Socioéconomique était au ralenti depuis la veille de la fête de Tabaski au Mali. Elle semble s’être arrêtée après l’Aïd El Adha. Rien qu’en faisant un tour au grand marché de Bamako, le cœur du commerce au Mali, c’est la désolation, tout est à l’arrêt.
Les boutiques, les magasins et autres étals sont fermés. Hormis quelques rares vendeurs ambulants à la sauvette qui trottinent aux alentours du marché ou sur les grandes artères à la recherche de leur pain quotidien, l’ambiance qui a toujours caractérisé le grand marché de Bamako n’était pas au rendez-vous du lundi au jeudi. Est-ce parce qu’ils en ont fait plein les poches à la veille de la fête ou bien le contraire ?
Interrogés sur le pourquoi du ralenti des activités certains commerçants ont laissé entendre que c’est parce que les clients n’ont pas assez d’argent, comme en témoignent d’ailleurs le manque d’affluence à la veille de la fête. C’est pourquoi ils ont préféré se reposer tout au long de la semaine qui a suivi la fête afin de préserver leur maigre économie. D’autres ont par contre consacré une semaine à la maison pour bien se reposer afin de se remettre de la fatigue de la veille et récupérer l’énergie fournie. Nul ne pourrait blâmer les commerçants de n’avoir pas respecté la décision du gouvernement de ne chômer que le lundi conformément à la législation malienne, parce que la plupart d’entre eux sont dans l’informel ou travaillent à leur propre compte. Mais que dire de l’absentéisme des agents de l’Etat ? Ils ont non seulement dans leur grande majorité foulé aux pieds la loi en s’absentant sans motif valable, mais aussi et surtout, se sont donnés le luxe de rester à la maison tout au long de la semaine. Seront-ils sanctionnés pour avoir violé la loi ?
Le constat était amer au sein de l’administration publique pendant la semaine qui a suivi la fête des moutons. De l’absentéisme à longue durée au sein de certaines structures, pas des moindres, à la présence facultative d’autres agents dans d’autres structures. Cette situation a concerné plus de 80% des structures étatiques, ce qui aurait engendré un véritable ralentissement des activités socioéconomiques au Mali. Le hic est que les agents en flagrant délit de violation de notre législation en matière des obligations contractuelles, ne sont nullement inquiétés des sanctions. C’est pourquoi beaucoup ont préféré aller passer leur fête de Tabaski au village auprès des siens. Les plus conscients ont tout simplement pris leurs congés annuels pour non seulement fêter avec faste la Tabaski, mais aussi et surtout savourer la beauté de la nature en cette période pluvieuse où verdure et humidité rivalisent d’ardeur. Si le mot Sanction n’avait pas disparu du répertoire de nos gouvernants, ces agents laxistes de l’Etat n’allaient pas se donner le luxe de festoyer au-delà du délai légalement imparti. Ce genre de comportement des agents de l’Etat nous fait penser à l’une des bonnes actions de la junte militaire du Capitaine Amadou Haya Sanogo, qui avait sommé tous les travailleurs d’être à l’heure dans leurs lieux de travail sous peine d’être sanctionnés. Les tenants actuels du pouvoir ne pourront-ils pas s’inspirer de ce bel exemple de la junte pour sévir contre les cadres véreux ?
En somme, en mettant la clef sous le paillasson au sein de certaines structures vitales de la vie socioéconomiques jusqu’au lundi 19, on aura non seulement contribué à ralentir les activités socioéconomiques, mais aussi et surtout, faire du mal aux usagers qui seront les premières victimes.
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept