Konna Janvier 2013 – Boulikessy – Octobre 2019 : Troublantes coïncidences…, sombres perspectives

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Konna
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Autant l’intervention militaire française à Konna en Janvier 2013 a légitimé la présence accrue de la France au Mali (Serval puis Barkhane) de la MINUSMA et a, en outre permit de consolider les séparatistes du MNLA, autant Boulikessy risque de servir de point de départ d’une nouvelle opération militaire internationale du genre CJSOTF (combined joint special operations task force), ou Coalition mixte des Forces opérationnelles interarmées spéciales – comme… en Afghanistan avec ses corollaires. En clair, tout indique que Boulikessy n’a pas encore fini de révéler les véritables enjeux géopolitiques des puissances en place.

Tout semblait perdu pour les Maliens à Konna, les 09 et 10 Janvier 2013. Arriva alors la cavalerie française avec SERVAL. L’ennemi qui s’apprêtait à envahir le reste du pays en faisant une bouchée des FAMAS, fut alors stoppé net dans son élan. Commença alors la libération du pays, suivie de la naissance de la MINUSMA, barkhane, EUTM, de la signature de l’accord d’Alger, etc. L’on notera soit dit en passant, que Kidal ne fut nullement concernée par cette prétendue libération dans la mesure où c’est cette même armée du Salut (La France) qui s’interposa avec véhémence.

Mais tout était-il vraiment perdu à Konna au point d’en arriver là aujourd’hui ?  L’histoire retiendra en tout cas, que l’Armée Malienne, à travers le groupe de Commandos volontaire (GCV) a libéré plusieurs villes avec ou sans l’Armée française et a d’ailleurs «nettoyé» le terrain et balisé les pistes d’atterrissage pour les avions français (lire notre article : « Enfin, la vérité sur konna ! La France certes, mais surtout les FAMAS ! ».

Mais l’histoire officielle et une version savamment entretenue indique une débandade des FAMAS, un sauve-qui-peut, une rupture totale de la chaîne du commandement, etc. Il eut certes des défaillances en certains endroits, mais la situation était loin d’être désespérée.

Mais la France libératrice et ses affidés avaient besoin d’entretenir l’idée d’une armée faible, mal formée, inefficace et que sais-je encore ?   Mission accomplie !

Les préjugés et stéréotype ayant la vie dure, les Forces armées maliennes continuent injustement d’être assimilées au maillon faible de la chaine. Mais quelle chaine ?  Un concept qui arrange bien les affaires de certains puissances militaires puisque servant d’alibi à toutes les initiatives permettant de maintenir le pays sous le joug néocolonialiste. L’histoire du Groupe des Commandos volontaires (GCV) atteste pourtant que les stéréotypes ne sont guère fondés et que les FAMAS valent mieux que cela.

En clair, les faits à Konna ont été démesurément exagérés et les FAMAS volontairement diminuées et démoralisées en vue de justifier et de légitimer ce qui semble aujourd’hui un alibi à la présence de toutes ces forces étrangères et de ce qu’il convient appeler une mise sous tutelle du pays. Konna n’aura donc servi qu’à cela !  Et au regard de l’actualité, l’histoire ne fait que commencer, voire, recommencer avec un autre projet plus ambitieux.

Boulikessy, un remake de Konna ?

Les premières «nouvelles» en provenance de Boulikessy et de Mondoro firent état d’une «débandade de l’Armée Malienne, des soldats en fuite n’ayant opposé la moindre résistance à l’ennemi pour avoir détalé comme des lapins, abandonnant positions et matériels»…

Mais très vite, la vérité éclata au grand jour : les éléments des FAMAS se sont vaillamment battus mais durent replier face à un ennemi supérieur en nombre, mieux équipés et surtout face à une absence totale de couverture aérienne. L’affaire des fameux «hélicos cloués au sol» est passée par là !

Et soit dit en passant, ils ont infligé de lourdes pertes à l’assaillant lequel ne s’attendait certainement pas à cette réaction. En clair, les FAMAS ont fait ce qu’il fallait. Leur repli se justifiait au risque d’être décimé. Le repli fait partie de la guerre, c’est connu et il n’y a aucune honte à cela !

Mais pourquoi diantre, de prime à bord, il fut question de débâcle alors même que les gars se battaient au même moment ? Le but de ce dénigrement et calomnie était visiblement de démoraliser la troupe, pour des raisons non-avouées.

