Check-points au pays dogon: le gouvernement a-t-il raison de sortir les muscles ?

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Boubou Cissé
Boubou Cissé

Le gouvernement Boubou Cissé n’a apparemment pas tiré les leçons de la dissolution ratée du groupe armé d’auto-défense dogon Dan Nan Ambassagou (mars 2019). Au terme de sa visite de deux jours dans la région de Mopti, le Chef du Gouvernement engage un nouvel bras de fer avec les chasseurs dogons. S’insurgeant contre les check-points tenus par la milice dogon, le Premier ministre Boubou CISSE a immédiatement pris la décision de leur démantèlement, dit-il, dans les 5 jours à venir.

Le maintien de ces check-points est pour le Gouvernement qui prend le relais de la campagne anti-Dan Nan Ambassagou un défi à la souveraineté, une cause d’insécurité et un moyen de racket entre les mains des chasseurs dogons qui s’y livrent à un véritable contrôle au fasciés. Une manière très subtile d’accuser Youssouf TOLOBA et ses hommes de procéder par catégorisation ethnique, sinon de pratiquer dans cette zone une politique d’épuration ethnique.

Ce n’est pas tout. Le Gouvernement estime injustifiable et intolérable de la part de Dan Nan Ambassagou l’entrave à la circulation des FAMa  par le biais «d’individus qui de par leurs agissements, mettent en danger la vie de femmes et d’enfants instrumentalisés ». Clamant son autorité dans un communiqué à Bamako, le Gouvernement assure avoir pris toutes les mesures pour mettre un terme à ces actes qui ne peuvent prospérer dans la République souveraine du Mali.

En attendant de voir l’acte suivre la parole, le Gouvernement n’aurait-il pas été mieux inspiré lui-même de ne pas donner l’impression de procéder par apartheid. En effet, contre comment le Gouvernement peut-il se mettre vent-débout et la taxer sans le dire de génocidaire sans se discréditer contre une milice au Centre du pays qui érigerait des check-points et entraverait la libre circulation des FAMa et des Forces internationales, tandis qu’il cajole et entretient au Nord à grands frais d’autres milices armées, fussent-elles signataires de l’APR, qui font pire y compris en interdisant l’accès de leur zone aux délégations officielles et en caillassant des convois ministériels ?

Après avoir casernés plusieurs centaines de ses forces combattantes à Kidal, le Gouvernement va-t-il prendre le risque d’engager dans une zone aussi installe une guerre aux chasseurs qui pourrait vite se mettre la coupe de Amadou Kouffa ? La dialogue avec les groupes armés ne devrait pas être en fonction du fasciés. Le Gouvernement gagnerait plus en crédibilité et en inclusivité à prendre langue avec la milice Dan Nan  Amabassagou comme il l’a fait, en juillet dernier, lorsqu’il s’était agi de sceller la paix entre Peulh et Dogon.

Croire qu’on peut imposer la paix dans la région de Mopti, notamment dans le pays dogon, sans la milice Dan Nan Ambassagou, c’est prendre le risque d’un embrasement. La preuve, c’est que la milice dissoute est bien celle qui tient encore les check-points, donc qui a le contrôle effectif des axes routiers. A moins que le Gouvernement n’ait opté pour une dissolution armée cette fois-ci. Là, il étalerait un visage exécrable ce lui qui abuse du traitement discriminatoire. Au nom de quelle légalité, de quel principe républicain ?

Affaire à suivre

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-matin

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