Poissons morts: Les assurances mensongères

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Bertin Dakouo
Bertin Dakouo

Une  semaine  après le déluge, les victimes végètent dans leur détresse, leur  désarroi, leur  désespoir… Comme s’il s’agissait d’une main vengeresse d’Allah, elles sont oubliées à leur sort, dans  l’éternel recommencement en attendant les pluies qu’on prévoit cette année encore plus diluviennes.

Puisque la vie par ici ressemble à une permanente comédie, on tente de divertir le bon peuple sur le destin tragique de poissons, consécutif à la surdose  d’eutrophisation enregistrée dans le fleuve Niger. Un fleuve agressé quotidiennement dans le silence  complice de tous,  y compris de l’État dont l’engagement était pourtant de le sauver.

Par des divertissantes et théâtrales   explications, on tente de noyer le pois­ son, pardon de redonner vie aux poissons morts dans le Niger. Le pire, en effet, ce n’est pas d’ignorer, mais de vouloir tirer des certitudes et conclusions péremptoires quand on ne sait pas. Or, quand on ne sait pas, on se tait pour ne pas divaguer. Ce sont des poissons sensibles qui sont morts, ce sont des bébés poissons qui sont morts, et tutti quanti… Les silures ne sont pas morts. Reste à accuser les poissons de manquer de carte de séjour dans le Niger ! Pourquoi pas les silures ? Reste à nous de ressasser la légende suivant laquelle c’est Fa Djigui qui a ramené le N’Tigi lors de son voyage de la Mecque ou Bara­man N’Golo et Niagolo ont traversé le fleuve sur un silure !

C’est pourquoi était d’or le  silence pour le ministère de !’Élevage et de la pêche et celui de la Santé et des a faires sociales, au moins en attendant les résultats des analyses. Analyses qu’ils ne sont pas toujours capables de produire à l’appui des assurances qu’ils ont données aux populations. Des assurances dès lors fumeuses, voire mensongères comme la poudre de Perlimpinpin ! Parce que ne reposant sur aucune base scientifique. Comment peut-on ainsi se mettre  en congé de ses obligations et responsabilités envers les populations qu’on est censé protéger ?

Qu’on ne prenne  pas les enfants  du Bon Dieu  comme  des  canards sauvages ! Quelles  analyses  a-t-on procédé sur la centaine de personnes sensées avoir bouffé les poissons morts et dans quel hôpital ? Parce que si on était capable de précéder à des analyses sur des personnes, on serait outillé et à hauteur de compétence pour procéder à des analyses sur des poissons morts et des échantillons d’eau prélevés dans le fleuve.

Mais non pour les pauvres qui n’ont poissons : tout ce qui ne tue pas engraisse!

Non, pour se couvrir, on explique qu’on a dit aux pêcheurs de ne pas commercialiser ces poissons et aux populations de ne pas en consommer Et on pousse le folklore jusqu’à organiser un défilé dans les campements de pêcheurs pour, dit-on, soutenir ces derniers. Un stratagème qui ne trompe personne. Mais, alors, va-t-on laisser ces poissons morts dans le lit du fleuve ? Ne demandez pas ceux qui ne savent pas pourquoi les poissons sont morts, d’évaluer l’impact environnemental et écologique que va entraîner le fait de laisser les poissons dans le lit du fleuve. Le poisson est dans l’eau, Point final.

À son retour de mission à Abu Dhabi, le Premier ministre Boubou Cissé devrait sévir. En attendant, pourquoi les députés ne feraient pas leur travail en interpellant ces ministres sur leurs carences et leurs faillites ?

Par Bertin Dakouo.

 

 

 

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