Focus : Défilé de mode !

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C’est une blague comme il en foisonne dans ce pays qui, pour son plus grand bien, garde le sens de l’humour même dans les moments tragiques. Un voleur s’introduit dans une illustre demeure au moment où le maître de céans est entre les bras de Morphée. Le bruit des pas de l’intrus réveille la maîtresse de maison qui découvre un colosse en train de faire main basse sur toutes valeurs dans la maison : bijoux, argent. A chaque fois qu’il s’empare d’un objet valant fortune, madame s’écrie: chéri, il a pris le coffret de pierres précieuses que tu m’as offert à prix d’or !  Le mari, imperturbable, lui répond : je tolérerais tous ses forfaits sauf s’il jette son dévolu sur le vélo de papou, le petit dernier du couple. Le voleur s’enhardit de plus belle et à chaque fois le mari répond par un ridicule ultimatum : il peut prendre des millions de FCFA  mais s’il touche à mon tapis de prière ou à la PSP de Mamie, il saura de quel bois je me chauffe ! L’indélicat visiteur avait compris que le chef de famille, tétanisé par son physique de déménageur, avait choisi la dérobade. Il dévalisa allègrement le couple avant de se barrer !

Cette histoire drôle a à voir avec ce fameux télégramme militaire qui a fuité vendredi dernier sur les réseaux sociaux et où l’état-major général des FAMAs commande aux soldats de remiser les “tenues claires” au profit des “tenues de combat”  au motif que le chef suprême des Armées, IBK, a dit que “nous sommes en guerre !”. Depuis l’annonce de cette décision hautement stratégique et tactique, de bonnes sources indiquent que les djihadistes en ont été tellement pris de court que c’est [presque] la débandade dans leurs rangs. C’est cela le charme de la guerre, les grandes victoires tiennent parfois à la maîtrise du “détail !! “.

Mais l’armée aurait dû jalousement garder ce secret-défense, car tout ce que ce pays compte de gens peu recommandables ont commencé depuis lors à porter des tenues de camouflage, qui pour disparaître dans la nuit bamakoise au moment où ses devoirs l’attendent à la maison, qui pour voler, arnaquer parce que la “clarté” a été bannie de l’espace public.

Apres avoir ri aux larmes de ce télégramme de mauvais goût,  il faut aussi avoir le courage de pleurer devant la farce tragique d’une gestion de crise qui angoisse autant les Maliens que l’ennemi lui-même.  Si nous sommes en guerre, que le président de la République ait le courage de satisfaire aux exigences constitutionnelles de la “déclaration de guerre” car la seule proclamation ne suffit pas ! A quand la mobilisation générale ?  A quand le rationnement (des voyages présidentiels) au titre de l’effort de guerre ?

En attendant, il doit savoir répondre à des questions banalement terre-à-terre à défaut d’être aériennes : pourquoi nos hélicos et nos Tucanos restent cloués au sol en temps de guerre? Pourquoi, de Dioura à Guiré en passant par Mondoro, Boulkessi et Indelimane, nos détachements sont commandés par des lieutenants (valeureux au demeurant), rarement des capitaines dans une armée de commandants, colonels et généraux de tout acabit ?

Pourquoi dans un discours d’hommage à nos soldats tombés sur le champ d’honneur, le chef suprême des Armées se présente en bleu bakha coiffé de blanc (tenue de soirée mandingue) sans le moindre signe de deuil comme un simple ruban noir au revers du boubou ? Quel pays sommes-nous devenu pour que l’exemple ne vienne jamais d’en haut ?

Dans ce Mali où tout le monde ment à tout le monde, continuons à esquiver le réel, à “camoufler” la vérité pour complaire à un chef sans cap ni vision, ce serait le plus court chemin pour voir les djihadistes tout de haillons vêtus, continuer à nous tailler des croupières. La guerre n’est pas un défilé de mode !

   Sambou DIARRA

Source : L’Aube

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