Les victimes des crises au Mali vont pouvoir s’exprimer bientôt. Les audiences publiques de la Commission Vérité Justice et Réconciliation sont prévues à partir du 8 décembre. Au cours de ces audiences, des victimes de la rébellion de 1963 ou encore celles des enlèvements par AQMI et le Mujao entre 2007 et 2012 seront entendus. Pourquoi une audience publique ? Comment vont-elles se dérouler ? Qui prendront part à ces audiences ? Quelle différence entre audience publique et le procès ?
Au total six audiences publiques seront organisées. Chaque audience va durer une journée et permettra aux victimes et aux différents témoins de faire le récit des événements qui se sont déroulés. Selon Ousmane Oumarou Sidibé, président de la CVJR, ces audiences permettront aux victimes de témoigner, de parler de leurs souffrances, des violations qu’elles ont subies. L’objectif, explique M. Sidibé, est de « permettre à l’ensemble de la Nation de prendre conscience de ce qui est arrivé ». « Tous les cas vont concerner des violations de droit à la liberté, surtout des arrestations et détentions arbitraires », précise le président de la CVJR qui était face à la presse ce matin.
Au moins 500 personnes, représentant les structures administratives, politiques, les associations de défenses des droits humains ainsi que les représentants de la société civile, prendront part à cette rencontre. Toutefois, la CJVR a pris des dispositions afin que toute la population malienne soit au même niveau d’information.
Pour Ousmane Oumarou Sidibé, « l’idéal aurait été que tous les Maliens soient présents à l’audience. Malheureusement le Palais des congrès ne peut prendre que 1000 personnes. Pour des raisons de sécurité et d’organisation nous ne pouvons même pas inviter 1000 personnes », regrette le président de la CVJR. Avant de préciser : « tout ce qui sera dit, sera filmé et rendu à la population dans les différentes langues nationales et l’essentiel des témoignages sera enregistré, capturé et repris dans des formats qui seront rendu à l’ensemble des Maliens ».
Selon le président de la CVJR, ces audiences publiques ne sont pas des lieux d’accusations, encore moins une tribune pour situer des responsabilités. Mais un espace de recherche de la vérité, précise Ousmane Oumarou Sidibé.
« Notre exercice n’est pas un exercice judiciaire, dit-il. On ne cherche pas à situer les responsabilités personnelles. Car nous ne pouvons pas juger, ce n’est pas notre travail. Nous n’avons pas le pouvoir de police judiciaire qui nous aurait permis d’enquêter pour établir les responsabilités individuelles ».
A ce jour, au moins 16.000 victimes ont déposé leurs témoignages au niveau de la CVJR. Les prochaines audiences seront programmées au cours du premier trimestre de 2020.
Les victimes attendent beaucoup de ces audiences publiques. Pour le Conseil national des victimes, cette initiative de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation est d’une importance capitale. Selon les responsables de l’association, ces audiences offrent l’occasion pour les victimes d’ « exprimer leurs souffrances ». Cependant, ils souhaitent que les victimes soient mises dans leurs droits.
Source : Studio Tamani