“Nul ne pourrait faire du Mali une principauté ou une chasse gardée”, a mis en garde le président de la République
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a reçu hier en fin d’après-midi dans la salle des banquets du Palais de Koulouba, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), signataire de l’Accord politique de gouvernance, les Forces démocratiques pour la prospérité (FDP-Malikoura) et la Coalition des anciens candidats à l’élection présidentielle de 2018.
La rencontre d’hier était la suite de la série d’entretiens que le chef de l’état a entamée avec les différents groupements politiques. On se rappelle que le 5 octobre dernier, le chef de l’état avait reçu l’Alliance Ensemble pour le Mali (EPM) et l’Action républicaine pour le progrès (ARP).
Lors de la rencontre d’hier, le porte-parole du FSD, Djibril Tall, a rappelé que son groupement politique, membre de l’opposition, a accepté la main tendue du chef de l’état pour une cause noble et patriotique. « Votre foi en Dieu et votre amour pour le Mali vous ont amené à un moment historique de la vie de la nation à tendre la main à tous les Maliens notamment les partis politiques et la société civile », a souligné Djibril Tall, s’adressant au chef de l’état.
Dirigé par des hommes et des femmes d’honneur ayant comme seul souci le Mali, le FSD a décidé de signer l’Accord politique de gouvernance, rappellera-t-il, réitérant l’engagement du groupement politique à accompagner le président de la République dans ses efforts pour la paix, la stabilité et le développement de notre pays.
AUTOUR DE L’ESSENTIEL
Djibril Tall a remercié le président Keïta pour avoir fait confiance à deux membres du groupement politique pour entrer au gouvernement dans des départements stratégiques. Il s’agit de Tiebilé Dramé, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et de Oumar Hamadoun Dicko, ministre du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique.
Djibril Tall a exhorté le président de la République à poursuivre les démarches auprès de tous ceux qui ne sont pas encore dans le processus.
Le ministre chargé des Réformes institutionnelles et des Relations avec la société civile, Amadou Thiam a pris la parole au nom des Forces démocratiques pour la prospérité. Il a rappelé que notre pays traverse une crise politique, sociale, économique et sécuritaire depuis les évènements de 2012. En réponse à cette crise, dira-t-il, à la suite d’une large concertation, le président de la République a promis aux Maliens un espace d’échanges et de concertations, dénommé Dialogue national inclusif.
Amadou Thiam a félicité le chef de l’état pour avoir tenu cette promesse qui constitue une opportunité pour le peuple malien de se rassembler autour de l’essentiel, le Mali. Il a salué la classe politique, tous bords confondus, et la société civile qui, par leur mobilisation, ont fait du dialogue une véritable réussite en dépit de la persistance de quelques réticences. D’après lui, le dialogue qui apparaissait comme un vœu pieux, est véritablement en marche à travers tout le Mali.
Quant à la Coalition des candidats à l’élection présidentielle de 2018, bien que non signataire de l’Accord politique de gouvernance, elle soutient le Dialogue national inclusif. Intervenant au nom de cette coalition, Mamadou Oumar Sidibé a remercié le président Keïta pour l’intérêt qu’il porte à sa coalition depuis sa création. Il a promis que la coalition répondra à tous les appels du chef de l’état pour la construction démocratique du pays. Pour lui, l’heure est grave pour la République et les populations du fait des défis redoutables d’insécurité ainsi que des divisions au sein de la société.
SANS RELÂCHE
En réponse, le président Ibrahim Boubacar Kéita a d’abord exprimé sa joie de recevoir ses hôtes du jour avant d’indiquer qu’ils sont chez eux dans la maison du Mali. Le chef de l’état a ensuite rappelé qu’il est arrivé aux affaires alors que le pays était « dans l’œil du cyclone, avec un amoncellement de périls existentiels et sociétaux».
« Le Mali a beaucoup tangué, la barque a failli chavirer fort heureusement, ce pays n’est pas de ceux qu’on peut mettre facilement à terre », a indiqué le président de la République qui a souligné que c’est un devoir pour tous d’aider le Mali pour son maintien au milieu des nations dignes, debout et fières. « C’est une lourde tâche dans un temps où les fondamentaux ont été bousculés, où l’état n’était plus tout à fait ce qu’il devait être », a indiqué Ibrahim Boubacar Keïta pour qui la pire des erreurs serait de se tromper d’ennemi. Et malheureusement, cela a failli nous arriver.
Pour le chef de l’état, être Malien est un beau cadeau de Dieu. Il a ajouté avoir foi que notre pays va se retrouver, plus fraternel, plus convivial, plus enviable qu’avant. Cela est fort possible car, dira le président Keïta, il a le grand bonheur d’être accompagné aujourd’hui par des frères éminents dans l’ombre, de grands Maliens, debout qui l’aident dans sa tâche. Mais qui le font discrètement et puissamment, sans relâche, nuit et jour, pour convaincre que l’état actuel du Mali ne permet aucune posture et qu’il est venu le temps que chacun de nous ait sincèrement, profondément souci du Mali. Ibrahim Boubacar Keïta a pris l’engagement de continuer à œuvrer pour cet objectif sans jamais se lasser.
Le président de la République a assuré aussi que plus que jamais, Kidal sera dans le giron du Mali.
« Nous appelons tous les peuples à la coopération avec le Mali sans exclusive aucune, mais que nul ne pense qu’il pourrait faire du Mali une principauté ou une chasse gardée », a mis en garde le chef de l’état, ajoutant qu’il n’a d’autres soucis aujourd’hui que de faire entrer notre pays dans le progrès pour qu’il soit parmi les nations qui comptent aujourd’hui et demain avec des institutions fortes.
Il s’est dit convaincu que seules les institutions fortes font le bonheur d’un pays.
Le président Keïta a exhorté tout le monde à venir rassembler les mains pour boucher les trous de notre jarre percée.
Dieudonné DIAMA
Source : L’essor