Objectifs : L’Afghanisation du Mali avec ses corollaires

La coïncidence voudrait que surviennent Boulikessy et toute la nébuleuse y afférant, presqu’au moment où le Président nigérien dénonçait le statut scandaleux de Kidal justement assimilé à un repère des jihadistes de la sous-région et également au moment où la CEDEAO s’apprêtait à s’investir militairement en vue de mettre fin à cette situation pour le moins révoltante et qui n’a que trop duré. Et il y a pire !

Presqu’au moment où les hostilités étaient encore cours disions-nous, des sources ayant évoqué l’hypothétique «débâcle» des FAMAS, firent également cas d’une possible et nécessaire mise en place au Sahel et au Mali en particulier, d’un COMBINED JOINT SPECIAL OPERATIONS TASK FORCE (CJSOTF) ou Coalition mixte des Forces opérationnelles interarmées spéciales.

Il nous revient que la France est très avancée dans le dossier et est appuyée par l’Estonie en attendant que les parlements des autres pays de l’Union Européenne valident l’option.

Cette initiative (CJSOTF) a vu jour en Afghanistan et a été initiée par l’Armée américaine et consistait pudiquement à un «accompagnement au combat» de l’armée Afghane par les GI’S.

«L’accompagnement au combat », veut dire la participation directe des forces étrangères dans les opérations militaires sur le terrain, à proprement parler.

L’idée d’une armée malienne se battant côte – à – côte avec l’armée française et européenne en générale sur le même théâtre d’opération est très séduisante.

Seulement, il s’avère que c’est l’Armée française et/ou Européenne qui dirigera les opérations et qui décidera de ce qu’il y a lieu de faire ou pas.  En somme, c’est elle qui commande ! Que restera-t-il du peu de la souveraineté nationale et de notre fierté ?

Aussi, on imagine aisément qu’elle ne se montrera nullement pressée de gérer la question Kidal. Plus de cinq ans qu’elle est présente au Mali sans amorcer même un début de solution et quand bien même des témoignages émanant de ses anciens diplomates au pays confirment sa complicité avec les acteurs de cette localité. Et il a fallu que la CDEAO décide de prendre les choses en main, pour qu’il y ait Boulikessy et l’idée force internationale mixte. Que de coïncidences !

Mais au lieu d’une CJSOTF à l’Afghane qui a, au demeurant montré de nombreuses faiblesses en et aurait d’ailleurs accentué, selon certaines sources, le sentiment anti-américain et précipité le retrait, pourquoi disions-nous, ne pas appuyer la CEDEAO et/ou les FAMAS avec des moyens conséquents et appropriés ?

L’on notera, en tout état de cause, que Konna a de nombreuses similitudes avec Boulikessy : en plus de la tentative de manipulation et de conditionnement en cours, il y a aussi la question de la légitimité des décideurs. Avec Konna, le Président intérimaire Dioncounda Traoré avait certes la légalité, mais manquait de légitimité. Celle d’IBK est aujourd’hui très contestée à l’issue d’un scrutin chaotique et surtout suite à ses nombreux choix politiques très contestés.

Avec Konna, des chefs militaires ont failli. Aujourd’hui sous l’ère IBK, ils ont très contestés. Le président élu a fait admettre des dizaines de généraux à la retraite mais s’est précipité d’en nommer de nouveau pendant que, comme en 2013, l’Armée manque presque de tout.

Et la corruption ambiante, comme en 2013, a aujourd’hui refait surface au sein de l’institution militaire malienne (l’achat des avions et fournitures militaires n’a pas fini de révéler ses nombreuses facettes).

Aussi, il y a l’instabilité politique comme en 2013. Aujourd’hui, à cause du mandat impératif des membres de l’Hémicycle, des institutions et structures y afférentes ont également perdu leur légitimité.

Ainsi dans le souci de continuer à jouir de leurs privilèges, certains acteurs accepteraient volontiers l’idée d’une CJSOTF à l’Afghane au Mali.

Enfin, des compatriotes et responsables mal inspirés et pro-occidents sont d’ores et déjà séduits par l’idée d’une armée étrangère surtout française se battant en lieu et place des nôtres. Hélas !

Pour toutes ces raisons, la CJSOTF a des raisons de passer ! Ce serait véritablement la fin. Et si c’était le but recherché ?

B.S. Diarra

SourceLa Sentinelle

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