Depuis l’assassinat du Commissaire Issiaka Toungara dans la ville de Niono par une foule en colère, le Général Salif Traoré, Ministre de la Sécurité et la Protection Civile, ne passe plus que des nuits blanches en raison de la multiplication d’appels pressants à sa démission pour « forfaiture grave » dans la gestion des tensions locales. La crise socio-sécuritaire en cours à Niono que le Général Salif aurait géré avec incurie depuis des mois, s’est funestement soldée par l’assassinat d’un chef de police. A qui donc la faute ?
La crise multidimensionnelle en cours au Mali, peine désespérément à faire prendre conscience aux dirigeants, notamment, les services compétents de l’Etat, notamment, quand il s’agit d’y tirer les enseignements qui s’imposent. Partout au Mali, les citoyens se plaignent, soit de la négligence notoire des autorités publiques ou leur corruption caractérisée en lieu et place d’un travail bien fait au bénéfice du service public. Cela, à la longue, ne pouvait que finalement conduire à une crise de confiance aigue entre administrés et gouvernants locaux.
Dans la plupart des scénarios, le Gouvernement central n’intervient que lorsque le pire est arrivé. Aucune mesure anticipatoire n’est généralement envisagée pour conjurer le chaos. Des autorités qui se plaisent dans leur confort, profitant goulûment des avantages délictueux liés à leur poste, tandis que les populations croupissent sous le volcan des pires indigences sociales et sécuritaires. Ces populations sans défense dont les impôts permettent pourtant de faire vivre l’Etat, sont paradoxalement les plus marginalisées par des autorités publiques sans foi, ni loi
L’appel à démission contre le Général Salif Traoré, n’est pas nouveau. Plusieurs autres gaffes par lui commises dans le passé, les unes plus inexcusables que les autres, avaient bruyamment conduit à des appels massifs à une démission, aussi bien pour « négligence » qu’« incompétence ». Aujourd’hui, au regard de l’unanimisme croissant qui se dessine autour de sa démission suite à l’assassinat barbare et inacceptable du Commissaire de Niono, le Général Salif Traoré pourrait-il, cette fois-ci, échapper à une éviction ?
Les prochains jours, de toute évidence, nous édifierons sur son maintien ou pas dans le Gouvernement Boubou Cissé.
D’ailleurs par rapport à ces événements tragiques qui ont abouti à l’assassinat du commissaire Issiaka Tounkara, le Syndicat National de la police a décidé de manifester sa colère.
Dans un communiqué rendu public hier, les responsables syndicaux ont annoncé la tenue ce matin d’une marche pacifique et commémorative à la mémoire de leur camarade et de toutes les autres victimes.
La marche qui débutera à 8h partira de la Direction générale de la police en passant par le Ministère de la sécurité pour finir à la Primature. Comme quoi, le Général Salif a chaud. Et il a du souci à se faire car c’est doute le début d’un bras de fer qui s’annonce entre les deux parties.
Surtout qu’il existe des antécédents entre eux. Beaucoup de choses ont été revendiquées ces derniers temps au ministre de la sécurité. De la réintégration des policiers radiés au nom de la réconciliation nationale à la modification du décret portant sur la nomination des Hauts fonctionnaires de Défense en passant par la gestion des carrières et autres promotions au sein de la police, entre autres.
L’assassinat scrupuleux du commissaire divisionnaire Issiaka Tounkara est sans doute la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Surtout qu’il avait été alerté par le syndicat par rapport à l’atmosphère qui prévalait bien avant ces évènements tragiques. Les responsables syndicaux disent avoir demandé au ministre Salif de rappeler le sieur Tounkara à Bamako ou ailleurs et le faire remplacer par quelqu’un d’autre.
Ce que le ministre n’a pas souhaité s’accrochant à des principes d’autorité. Ainsi arriva ce qui devrait arriver. Qu’on se le dise, le ministre Salif a eu tort de ne pas agir à temps. On est pas responsable pour rien. Gouverner, c’est prévoir. Ce principe sacro-saint de gouvernance, Salif n’est pas sans le savoir
A. N’Djim et Moulaye Diop
Source : Le Pont