Le Président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé devant la représentation nationale qu’il ne sera pas candidat pour un troisième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. Par cette annonce, Alassane Ouattara vient d’inscrire son nom en lettres d’or dans les annales de l’histoire de son pays et mettrait à coup sûr une pression supplémentaire sur Alpha Condé, qui dans sa folie du pouvoir veut transgresser toutes les lois de la Guinée pour s’y maintenir au-delà du délai constitutionnel. Cette sortie du Président ivoirien que certains analystes qualifient d’historique, de sage ou de courageux, permettra au Président sénégalais de mettre un peu de sel dans son « Thiébou Diène » lui qui laisse planer le doute sur ses intentions réelles. Par cet acte de portée historique, le grand bâtisseur qu’est Alassane Ouattara va-t-il devenir un héros national voire africain ? La démocratie n’est-elle pas véritablement en marche en Afrique de l’Ouest ?
Toute la Côte d’Ivoire retenait son souffle et s’inquiétait des spectres de la guerre civile à l’image de celle de 2010 avec un bilan macabre de plus de 3000 morts. Il n’en sera finalement rien, car l’une des causes qui pourraient être à la base de la guerre civile en Côte d’Ivoire vient d’être résolue avec le renoncement par le Président de la Côte d’Ivoire à un troisième mandat à la tête de son pays. Sa décision a été vivement saluée par ses compatriotes de tous bords politiques, de toutes obédiences religieuses, et elle a enlevé une grosse épine du pied des amis et partenaires de la Côte d’Ivoire qui avaient déjà commencé à prendre des dispositions pour pallier d’éventuels soubresauts qui pourraient agiter le pays d’Houphouët Boigny. Alassane Ouattara vient de donner une leçon de démocratie et de morale à ses autres pairs, surtout à ceux qui nourrissent l’ambition de se maintenir au pouvoir contre la volonté de leurs peuples, comme c’est actuellement le cas en Guinée Conakry.
En effet, même si le Président Guinéen venait à renoncer, il aurait déjà franchi la ligne rouge en massacrant d’abord son peuple. Le bilan macabre des répressions contre les manifestants opposés à son troisième mandat fait froid dans le dos, surtout venant de celui qui a lui-même été victime des mêmes répressions, de la prison pendant des décennies et qui ne devra son salut qu’à la mobilisation de son peuple et de toute l’Afrique. Alpha Condé, en plus de la déception, ne cédera qu’après avoir entaché ses deux mains de sang des innocents guinéens. Il sortira dans tous les cas de figure par la petite porte de l’histoire alors qu’il y est rentré par la grande. Le terrain est désormais balisé par Alassane Ouattara. Donc, le vieux lion édenté et sans griffes, Alpha Condé, n’aura plus le choix.
Il s’en ira comme un vulgaire Monsieur ou laissera sa peau dans ce combat, car le vaillant peuple guinéen restera debout et déterminé jusqu’à l’annonce solennelle du renoncement à sa fameuse révision constitutionnelle et surtout à un troisième mandat à la tête de la Guinée de Sékou Touré. L’effet domino ivoirien, le pays locomotif de la sous-région, fera ces effets dans d’autres pays comme la Guinée d’Alpha Condé et le Sénégal de Macky Sall. Ce dernier laisse planer des doutes sur ses vraies ambitions par rapport à un troisième mandat.
Macky Sall, qui aurait dû lever toute ambiguïté, fait plutôt un sondage d’opinion pour savoir l’audience que le peuple sénégalais réservera à son éventuelle ambition. Mais avec ce coup de massue donné par le Président Ivoirien à certains de ses pairs qui ambitionnent de se maintenir au pouvoir dans leurs pays, les lignes de l’alternance bougeront inexorablement.
En définitive, bien que la Constitution ivoirienne n’interdit pas à Alassane Ouattara de se présenter pour un autre mandat, il a lui-même fait preuve de sagesse en y renonçant pour éviter une autre crise aux conséquences incommensurables pour la Côte d’Ivoire et ses voisins. Du grand bâtisseur, avec des réalisations que nul ne pourrait contester d’avoir impacté positivement sur le développement et sur la vie des ivoiriens, Alassane Ouattara est en passe aujourd’hui de devenir l’un des héros de la Côte d’Ivoire moderne et surtout l’un des plus grands démocrates du continent africain. Que son cas fasse école dans la sous-région.
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept