«Chers parents, ici au Mali, l’avenir est sombre. Le ciel s’est assombri davantage pour nous, enfants de pauvres. L’école qui est censée nous apporter une éducation croule sous le poids de la grève. Nous qui ne pouvons pas aller dans leurs écoles, celles des enfants des gouvernants, sommes les victimes de la guerre entre les syndicats et le gouvernement. Chers parents, nous sommes impuissants face cette crise et notre avenir se détruit chaque matin, à l’appel du muézin. Qui pour nous sauver ? On s’en remet à Dieu ! ».
Ce cri de cœur, à travers une missive que l’on pourrait prêter à un élève, dont les parents sont pauvres, résume, en quelques mots, le désespoir qui se profile à l’horizon 2020 en ce qui concerne l’école malienne, à cause des grèves.
Oui l’avenir est incertain pour ces millions d’écoliers qui ont passé des mois, sans cours, l’année dernière, à cause du bras de fer entre les enseignants et le gouvernement. Cette année aussi, le même scénario se dessine, et très dangereusement. L’année sera-t-elle sauvée ? Sans doute, surtout avec beaucoup de tapages ? Les conséquences de ces grèves sur le niveau des élèves ? IBK a pourtant la réponse à cette question, s’il veut laisser une marque indélébile à la postérité.
Les négociations ont encore échoué entre le gouvernement et les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016. Et une nouvelle grève des enseignants commence ce matin. Pendant 14 jours donc, les élèves du Mali, ceux des établissements publics, resteront dehors. Quel gâchis ! Contrairement aux années précédentes, cette année, les élèves eux-mêmes ont commencé à prendre leur destin en main pour réclamer la reprise des cours partout à travers le pays. Leur cri doit être entendu, ils sont l’avenir de ce pays comme ceux qui sont dans les écoles privées. L’État et les enseignants doivent trouver rapidement une solution à cette grève. Que réclament les enseignants ? L’application de l’article 39 de la Loi portant statut du personnel enseignant qui stipule que « Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général des fonctionnaires s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’enseignement fondamental, secondaire, de l’éducation préscolaire et spéciale ». Les questions qu’il faut se poser : pourquoi le gouvernement a accepté cette disposition alors qu’il savait qu’il allait la piétiner ? Avait-il été obligé de l’accepter à l’époque ? Question ! En tout cas, il est incompréhensible que le gouvernement ne respecte pas les engagements qu’il a pris de son propre gré.
Ces grèves mettent en danger l’avenir de tous ces millions d’écoliers, donc celui du Mali. Les deux camps, gouvernement et enseignants, doivent vite s’employer à trouver une solution à cette situation qui n’honore pas le Mali. Les écoliers ne doivent pas passer des mois dehors cette année.
Boureima Guindo
Source : LE PAYS