Ils sont nombreux, mais les plus célèbres sont l’ex-président et l’APACM et le maire du District de Bamako, tous arrêtés dans le cadre de la lutte contre la corruption. En effet, sous réserve de leur droit à la présomption d’innocence, on leur rapproche plusieurs milliards de nos francs. Et les faits imputés à Bakary Togola datent de l’ère IBK, tandis que pour Adama Sangaré les récriminations remontent à 2010, notamment aux préparatifs du cinquantenaire de l’indépendance du Mali.
En tout état de cause, d’aucuns se demandent si toutefois IBK n’a pas lâché ses collaborateurs – qui traînent des ennuis en dépit de leur forte implication dans sa réélection – ou si le procureur Kassogué n’est pas en mission commanditée par des politiques. En effet, on soupçonne au ministre de tutelle de ce dernier d’être aux bottes de Moussa Sinko, qui n’affiche qu’un seul vœu la fin du régime IBK. Il aurait même été le directeur de campagne du Général démissionnaire lors de la présidentielle de 2018. Et pourtant, le procureur pour motiver l’arrestation de Bakary Togola, a tenté de lever toute équivoque sur les intentions du Pôle. Selon lui, celle-ci n’est nullement motivé par l’acharnement contre une personne ou une quelconque chasse aux sorcières, mais plutôt par un combat d’objectivité.
Mais de quoi se mêlent les politiques ?
En effet, pour ce qui est de Bakary Togola, on se rappelle que lorsqu’IBK s’était déclaré candidat à sa propre succession, le chef des paysans, pour rassurer le président sortant, a martelé ceci : «Monsieur le président vous pouvez dormir tranquillement, cette élection est terminée, vous allez gagner sans problème». Et pour cause, ajoute Bakary Togola, « les paysans vous ont déjà choisi et nous-sommes les plus nombreux. ». Et de prévenir en même temps les politiques qu’il sera là à la veille de 2023 pour désigner le successeur d’IBK. Chose dite, chose faite. A la sortie de la présidentielle, IBK est réélu après un deuxième tour sur fond de protestations. Et comme si cela ne suffisait pas Bakary Togola, dans la foulée, tente de calmer la fronde, en appelant le président réélu à faire profiter l’opposition dans la gestion des affaires. Car, à ses yeux, ses animateurs ne battaient le pavé pour contester sa réélection que pour assouvir une faim. Et c’est dans la foulée que les Tiébilé Dramé, Amadou Thiam et autres vont signer leur entrée dans le gouvernement, à la suite de la signature d’un accord dite politique.
Conséquence : il serait devenu l’ennemi à abattre pour les candidats en lice pour la présidentielle de 2023. En effet, si le même Bakary devrait donner une consigne de vote aux paysans en 2023, beaucoup de candidats seront d’office disqualifiés.
Pour le cas Adama Sangaré, candidat à sa propre succession pour la région du District, un poste qu’il occupe depuis bientôt 12 ans, d’aucuns jurent qu’une main invisible est derrière son arrestation pour une affaire qui date de 10 ans. Et pour cause, il pourrait être l’un des candidats sérieux pour la succession d’IBK en 2023.
Amidou Keita
Source : Le Témoin