L’armée malienne est en grande difficulté face à la poussée jihadiste, mais elle recevra bientôt des renforts. C’est l’annonce de la ministre des Armées françaises, Florence Parly, de retour de la région. Des renforts composés de troupes spéciales européennes.
Pour l’instant, les préparatifs de l’opération baptisée « Tacouba » se déroulent plutôt dans la discrétion. Les négociations n’ont pas lieu au niveau des instances européennes, mais bien directement entre capitales parce que ce ne sera pas une mission de l’UE, pas plus que ne l’est l’opération Barkhane.
Outre des soldats estoniens et des hélicoptères britanniques, Barkhane est en fait une opération internationale qui bénéficie d’un soutien logistique allemand ou américain par exemple, d’une arrivée prochaine de militaires danois et dans laquelle l’implication de l’Espagne est évoquée. Une opération internationale donc, mais sous commandement français.
Négociations directes et discrètes
Et cette opération Tacouba à venir prendra une forme similaire, d’où les négociations directes entre le ministère de la Défense et les états-majors. La discrétion est bien complète parce que la liste des pays approchés n’a pas été rendue publique, même si certains estiment officieusement qu’outre le Royaume-Uni, la République tchèque et les pays scandinaves disposent du type d’unité d’élite de forces spéciales qui pourrait être déployée au Sahel.
Puisque l’opération Tacouba a désormais un nom de baptême, c’est en tout cas que les préparatifs sont bien avancés, ce qui ouvre la porte à une discussion formelle sur le sujet lors de la prochaine réunion des ministres européens de la Défense, le 12 novembre.
La France en recherche de soutiens capacitaires
Son périmètre d’action n’a en revanche pas encore été tracé. Cette unité de forces spéciales aura un rôle de formation, indique Florence Parly, et peut-être aussi d’accompagnement des troupes maliennes au combat. Mais dans la situation sécuritaire difficile au Sahel, cette annonce revêt une importance à la fois politique et opérationnelle, indique Elie Tenenbaum, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri.
« Il y a une importance politique qui est voulue de la part de la France d’impliquer davantage les Européens sur le plan opérationnel. On a évidemment une situation dans la bande sahélo-saharienne qui est aujourd’hui dégradée, pour dire le moins, avec un effort capacitaire considérable du côté de la France, et il est difficile de monter encore davantage en puissance. Et de cepoint de vue-là, toute aide venue des pays européens est évidemment la bienvenue. »
Il reste également à définir sous quelle chaine de commandement sera placée cette force Tacouba : celle de l’opération Barkhane ou celle de Sabre, les forces spéciales. Deux organigrammes certes coordonnés mais qui ne sont pas subordonnés l’un à l’autre.
Selon l’état-major français, le calendrier de l’organisation de cette force européenne sera dévoilé au début de l’année 2020.