Après le discours du Roi, Attijariwafa bank va renforcer son action pour les TPE en plus de sa participation au programme spécial de financement qui sera dévoilé début 2020. Elle compte accélérer l’ouverture des centres d’affaires TPE et des centres Dar Al Moukawil. Les TPME représentent 30% de l’encours crédits de la banque.
Les 17, 18 et 19 décembre, le groupe Attijariwafa bank organise des journées portes ouvertes en faveur des très petites entreprises (TPE) en vue de vulgariser son dispositif d’accompagnement financier et non financier.
Ce lundi 9 décembre, son PDG Mohamed El Kettani a reçu la presse nationale pour annoncer l’organisation de ces journées mais surtout pour exposer l’action de la banque en matière de soutien aux TPE et les perspectives dans ce domaine.
Cette mobilisation intervient moins de deux mois après le discours royal prononcé au Parlement où le Souverain a appelé les banques à s’impliquer davantage dans le financement des jeunes et de l’emploi.
Pour El Kettani, il faut faire la distinction entre deux choses : la stratégie de la banque en matière de soutien aux TPE qui a démarré depuis plusieurs années et qui sera poursuivie et renforcée suite à l’appel royal. Et le programme spécial national de financement des jeunes, de l’informel et des PME exportatrices en cours de finalisation en réponse à l’appel du Roi.
Ce programme sera dévoilé par le gouvernement et mis en œuvre début 2020. Attijariwafa bank y adhèrera au même titre que les autres banques du secteur, mais tout en poursuivant le déploiement de sa propre stratégie de soutien des TPE.
« Nous avons une responsabilité morale »
« SM le Roi a appelé les banques, et à forte raison, à s’impliquer davantage dans le financement des jeunes. Le secteur bancaire, et à sa tête Attijariwafa bank qui est la première banque, a une responsabilité morale importante vis-à-vis de toutes ces personnes en marge du système bancaire. Toutes les banques ne financent pas assez une grande catégorie de la population. Il faut régénérer l’initiative privée qui s’est essoufflée ces dernières années. Il faut libérer les énergies et soutenir les petites initiatives », a répété le PDG de la banque tout au long de la rencontre avec la presse.
En attendant donc de voir à quoi ressemblera le programme spécial national de financement des jeunes, de l’informel et des PME exportatrices annoncé par le Souverain, El Kettani est revenu sur les réalisations de la banque en matière de financement et d’accompagnement des TPE et dévoilé ses ambitions pour les années à venir.
« Créée en 1904, notre banque a démarré et grandi avec les TPE. Et je peux vous dire qu’aucun entrepreneur marocain riche d’aujourd’hui n’est né riche dans les années 1940. Tout a démarré avec des TPE et des hommes/femmes qui ont mené un combat pour développer leur business », se rappelle, nostalgique, El Kettani qui a 36 ans de carrière au sein du groupe AWB.
Combattre les freins psychologiques
En 2007 déjà, soit 4 ans après la fusion BCM-Wafabank, le groupe voulait démystifier l’acte d’entreprendre et instaurer un écosystème favorable à l’entrepreneuriat. Une étude sociologique avait été menée. Elle a permis de mettre le doigt sur deux problématiques majeures : beaucoup de personnes avaient peur de franchir la porte d’une agence bancaire et beaucoup d’autres avaient un frein psychologique tel qu’elles ne pensaient même pas à l’idée de faire appel à une banque.
D’où la stratégie de la banque de lancer une offre de « low income banking » (Hissab Bikhir) à travers sa filiale Wafacash sont le réseau, perçu comme plus accessible, a été étendu à près de 2.000 points de vente.
Par la suite, le groupe a pu identifier les attentes des TPE vis-à-vis du secteur bancaire. Pour lui, la TPE est une entité qui réalise jusqu’à 10 MDH de chiffre d’affaires par an, sachant que le seuil officiel est limité à 3 MDH.
Les attentes des TPE
En gros, voici les attentes des TPE telles que relevées par Attijariwafa bank : une assurance, des frais bancaires bas, des produits financiers adaptés, des délais plus courts, un meilleur accès au financement, du conseil, un accès aux marchés publics et privés, un accès à l’information et à des formations en gestion des entreprises, et enfin la création d’une communauté de TPE.
