Le brillantissime Imam Dicko n’a pas encore fini d’étonner. Après avoir donné du fil à retordre au Président ATT, qui a été contraint d’abandonner son fameux projet du code de la Famille, l’imam Dicko a été le dernier rempart pour les protagonistes, à savoir la classe politique et la junte militaire, suite au coup d’Etat du 22 mars 2012. Après la sortie de crise, quand il s’est agi d’aller aux élections, il s’est affiché clairement avec le candidat IBK en 2013 et pour l’élection duquel il a appelé ses partisans à voter à visage découvert.
Mais, la lune de miel n’a duré que quelques années, déçu, il s’est rétracté en reconnaissant avoir commis une erreur et en appelant à voter contre celui qu’il encensait il y a juste trois ans. Ce dernier passa, du moins officiellement, dans des conditions très troubles et malgré l’opposition d’une frange importante des religieux. Mais l’Imam Dicko ne décolère pas. Il remplit encore le stade du 26 mars de Bamako le 10 février 2019 pour dénoncer la mal gouvernance et surtout le projet d’éducation sexuelle que le gouvernement s’apprêtait à initier dans nos établissements scolaires. Jusque-là notre respecté imam est resté cohérent, même si ses détracteurs avaient commencé à dire qu’il avait un agenda politique et qu’il était en colère contre le régime IBK parce que son poste de Président du Haut Conseil Islamique était convoité par le camp rival, mais aussi et surtout, que la fameuse commission des bons offices qu’il présidait était sujet à polémique et que le Premier Ministre SoumeylouBoubèyeMaiga a décidé de la dissoudre.
Au sommet de la pyramide avec une très grande popularité, ses détracteurs ont eu du mal à convaincre les nombreux partisans de l’Imam qui le considèrent d’ailleurs comme leur guide très éclairé. L’Imam Dicko arrivera enfin à bout du très controversé Premier Ministre SoumeylouBoubèyeMaiga après la mémorable manifestation du 5 avril 2019. Auréolé de cette autre victoire et jouissant d’une très grande popularité, l’Imam Dicko est alors devenu un acteur majeur de la vie sociopolitique. Dans la foulée de cette victoire sur Soumeylou Boubèye Maiga, ses partisans créèrent la Coordination des Mouvements et Associations de soutien à l’Imam Dicko, CMAS. Une association politico religieux dont le but était de jouer le rôle de sentinelle. Un nouveau Premier Ministre a été nommé, en l’occurrence Boubou Cissé, ce dernier serait un proche de l’Imam, au choix duquel son avis aurait été demandé. Son premier objectif qui était de faire partir SBM, vient ainsi d’être atteint. Le deuxième objectif l’a été aussi car il a fumé le calumet de la paix avec son ex-ami IBK et s’érige désormais en acteur incontournable du jeu politique malien.
L’Imam Dicko, au lieu de rester dans son rôle de faiseur de roi, a décidé de descendre clairement dans le marigot politique malien avec son Association pour conquérir le pouvoir. En tout cas, si l’on s’en tient à la déclaration de son porte-parole, Issa Kaou Djim, il n y a plus l’ombre d’aucun doute que l’imam a un agenda politique. Malgré le démenti formel de son porte-parole quand à une éventuelle candidature de l’Imam à une quelconque élection, le doute plane sur l’ambition présidentielle du célébrissime Imam, surtout que sous la transition il a affirmé qu’il ne refuserait rien à son peuple. Les masques semblent définitivement tombés et notre Imam a troqué son manteau de leader religieux à celui de dirigeant politique. dirigés contre les autres leaders politiques. Bienvenue Imam dans le landerneau politique malien
Youssouf Sissoko