C’est l’une des militaires les plus gradées d’Afrique. La Malienne Segara Nema ne mâche pas ses mots contre la France, dans la lutte contre les djihadistes dans le Sahel.
«Je n’ai que le Mali alors je ne peux m’empêcher de parler». La colonel-major Nema Segara a gravi les échelons au sein de l’armée malienne, un cas rarissime en Afrique.
Mais, aujourd’hui à 55 ans, elle a l’essentiel de sa carrière militaire derrière elle. Voilà pourquoi elle ne mâche pas ses mots. Elle est venue en Suisse à l’occasion de la Geneva Peace Week. Pour parler de paix, alors que son pays est gangrené par les attaques terroristes et qu’une part croissante de son immense territoire échappe au gouvernement de Bamako.
Le dernier coup des djihadistes a été terrible. Vendredi dernier, 49 soldats maliens ont été tués dans le camp militaire d’Indelimane, dans le nord. Une action revendiquée par l’Etat islamique.
La garnison a été submergée par des assaillants surgis du désert à moto. «Les terroristes ont fait exploser un camion d’approvisionnement d’eau et ont ouvert une brèche dans le camp. Les soldats ont appelé à l’aide l’aviation française mais rien n’est venu», fulmine la haut gradée.
«Les forces étrangères sont inefficaces»
L’armée française, présente dans le pays depuis son intervention en 2013 sous le président François Hollande, assure avoir survolé le camp mais il était déjà trop tard. Les djihadistes s’étaient enfuis. Nema Segara ne décolère pas: «Les forces étrangères sont inefficaces.»Pourtant, en 2013, les Français avaient sauvé les Maliens alors que les djihadistes avaient franchi le centre du pays pour se diriger vers la capitale Bamako.
L’ancienne puissance coloniale est désormais l’objet de toutes les suspicions. Nema Segara doute même de la mort d’un des principaux chefs djihadistes, le Marocain Abou Abderahman al-Maghrebi, considéré comme le numéro deux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) lié à Al-Qaida.
Il a été tué par les forces françaises au Mali début octobre, a annoncé mardi la ministre de la Défense française Florence Parly, au retour d’une visite dans le Sahel.
Source : letemps.ch