D’ailleurs, suite au Forum des petites entreprises tenu en février dernier, la banque a formulé 47 recommandations pour renforcer et structurer le tissu des petites entreprises. Elles ont été transmises au gouvernement qui planche sur l’élaboration du Small Business Act.
En tous les cas, bien avant ce forum, la banque a lancé son dispositif de soutien aux TPE qui n’est pas statique et qui s’améliore avec le temps. AWB est précurseur dans ce secteur.
Des engagements annuels de distribution de crédits
Elle a mis sur le marché les offres « Rasmali » combinant une panoplie de services financiers (banque au quotidien, financement, assurance, assistance…).
Elle a en outre adopté une politique volontariste de financement des TPE. Depuis 2014, le groupe s’engage sur une enveloppe de crédits à distribuer. Durant cette première année, 16.730 TPE ont bénéficié de 4,1 milliards de DH de crédits. En 2019, le groupe s’engage à distribuer 18 MMDH aux PME et 9 milliards de DH à 45.000 TPE. El Kettani assure que cet engagement sera respecté à l’instar des précédentes années.
Attijariwafa bank affirme que 30% de son encours de crédits, qui s’élève à 200 milliards de DH à fin juin 2019 (activité au Maroc, hors filiales), sont accordés aux TPME. Son PDG ajoute que 70% de crédits bénéficiant de la garantie étatique Damane Express de la CCG sont distribués par Attijariwafa bank.
Système de scoring et immersions pour comprendre les TPE
Pour pouvoir distribuer autant de crédits et coller à la demande des TPE, 150 agences du réseau de la banque y ont été dédiées. Surtout, pour industrialiser le processus d’octroi de crédits, un système de scoring adapté aux TPE a été mis en place et affiné ces six dernières années. La réponse aux demandes de crédit est délivrée en 48h et l’objectif est de descende à 24h en 2020. Les réponses négatives sont justifiées pour permettre aux TPE de travailler sur leurs insuffisances.
Ceci, sans parler des études de la demande dans toutes les régions et les immersions dans les business des TPE qui sont menées par le personnel de la banque pour rester à l’écoute des besoins de cette clientèle.
Enfin, hormis les actions de promotions de l’entrepreneuriat (trophées « Ana Mâak », émission télévisée, journées « marchés » pour conclure des deals), il y a l’accompagnement non financier à travers le réseau Dar Al Moukawil.
Dar Al Moukawil: l’accompagnement pour limiter la mortalité des TPE
En plus de la plateforme électronique Dar Al Moukawil lancée en 2016 et qui a marqué le démarrage de ce dispositif, neuf centres physiques ont été ouverts dans plusieurs villes et un dixième sera inauguré à Casablanca (qui en compte déjà un) avant la fin de l’année.
(Centre Dar Al Moukawil de Casablanca. Ph. Médias24)
Ces centres, dont les services sont gratuits à destination des clients et non clients de la banque, assurent formations, coaching, conseil et accompagnement, et servent d’espaces de rencontre entre TPE.
« Les gens sont perdus. Un entrepreneur moyennement instruit aura du mal à se retrouver seul devant les milliers d’informations sur les offres de financement, d’accompagnement, de garantie… De plus, il y a de simples notions dans la gestion des entreprises, comme tenir un système de facturation ou une comptabilité, qui sont méconnues de plusieurs entrepreneurs », affirme Mohamed El Kettani.
Ce dernier poursuit : « le taux de mortalité des TPE est mondialement élevé, il s’élève à 70% et seules 30% qui arrivent à survire. Quand ces structures bénéficient de l’accompagnement nécessaire, ces taux peuvent être inversés », conclut le PDG d’Attijariwafa bank.
Il a annoncé que suite à l’appel royal, et en plus de l’adhésion au programme spécial national de financement, le groupe va accélérer les ouvertures d’agences spécialisées dans les TPE, de centres Dar Al Moukawil, de points de vente Wafacash. Autrement dit, la banque lancera un programme « Ana Mâak » deuxième génération.
Source : Medias24