez et à la barbe de l’UA.
La crise malienne, et au-delà, la crise sécuritaire au Sahel, participe de ce même schéma. Les pays concernés, afin de trouver des solutions à leurs problèmes, sont contraints de se rendre à l’extérieur du continent africain, et non à Addis-Abeba. La dernière rencontre internationale tenue à cet effet était celle de Pau. Encore une fois, l’UA n’est qu’une simple observatrice dans ce dossier.
Tous ces arguments pour en tirer une seule conclusion. Ce 33ème sommet ne sera qu’un sommet de plus. Nombre d’Etats membres ne disposant pas pleinement de la souveraineté étatique, quoi de plus normal qu’il en soit de même pour l’UA qui ne dispose pas de la « souveraineté » nécessaire pour résoudre ses problèmes conflits.
Ahmed M. Thiam
Source : Inf@sept