Gouvernance actuelle au Mali : Cocktail molotov ?

0
113
Les femmes des beret rouge
Les femmes et familles des bérets rouges

Malgré les graves difficultés du moment, mieux vaut garder un Mali convalescent, titubant, (qui « peut tanguer mais ne va jamais chavirer ») qu’un pays livré à une quelconque nouvelle aventure. Qu’à Dieu ne plaise !

Le Président IBK a-t-il un certain flair ? Que Dieu ne plaise ! le chef de l’Etat dira, lors d’une sortie publique le samedi dernier qu’aucun putsch ne prévaudra au Mali. Pourquoi cette digression par ces temps de consternation du peuple meurtri ? Des indices ? Nul ne saurait le dire. Mais IBK veut prendre le devant des choses et dissuader des esprits nostalgiques.

En effet, la crise que traverse le pays semble s’exacerber, ces dernières semaines avec les récentes attaques terroristes de Boulkessi et de Mondoro, qui ont encore fait, hélas, plusieurs morts parmi nos FAMAs. C’est au point que plusieurs observateurs avertis de la scène nationale, impuissants, s’interrogent crûment sur le devenir immédiat du pays.

Ces interrogations deviennent plus poignantes et affligeantes quand, comme par un concours de circonstances, plusieurs événements s’amoncèlent pour créer au sein de l’opinion une sorte de psychose, une peur existentielle. Un sentiment poussé de frustrations, voire de révolte. Contre qui Le destin ? Non, la cible favorite de cette colère, à tort ou à raison, c’est l’autorité !

En effet, dans cette même semaine qui vient de s’écouler, les femmes et enfants des bérets rouges sont montés au créneau, à travers de virulentes protestations. Ils ont bloqué la route de Sébénikoro (quartier de résidence du président de la République) et exigent le bilan des attaques de Boulkessi Les épouses   des bérets- rouge du 33ème  régiment des commandos parachutistes du camp-para de Djicoroni, de Koulouba et de Kati,  mécontentes  des conditions de  leurs maris déployés au front à Boulkessi et Mondoro, ont battu le pavé, dans l’après-midi du mercredi 2 octobre aidés par celles des bérets-vert à Kati qui ont aussi bloqué la route qui passe devant le Camp Soundjata Keïta.

Cette  montée d’adrénaline chez les parents des militaires crée souvent des appréhensions funestes… surtout si les manifestants estiment que « les fusils que les militaires possèdent sur le front sont obsolètes et ne leur permettent d’exercer leur mission régalienne ». Et, quand on sait que les positions attaquées à Boulkessi et Mondoro  abritaient en majeure partie les militaires issus du 33ème régiment des commandos parachutistes, l’on s’empresse de croiser les doigts pour ne pas vivre une réédition d’événements malheureux de mars 2012.

Ce qui a poussé rapidement le  gouvernement à  communiquer et faire état d’un bilan provisoire de 25 militaires tués, 4 blessés évacués par un aéronef  à Sévaré,  une soixantaine de portés disparus et d’importants dégâts matériels militaires. Et, une délégation conduite par le ministre de la Défense est déjà en visite  à Mondoro et Boulkessi…

Au même moment, des prises de positions osées de certains acteurs donnent de la chair de poule surtout quand ils ne cachent pas des visées subversives à peine cachées. Comment comprendre que le Général à la retraite Moussa Sinko Coulibaly puisse régulièrement déclarer publiquement qu’il faut mettre fin au régime actuel ? Ces propos ne sont-ils pas suffisamment graves pour donner lieu à une action judiciaire préventive ? Le pouvoir ne doit-il pas jouer dans l’anticipation ?  Rien n’est moins sûr face à la fragilité de situation institutionnelle du pays ?

Ces événements, ajoutés à d’autres comme le front social (des grèves en projet), la lutte contre la corruption et la délinquance financière et son corollaire de mécontents, le mécontentement social face à ce que l’on a appelé la crise de la route pousse le Malien lambda à croiser les doigts. Car, le contexte du pays ressemble étrangement à une sorte de cocktail molotov.

Un cocktail Molotov, selon wikipédia, est une arme incendiaire artisanale dont le composant principal est un liquide inflammable, habituellement de l’essence ou de l’alcool, contenu dans une bouteille en verre. Bien que communément associés aux forces militaires irrégulières et aux manifestations, les cocktails Molotov sont également massivement utilisés par les armées régulières en manque d’armes anti-char. Dans le civil, ils sont plus fréquemment utilisés lors d’épisodes d’insurrection urbaine. Le terme « cocktail Molotov » est un hommage ironique des soldats finlandais à Viatcheslav Molotov, ministre des affaires étrangères de l’Union soviétique durant la Seconde Guerre mondiale, en particulier lors de la guerre d’Hiver

Il urge alors, de la part des plus hautes autorités d’œuvrer rapidement à désamorcer cette tension sociale aggravée qui laisse libre cours aux esprits nostalgiques de rêver à des desseins les plus inavouables.

Ce sera à travers un dialogue national à hâter avec toutes les composantes essentielles du peuple afin de désamorcer toutes les frustrations et remettre le pays sur pied.

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb

Laisser votre commentaire