Dr Ousmane Sy lors de la journée de réflexion de L’ASMA-CFP  » L’Etat dans sa forme actuelle, ne peut être maintenu »

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Intervenant lors de la journée de réflexion organisée, le samedi 24 août dernier, par le parti ASMA-CFP   sur  » le dialogue politique inclusif « , l’ancien ministre Dr Ousmane Sy n’a pas manqué de dénoncer l’état de la gouvernance actuelle. La communication qu’il a présentée avait pour thème :  » La régionalisation et la gouvernance territoriale « .

C’est ainsi qu’il a indiqué que  » l’Etat, dans sa forme actuelle, ne peut être maintenu « . Pour lui, le statut quo est intenable. D’après Ousmane Sy il faut que l’Etat soit plus décentralisé afin de permettre aux collectivités de mieux prendre en charge certaines questions relevant de leurs compétences. A ses yeux, plutôt que de gouverner les territoires – ce qui a été fait jusqu’ici – l’Etat devrait les administrer. Relevant au passage la nuance entre administrer qui fait plus recours à l’intégration et gouverner qui est plutôt unilatéral. A l’entendre, l’Etat n’a jusqu’ici pas suffisamment intégré les territoires dans les politiques publiques. Alors qu’une meilleure connaissance des territoires permettrait d’en faire un véritable instrument de travail et un levier politique pour aller vers la paix et la réconciliation.

C’est dans ce cadre qu’il a soutenu que le Mali est « une compilation de territoires.  »

A l’en croire, chaque territoire a ses propres réalités et ses spécificités que l’Etat doit prendre en compte. A ce sujet, il a déploré le fait que de l’indépendance du Mali à nos jours, il n’y a jamais eu une cartographie des terroirs. Une démarche qui n’a été ébauchée que très relativement dans les documents issus de la Conférence d’entente nationale (CEN) organisée en 2017, conformément à une exigence de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.

Pour lui, cette démarche aurait pu permettre à l’Etat de mieux connaitre les territoires et les intégrer dans les différentes politiques publiques. L’ancien ministre de l’Administration territoriale puis de la Décentralisation de souligner également que ces insuffisances de la gouvernance ont entrainé un dépeuplement et un appauvrissement de nos terroirs.

D’où son appel à faire  » revivre les terroirs. »

Contrairement aux idées reçues, il a précisé que 1993 n’a pas été la première année de procéder à une plus grande décentralisation du Mali. Soulignant que, dès la première République, les autorités voulaient que les communes arrivent à se prendre en charge.

A cet effet, il a insisté sur le fait que la régionalisation ne devait être que la deuxième étape de la décentralisation après la communalisation. Sur ce sujet, il a clarifié que cette exigence de la gouvernance actuelle n’est pas seulement liée à n’est pas l’Accord issu du processus d’Alger et qu’elle vise tout simplement à mieux permettre aux collectivités de mieux pouvoir prendre en charge certaines questions qui relèvent de leurs compétences.

A titre d’exemple, il a cité la police de proximité dont les communes devraient se doter. Cela au regard du fait que dans les textes, le maire est un officier de police administrative et judiciaire. Pour lui, il est incompréhensible que pour assurer la sécurité dans les communes, l’Etat ne pense qu’à renforcer la présence de l’armée dont la tâche consiste essentiellement à la défense du territoire national.

Autre exemple signalé par Dr Ousmane Sy, c’est le non-respect de l’engagement pris par l’Etat d’allouer 30% de ses ressources budgétaires aux collectivités territoriales à l’horizon 2018.

L’ancien ministre met l’accent sur le fait que  » ces failles au niveau de la gouvernance sont les fruits de la faiblesse de l’intelligence stratégique et la faiblesse de l’intelligence historique.  » Une situation qui, à ses yeux, entraîne cet immobilisme de l’Etat qui, au lieu de prévoir, se contente de gérer les conséquences.

Par Massiré Diop.

Source : L’independant

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