Le Mali continue de se singulariser dans la lutte préventive universelle contre le Coronavirus. Pendant que le monde entier consent à une extension des mesures y afférentes à la fermeture des lieux de culte, les mosquées maliennes continuent d’officier en assemblant des dizaines voire des centaines de fidèles et au moins quatre fois par jour.
Plus spectaculaire encore, les fidèles n’arrêtent pas de converger chaque vendredi pour la traditionnelle prière hebdomadaire qui en rassemble davantage plus massivement. Des tendances de la religion dominante ouvertement hostiles à un régime plus restrictif continuent ainsi de défier toute la stratégie nationale déployée contre la pandémie du Covid-19 alors que les autorités ont mis un coup d’arrêt à la plupart des activités humaines à travers le pays.
Écoles, bars et restaurants, entre autres, ont mis la clef sous le paillasson, tandis que l’atmosphère politique en est affectée en pleine campagne électorale, de même que les fêtes de réjouissance. Afin d’éviter que le mal ne profite des concentrations humaines pour mieux se propager, les restrictions ont été assorties de l’instauration d’un couvre-feu qui pénalise toutes les activités hormis encore les rassemblements religieux, à en juger du moins par des horaires visiblement taillés sur la mesure des mosquées.
Cette exception malienne n’a pas manqué d’intriguer au-delà de nos frontières où l’opinion internationale s’interroge naturellement sur la témérité qui consiste à s’accrocher sur les obligations religieuses en exposant la vie des pratiquants, notamment dans l’un des pays du monde les moins dotés en moyens techniques et matériels contre la pandémie. Interrogé récemment sur la question par des médias étrangers, l’un des tenants les plus en vue de l’exception religieuse, l’ancien Président du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko, n’en a pas dit plus que sa perception qui avait résonné comme un défi lancé au président de la République.
Il a notamment expliqué qu’il revient aux pouvoirs politiques et non confessionnels d’endosser la responsabilité d’une fermeture des mosquées, sachant pertinemment que les hautes se sont volontairement dessaisies des mesures relatives à la religion pour se soustraire à la sensibilité de la question. Et si les cultes minoritaires leur ont facilité la tâche en décidant d’une suspension temporaire de leurs rassemblements, les mosquées quant à elles continuent de défier la pandémie au risque de constituer un vecteur de sa propagation. Ni les Imams ne se résolvent à épargner à la population le péril d’une contamination massive, ni les hautes autorités ne se montrent assez tranchantes pour fermer des milieux susceptibles d’annihiler leurs efforts de protection des citoyens contre le Covid-19.
À quoi sert, en définitive, le renoncement à l’école dans un système assez permissif pour autoriser leurs parents à ramener le virus d’un lieu de culte ? Pendant que les hautes autorités demeurent indécises face à l’équation, l’épidémie continue sa progression discrète au Mali avec plus 140 cas déjà confirmés avec nos faibles moyens de détection, 13 décès constatés et heureusement un nombre assez encourageant de malades rétablis.
A KEITA
Source : Le Témoin