C’est sur fond de contestation de l’opposition qu’IBK a été investi Président de la République pour un second et dernier mandat de cinq ans. Cette investiture, faite conformément aux lois de la République, a été la dernière étape d’un processus électoral. Cette ultime étape qui aurait dû être la fête de la démocratie, a laissé beaucoup des Maliens sceptiques, tant le discours d’IBK était guerrier et clivant. Pour preuve, il a certes prononcé le mot rassemblement des filles et fils du Mali, mais c’est du bout des lèvres, comme pour satisfaire à une demande sans en être convaincu.
Le discours a été plus un exercice de rhétorique qu’un speech où tous les Maliens se sentent concerner. Il aurait dû proposer une médiation aux opposants et entreprendre toutes les voies et moyens pour persuader son cadet Soumaila Cissé et ses camarades à venir dans la cour familiale commune ; mais au lieu de cela, il s’est voulu ferme en proférant une fois encore des menaces. Ne faudrait-il pas rappeler à IBK que les défis auxquels le Mali et les Maliens sont confrontés, sont tellement immenses qu’il n’y aurait plus de temps pour la récréation, comme pendant le premier mandat.
Nul besoin de rappeler également que sans un consensus, sans un dialogue franc, aucun des grands challenges ne serait gagné. Si sa grande légitimité de 2013 lui a été pendant longtemps une grande muraille protectrice, qui lui a valu un état de grâce aussi long, sa récente élection est sujette à caution. D’où la contestation d’une partie de la classe politique, qui ne décolère toujours pas et qui poursuit les protestations après la proclamation des résultats. Soumaila Cissé et ses camarades qui contestent toujours les résultats proclamés. Le jour même de l’investiture, ils ont organisé un grand meeting pour dénoncer le holdup électoral et disent ne pas baisser les bras jusqu’à la victoire finale.
Face à une telle crise, qui risque d’empirer, le père de la Nation devrait multiplier les gestes d’apaisement. Pour rappel, Alpha Oumar Konaré, après son élection en 1992, s’est non seulement rendu chez tous les candidats, mais il a aussi et surtout cité leurs noms dans son discours d’investiture. Idem pour ATT en 2002, qui s’est rendu dans les états-majors de tous les partis politiques qui ont présenté des candidats. IBK, dans son discours, a ignoré tous ses concurrents et n’a pas daigné prononcer le nom de son challenger du second tour.
Pendant qu’il est encore temps, il doit descendre de son piédestal pour rassembler toutes les filles et tous les fils autour du seul idéal commun, à savoir le Mali. S’il veut réussir son mandat.
Youssouf Sissoko