Le site du Tombeau des Askia, construit en terre en 1495 par l’empereur songhay Askia Mohamed, comprend un tombeau pyramidal et une mosquée. Celle-ci, l’une des plus grandes de la ville, est encore utilisée par les habitants.
Le site ne présente pas de signe flagrant de dégradation, mais est soumis à un risque structurel.
Le projet a été solennellement lancé, le 10 mars dernier dans la cité des Askia, avec la participation de la ministre de la Culture, Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo, de Valéry Freland et de l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga. La question était au cœur d’une conférence de presse, organisée, jeudi dernier, au ministère de la Culture. Le secrétaire général du département de la Culture Yamoussa Fané a insisté sur l’importance de la réhabilitation de ce patrimoine culturel. En effet, le Tombeau des Askia représente un pan important de notre histoire, de notre savoir-faire et de notre désir de vivre ensemble. Il est surtout le symbole d’un islam tolérant et ouvert sur le monde. « Le plan de réhabilitation qui s’étend sur deux ans, c’est-à-dire jusqu’en 2022, doit permettre de sauvegarder « un témoignage spectaculaire de la richesse du patrimoine malien », a déclaré Valery Freland, directeur de l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (Aliph). Cette organisation cofinance le projet avec l’état en mobilisant 500.000 dollars, soit environ 300 millions de Fcfa. Concrètement, la réhabilitation consistera à restaurer certains piliers qui soutiennent la toiture, la réfection de la toiture, car plusieurs couches de banco ont été déposées sur les murs au cours des différents crépissages annuels. Cela commence à peser assez lourd, a déclaré le directeur national du patrimoine, Moulaye Coulibaly. à cela s’ajoute la réfection du mur d’enceinte et de la mosquée attenante au tombeau, entre autres.
Classé au patrimoine mondial en 2004, le site a été ajouté en 2012 sur la liste du patrimoine en péril en raison des turbulences enregistrées dans notre pays depuis 2012. Lorsqu’un groupe jihadiste avait occupé Gao pendant dix mois, la population de la ville avait protégé avec détermination ce patrimoine qui demeure l’un des principaux héritages de la culture songhay, dont le peuple régna sur un large empire ouest-africain entre les 15e et 16è siècles. Créée en 2017 sous l’impulsion de la France, l’Aliph est une organisation internationale de sauvegarde du patrimoine en zone de conflit. Huit pays en sont les bailleurs parmi lesquels la France, les Émirats Arabes Unis et l’Arabie saoudite. Elle subventionne aussi dans notre pays un second projet sur la réhabilitation des manuscrits anciens de la mosquée de Djinguiraybère de Tombouctou. Actuellement, Aliph finance 50 projets pour un coût total de 17 millions de dollars, a révélé Valéry Freland. « Ce qui nous intéresse, c’est agir sur des projets concrèts », a-t-il ajouté. Chaque année, la fondation fait un à deux appels à projets. Mais, elle peut intervenir en urgence sur des cas, dont elle est saisie, soit par des Etats, soit par des associations.
Youssouf DOUMBIA
Source : l’Essor