Voilà quatre bonnes années que le Mali a signé un accord pour la paix et la stabilité le 15 mai 2015 avec des groupes armés à Bamako. L’espérance d’un lendemain apaisé a toutefois fait place à un immobilisme, voire une exacerbation de la fragilité du pays qui est tiraillé entre des forces contraires pourtant parties prenantes du processus. Quatre ans, c’est peu de temps mais c’est suffisant pour reconnaître ce qui ne tourne pas rond dans l’accord.
Depuis la signature de l’accord, la situation sécuritaire du pays a beaucoup changé dans le mauvais sens. Les régions de Gao, Tombouctou et Kidal ne sont plus l’épicentre de l’insécurité causée par les djihadistes ou provoquée par le contre-terrorisme. La sécurité a déserté les régions de Mopti et Ségou où les attaques terroristes ont pris une nouvelle dimension en essayant d’opposer des communautés ayant vécu ensemble pendant longtemps.
Le plus difficile pour le Mali sera de surmonter cette tendance des groupes terroristes à mettre, volontairement ou non, les communautés dos à dos dans un contexte d’insécurité. Le challenge est particulièrement dur pour les forces de défense et de sécurité qui doivent trouver la meilleure façon de conduire le contre-terrorisme partout à travers le pays sans être vexatoires pour les communautés.
Les exactions contre les communautés peule et dogon sont commises par des personnes et des groupes de personnes identifiables. Hors, les protagonistes de la crise au centre du pays n’étaient pas impliqués dans le processus de paix entamé en Algérie dont le résultat est l’accord pour la paix et la réconciliation signé en mai 2015. Dans les cercles de Bankass, Koro et Bandiangara la situation est plus préoccupante qu’à Kidal.
Même pour les acteurs le chemin vers la paix est encore long. « 4 après nous sommes toujours à la recherche de la Paix tout en s’y éloignant. Qu’Allah nous sécurise! », commente Fahad Almahmoud, un responsable de la Plateforme.
Le défi à présent est que l’Etat malien arrive à appliquer cet accord en rassurant ceux qui s’y opposent. Un des atouts du pays est la recomposition du paysage politique avec la formation d’un nouveau gouvernement à l’issue de près de deux semaines de négociations entre partis politiques jadis opposés. L’équipe qui en a résulté doit dans l’urgence rassembler les Maliens afin d’aplanir certaines divergences au sujet de l’accord.
Soumaila T. Diarra