Autrement dit : Au pays des autruches !

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Un pays dans lequel on assassine, froidement, un commissaire de police (dépositaire de l’autorité publique) ; pour ensuite filmer, tranquillement, son cadavre, commérer sur son corps encore chaud, gisant dans le sang, et le poster sur les réseaux sociaux ; et il se trouve d’autres Maliens pour demander à ce que ces images ne soient pas publiées, qu’elles soient censurées, cachées du reste du monde.

C’est seulement au Mali qu’on peut assister à ce genre de scènes suivies de telles réactions hypocrites. Faire toujours comme si tout allait bien. Tellement si bien que le Malien, comme le dit l’artiste, même pendant qu’il enterre sa propre mère, vous lui demandez si «ça va», il vous dira : «ça va». Tout le monde joue à l’autruche.

Chacun s’enfouit la tête dans le sable, croyant se cacher, pendant que le reste de son corps est dehors, sur la place publique, livré au monde entier et faisant sa risée. Ici au Mali, on n’a jamais eu le courage d’affronter les choses en face, quelle que soit leur nature. Toujours dans l’arrangement, l’hypocrisie, le compromis et, la plupart du temps, la compromission, nous sommes.

Le drame, c’est que nous avons tellement joué à faire semblant que tout va bien, que nous avons fini par nous convaincre, nous-mêmes, que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, même dans les moments les plus difficiles. L’on parvient, par conséquence, à travers le monde, difficilement, par notre propre faute, à cerner ce qui se passe chez nous.

Ne nous arrêtons, d’ailleurs, pas qu’au Malien lambda. Voyons simplement le contraste qui existe entre le comportement de nos plus hautes autorités et les difficultés et autres crises que vivent les populations de Gao, Kidal, Tombouctou, ou Niono (où on vient d’assassiner froidement le Commissaire de police pendant que le président de la République se trouvait à la fête de la culture à Luanda).

Depuis le début de cette année, combien (nous taisons volontairement le nombre) de Maliens innocents ont trouvé la mort, soit parce qu’ils se trouvaient à Sobane-da, Ogossagou, Tombouctou, Mopti, Douentza, Gao, Gossi, Kidal ; victimes d’une gouvernance en faillite, en déperdition et dans le déni total.

Avez-vous vu, un seul jour, ce macabre décompte influer le comportement de nos dirigeants ? Ont-ils, un seul instant, renoncé à quoi que ce soit, en termes d’avantages ou d’intérêts, parce que des Maliens mourraient tous les jours ?

Makan Koné

SourceNouvelle Libération

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