On aura tout vu au cours de cette élection présidentielle au Mali, des ministres qui s’affichent clairement, même lorsqu’ils ont un devoir de réserve, des Directeurs de service qui sont rançonnés, des PDG des Banques sommés de contribuer, des paysans sevrés d’engrais jusqu’à l’élection, le tout couronné par un achat de conscience, une falsification des résultats et un bourrage d’urne en faveur du prince du jour. N’est-il pas temps de repenser notre démocratie pour qu’elle soit réellement celle du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple ?
La question qui est sur toutes les lèvres, après la proclamation des résultats provisoires par le Ministère de l’Administration Territoriale, est celle de savoir à quoi servent réellement les élections au Mali si les suffrages du peuple sont détournés en faveur du prince du jour ? Alors qu’on croyait sortir du cycle infernal d’élection truquée après celle de 2013 qui a vu une participation acceptable et surtout la détermination des électeurs à ne plus cautionner le tripatouillage des résultats. Cinq ans après nous assistons à un simulacre d’élection, cautionné par les observateurs internationaux, excepté, dans une moindre mesure, l’Union Européenne.
Pour rappel, le premier tour a eu lieu le 29 juillet 2018, il a permis à 24 candidats de compétir, dont le Président sortant. Après proclamation des résultats du premier tour le candidat, IBK est arrivé largement en tête suivi de Soumaila Cissé.
Deux grands enseignements ont été tirés du premier tour, à savoir l’impossibilité de tenir les élections dans plus de 800 bureaux de vote et la non- supervision par l’Etat du vote dans les zones sous contrôle des groupes armés. A cela s’ajouteraient l’achat de conscience dans les zones dites de l’office du Niger et de la CMDT et surtout la forte implication des ministres dans leurs zones. A ce rythme ne serait-il pas mieux d’instituer deux mandats non renouvelables afin de préserver nos maigres ressources, surtout quand on sait qu’une élection coûte chère ? A qui la faute ? D’abord les tenants du pouvoir qui ont manqué de volonté politique pour réunir les conditions d’une bonne élection, ensuite toute la classe politique qui n’a pas été exigeante pour une élection transparente et enfin la société civile qui devrait, compte tenu de sa distance vis-à-vis de la classe politique, exiger des élections transparentes. A ces acteurs majeurs il faut ajouter la partialité des observateurs africains voir internationaux, qui, au nom de la stabilité, cautionnent certains dysfonctionnements et irrégularités, toutes choses non acceptées chez eux.
Youssouf Sissoko