Le gouvernement malien ne jurerait que par la légalité constitutionnelle. Car après un premier tour des élections législatives très laborieux, le second tour aura bel et bien lieu comme prévu pour le dimanche prochain. Ainsi, les hautes autorités entendent bien en finir avec la précarité institutionnelle du pays et aller de l’avant dans le processus de normalisation sur le plan de la gouvernance. Cependant, un tel forcing a un sacré coût. Et nombre de Maliens prient pour que le second tour ne soit point comme le premier.
Le Mali a certes tenu le premier tour des élections législatives, mais à quel prix ? Des agents électoraux ont été enlevés au nord sans oublier le malheureux chef de file de l’opposition qui demeure jusqu’à l’heure entre les mains de ses ravisseurs, des urnes ont disparu et des civils ont été tués dans des attaques terroristes au nord. Aussi, le manque de matériels sanitaires dans certains endroits en réponse à la pandémie du Covid-19 a été constaté. De ce fait, il est à craindre une forte chute du taux de participation au second tour.
De plus en plus de Maliens s’interrogent : « si le chef de file de l’Opposition a pu être enlevé, alors que dire de la sécurité du citoyen lambda ? ». Cette interrogation prend tout son sens dans des zones relativement reculés. Les terroristes profitèrent du premier tour pour faire mal au processus de normalisation voulu par l’ensemble du pays. Et il est fort probable qu’ils récidivent.
Le président de la République, lui, justifie, entre autres, le maintien du second tour par la volonté exprimée des Maliens à travers le Dialogue National Inclusif et par la nécessité de rentrer dans la légalité constitutionnelle. Il s’agit d’arguments valables à première vue sauf qu’au moment de l’enregistrement des recommandations du DNI, le contexte socio-sécuritaire n’était point le même. Aujourd’hui, en plus du désintérêt qu’éprouvent les Maliens pour la chose politique, s’ajoute la délicate question sanitaire du Covid-19 et la sécurité des électeurs dans les régions à fort risque d’attaques terroristes. Ce qui induit un sentiment de délaissement au sein de la masse publique de la part des hautes autorités. Celles-ci par les membres qui la composent seraient des privilégiés du pays, et pour cela, seraient à l’abri de tout désagrément lié à la maladie ou à l’insécurité. Ils ne se soucieraient guère du bien-être général de la population. D’ailleurs, beaucoup s’indignent de constater qu’en même temps, le conseil des ministres se tient par visioconférence.
Qu’à cela ne tienne, le Mali se dotera au niveau de l’Assemblée Nationale de 147 nouvelles mandatures. Peu importe leur légitimité pourvu qu’elles soient légales.
Ahmed M. Thiam
Source : Inf@sept