Dans un document de cinq pages, la plateforme politique ‘’ Anw Ko Mali Dron’’ justifie les raisons de son non-adhésion au dialogue politique inclusif en vue. Elle met en cause, d’emblée, son format et son appellation. Et propose « un dialogue national inclusif », qui ‘’replace le Peuple au cœur du processus de sortie de crise en redonnant aux maliens cette chance historique de se parler, de faire le point et de dire ce qu’ils veulent construire ensemble pour leur pays en tant que Nation’’.
La plateforme ‘’ Anw Ko Mali Dron’’, animée par plusieurs ténors de l’ancienne plateforme ‘’ An Tè A Banna’’ à l’origine de l’échec de la tentative de la révision de la Constitution en 2017, indique que la grave crise a montré ‘’ l’incapacité des pouvoirs publics à mettre fin à toutes les formes d’insécurité qui se généralisent, et aux affrontements meurtriers mettant en péril l’unité nationale et le vivre ensemble multiséculaire des diverses communautés maliennes’’.
D’après toujours elle, l’Accord d’Alger, qui peine à enclencher la phase de stabilisation, a conduit à l’idée, que seule une solution politique basée sur le principe d’un processus endogène de sortie de crise, est en mesure de relever les défis essentiels qui mettent en cause l’Unité nationale, la cohésion sociale et le développement du pays.
Pour les initiateur de ce mouvement politique seul un dialogue national inclusif permettra aux maliens « de se parler et de convenir ensemble de solutions consensuelles aux principaux défis de la nation et engager les réformes institutionnelles, politiques, économiques et sociales indispensables à notre sécurité et à notre développement ». Dans ce document, ils le définissent comme un exercice démocratique hautement participatif » qui replace le Peuple au cœur du processus de sortie de crise… A les entendre, ce dialogue national doit prendre en compte toutes « les dimensions du Mali en crise, la globalité, la profondeur de la crise, toutes les communautés, toutes les forces, mobilise tous les citoyens de l’intérieur comme de l’extérieur et se veut le conducteur pertinent pour une véritable union sacrée ».
Pour ce faire, la nouvelle plateforme estime que son Dialogue National Inclusif est donc différent du « dialogue politique inclusif (PDI) » en cours de préparation par le gouvernement. Ce dernier, selon elle, est réducteur par le contenu, par les acteurs et par la portée. « Défini par l’accord de gouvernance de mai 2019 qui est tout sauf inclusif, le « DPI» met en scène une partie seulement des forces politiques, se focalise sur le projet de révision constitutionnelle, réaffirme l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger (APR), fige à l’avance la gestion des conclusions dudit dialogue et, en contradiction avec l’annonce du Président de la république, il traduit une volonté de main mise gouvernementale sur le processus de dialogue », ont-ils déploré les responsables de la plateforme. Celui qu’ils proposent, ils le veulent « autonome et souverain ». Ajoutant que le Dialogue National Inclusif est un processus national, endogène, dans le respect de la légalité républicaine et sans interférence extérieure.
Comment mener ce dialogue ?
Pour cette nouvelle plateforme, il doit être ouvert à tous les citoyens, à l’ensemble des forces vives de la nation comprenant des organisations autres que les faitières d’associations, les associations à caractère politique, les organisations professionnelles), groupes et mouvements ainsi que la Diaspora. A cet effet, évoquant la qualité de l’organisation et une préparation minutieuse de ce dialogue, la plateforme propose la mise en place d’une équipe de haut niveau composée de médiateurs nationaux, notamment des personnalités consensuelles, crédibles, compétentes au fait des enjeux nationaux et moralement irréprochables. Laquelle équipe, selon elle, sera chargée de définir sa structuration au plan national, régional et local, recruter les experts, fixer les règles de désignation des modérateurs au niveau régional et local.
Les responsables de la plateforme de poursuivre que le Gouvernement de mission doit se résumer à la facilitation du processus, notamment les aspects budgétaire, sécuritaire, logistique. Toute chose qui mettra fin à ce qu’elle qualifiée « la propagande inappropriée de l’accord de gouvernance et de son dialogue politique inclusif ». Afin, dira-elle, la durée ne doit pas être un obstacle. Pour elle, « les maliens doivent prendre le temps qu’il faut pour le Dialogue »
Quel contenu pour le dialogue national inclusif ?
La plateforme Anw Ko Mali Dron de poursuivre que le dialogue doit aborder les problématiques dont la résolution permettra de sortir de la crise multidimensionnelle. D’après elle, il ne s’agit pas seulement de traiter quelques problèmes répondant aux seules préoccupations des tenants du pouvoir, mais surtout de permettre aux maliens de convenir des orientations majeures sur l’avenir du pays. A entendre les membres de la plateforme, ces orientations doivent porter sur l’infrastructure institutionnelle de l’Etat, le vouloir républicain et démocratique, les réponses aux exigences de l’intérêt général, aux frustrations dont souffrent les populations au quotidien, sur le vivre ensemble dans une République et la recherche d’une Nation apaisée et soumise au respect des principes de justice et de redevabilité.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb