Les appels à la démission du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, commence à se multiplier au sein de la classe politique à cause des nombreux revers que les forces armées maliennes subissent sur le théâtre des opérations au front et l’incapacité du régime à endiguer la mauvaise gouvernance.
Six ans après son accession à la magistrature suprême du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta semble confronter à l’une des grandes crises de sa gouvernance. Plébiscité en 2013 avec un score de 77% des suffrages exprimés, réélu en 2018 avec 67%, suivi d’une contestation des résultats des élections par plusieurs candidats, le Président IBK est plus que jamais contesté par certains de ces anciens alliés politiques qui n’hésitent pas à appeler à sa démission. Pour faute, ils arguent qu’ il a été plébiscité par les Maliens, notamment pour lutter contre l’insécurité au nord, pour la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’étendue du territoire, la lutte contre le corruption, le chômage et la résolution de la question de l’école. Le Président IBK semble être incapable aux jeux de Dr Oumar Mariko et le Gal Moussa Sinko Coulibaly de répondre aux aspirations du Peuple. Pire, ils soutiennent que la corruption, la mauvaise gouvernance, le chômage, l’insécurité … s’est accentuée.
L’armée peine à produire des résultats probants malgré des centaines de milliards investis dans la restructuration des forces de sécurité et de défense et dans l’achat des matériels de combat suite au vote par les députés de la loi de Programmation militaire. La longue liste des militaires péris dans les attaques et les engins explosifs des terroristes suscitent la colère dans les casernes au point que les épouses des militaires bloquent les routes et empêchent le Premier ministre, en visite à Mopti la semaine dernière, d’accéder à l’aéroport de Sévaré pour regagner Bamako. Les grognes et les scènes de contestations des épouses des militaires, qui refusent que leurs époux aillent à Boulkessi, rappellent aux Maliens le mauvais souvenir du putsch du 22 mars 2012, suite à une mutinerie des officiers subalternes du camp Soundjata de Kati, ayant mis un terme aux 10 ans de régime de l’ancien Président Amadou Toumani Touré.
Les nombreux changements des gouvernements (7 premiers ministre en 6 ans) ont de la peine à décanter la situation sécuritaire et politique afin de donner une lueur d’espoir aux citoyens lambda qui commencent à s’interroger sur les capacités du Président de la République à sortir le Mali de cette crise. Certains caciques et soutiens du putsch de mars 2012 ne se taisent plus, et n’hésitent plus à appeler à la démission du Chef de l’Etat, qu’ils qualifient d’être à l’origine de tous les maux. La sortie du président de la Ligue démocratique pour le changement (LDC), le Gal Moussa Sinko Coulibaly, réputé d’être le cerveau du putsch contre ATT, aux lendemains des attaques Boulkessi et Mondoro n’est pas passé inaperçue. Dans un tweet, il déclarait : « Il est impérieux de mettre fin à ce régime incompétent pour abréger la souffrance du Peuple … La nation est meurtrie par l’incompétence du régime d’une médiocrité à nulle autre pareille. Il est temps de trouver des moyens pour mettre fin à cette gouvernance scabreuse ».
Ce général de l’armée, converti en politique, a été suivi par son allié politique du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance, Dr Oumar Mariko, qui, lors d’une conférence de presse, a annoncé la création d’un mouvement populaire pour « exiger la démission du Président IBK ». Il accuse son régime d’être « un obstacle à la paix, à l’épanouissement du pays et du peuple malien ». Cet opposant estime qu’il ne s’agit pas de faire un autre Coup d’Etat, mais plutôt de prendre une autre direction sérieuse et différente de celle qui a soulève le Peuple le 10 février et 5 avril 2019. Ainsi, il dira qu’ils vont assumer la direction politique d’un regroupement qui mettra fin aux années de souffrances de ses concitoyens.
Des récriminations qui viennent compléter la liste de celles des deux influents religieux, Chérif Bouyé Haïdara et l’Iman Mahmoud Dicko, qui ne soufflent plus dans la même trompette que le Chef de l’Etat. S’y ajoute à la lettre ouverte d’un ex-fonctionnaire, publié dans d’autre presse, qui demande à visage découvert la démission du Président de la République. Est-ce dire que le Chef de l’Etat est désormais dans la ligne de mire de l’opposition politique dont une frange partie vient de se retirer du dialogue national inclusif enclenché par lui pour trouver une sortie de crise ?
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb