Le président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), SoumaïlaCissé est toujours introuvable. Certes, il vit, mais supporte douloureusement une blessure à une main consécutive à son enlèvement. Il dort à la belle étoile ou entre grottes et flores. Si santé signifie paix de l’âme, physiquement apte et exempt, mais aussi moralement irréprochable, alors Soumi est malade. Mais l’opposant malien n’est pas abandonné à son propre sort. Pour preuve, la Sécurité d’Etat est au fur et au moulin pour décrypter le moindre indice pendant que le ministère de la Sécurité intérieure s’active pour coordonner les actions et éviter tout aventurisme délibéré pour ne pas disperser les forces comme le cas d’Amadou Kalossi, maire de Koumaïra lequel vient de se faire kidnapper par les mêmes jihadistes après un « raid » solitaire dans le cadre d’une médiation unilatérale.
La démarche et le degré d’engagement de la Sécurité d’Etat, cumulés aux motivations du département de l’Intérieur redonnent l’espoir à tout un peuple.
Notre frère, ami et compatriote SoumaïlaCissé est l’otage des jihadistes depuis le 25 mars dernier quand son convoi a été attaqué et intercepté par des hommes armés identifiés comme des éléments d’Amadou Kouffa alors qu’il revenait de Niafunké où il était en campagne électorale en vue des législatives passées (il a été élu dès le premier tour le 29 mars). Rapt au cours duquel son garde du corps a trouvé la mort entre Saraféré et Koumaïra sa future destination à l’invitation du maire de cette localité, lui aussi, pris par les ravisseurs comme susmentionné. Mais depuis deux semaines, des factions rebelles sont en guerre. Pour l’heure, les ravisseurs privilégient ces combats au détriment des négociations désormais interrompues en attendant la fin des hostilités inter jihadistes. Face à cette équation énigmatique, Soumi a-t-il été transféré dans la forêt du Wagadou ?
Cette forêt est extrêmement dense, difficile d’accès, davantage assombrie par la présence de grands arbres apanages de la forêt humide, mais aussi habitée par les malfaiteurs incarnés par les Jihadistes. Ici, en raison de sa position géographique, tout échappe aux images satellitaires et les frappes aériennes attribuables aux armes conventionnelles sont aléatoires. SoumaïlaCissé, souvent annoncé dans la forêt du Macina, a-t-il « atterri » dans ce bagne naturel, une zone inhabitée et un refuge idéal pour bandits armés ?
Les négociations au point mort
Le gouvernement malien est aujourd’hui très impliqué contrairement à ce que certains insinuent dans la libération de l’opposant malien. Seul hic : les ravisseurs sont injoignables au téléphone à l’heure actuelle. Cette situation est consécutive aux récents accrochages entre différentes forces du mal au nord. Cela a relégué au second plan les discussions ou négociations, pourtant avancées, entre les services habilités maliens et la tendance Amadou Kouffa. Le paiement d’une rançon ? Oui, il en a été question. Les mercantilistes humains attendent toujours des propositions alléchantes de nos autorités. Le paiement de la rançon n’est pas la seule panacée pour libérer Soumi, l’échange des prisonniers devra également intervenir dans ce commerce éhonté. Il ressort de nos sources que la rançon a été fixée à 50 milliards de FCFA, que la tentative de ramener l’offre à « 3 petits milliards » est à l’origine de la volte – face des hommes sans foi ni loi. D’ailleurs, nous écrivions dans notre précédente édition que les présidents Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, MackySall du Sénégal et Dénis SassouNGuesso du Congo n’auraient posé aucun obstacle quant au paiement d’une éventuelle manne financière, dans la discrétion, certes, mais que tout préalable reste que « Soumi recouvre la liberté ». Mais le montant indexé est exorbitant. Ousmane IssoufiMaïga qui coordonne la Cellule de crise pour la libération de SoumaïaCissé est un gros travailleur qui agit par anticipation, mais qui n’a pas la ruse d’un ATT, doué et fin connaisseur des terroristes. Il serait à son rôle ici.
Cependant, il faut agir vite car le patron de l’opposition souffre. Il est malade. Il a été touché à la main lors de son arrestation.
D’une blessure bénigne à une plaie béante ?
Le journal « Le Matinal » a fait un travail de fourmi pour avoir des informations dans les moindres détails concernant SoumaïlaCissé. Ce qui ne fait aucun doute, c’est que l’opposant malien a une blessure, « bénigne », dit-on, à un doigt consécutive à son arrestation.
Pour ce policier spécialiste en criminologie et coutumier des enquêtes sur les braquages et l’attaque de véhicules, le Garde du corps du patron de l’URD a été immobilisé par des tirs de rafales venant des ravisseurs, touchant également le chauffeur assis à gauche, lui aussi blessé. Dans l’incident, le Garde du corps a riposté et a été mortellement atteint. Puisque Soumaïma était assis juste derrière son protecteur ou sa garde rapprochée, un éclat de balle ou un projectile quelconque l’aurait blessé à la main ou au doigt. Certains pensaient même que le Garde ne peut être tué sans que Soumi ne soit atteint par une balle de par sa position accrochée.
La présidence de la République malienne salue la disponibilité des services de renseignement, mais aussi celle du département de l’Intérieur. Les dernières nouvelles indiquent des correspondances entre la Sécurité d’Etat et les ravisseurs, selon des sources très imbibées dans l’affaire. Les parties étaient sur le point de trouver un accord lorsque les hostilités entre camps antagoniques ont commencé. Dès lors, selon des informations, les ravisseurs sont devenus injoignables. Des proches de Moussa Diawara, Directeur de la S.E. indiquent qu’il ne dort plus, que le Général Salif multiplie, lui aussi, les initiatives. Tout semble mis à contribution pour que l’enfant de Niafunké recouvre sa liberté. « IBK est satisfait de leur degré d’implication et d’engagement » relève une source proche de la famille présidentielle.
Un bémol toutefois, la blessure à une main du mari d’Aminata Traoré. On craint que la plaie ne gangrène. Il semble que des médicaments auraient été envoyés. Mais avec les affrontements fratricides entre eux, leur position n’est plus fixe. Certains pensent qu’il a été muté vers la forêt du Macina alors que les plus avisés pensent qu’il est dans l’enfer du Wagadou, sombre, rocailleux, et inaccessible, même par vue satellitaire, loin des combats quotidiens de Kidal et environs. Faut-il aujourd’hui faire appel à ATT, rompu à la haute négociation et familier des ravisseurs ?
Issiaka Sidibé
Source : Le matinal