Édito : marcher sur les institutions ? Pas question !

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Le directeur de publication du Journal « Le Pays », Boubacar Yalcoué
Le directeur de publication du Journal « Le Pays », Boubacar Yalcoué

Prendre la rue, casser les biens publics, brûler des pneus sur les routes nationales et quelques grandes voies du district et certaines capitales régionales, appeler carrément à la désobéissance civile et par-delà donner des instructions aux citoyens révoltés pour marcher sur les institutions.

Voilà en quelques phrases traduites les intentions de ceux-là qui se revendiquent plus républicains.

Il est bon de leur faire comprendre que leur démarche n’est qu’une bêtise humaine qui au lieu de panser les plaies impactera beaucoup sur leur putréfaction.

Pour rafraichir la mémoire à ces chefs de surexcités irrationnels, quelles sont les retombées de 2012 ? Désolation et regret ! Le peu qui existait sous ATT a été détruit et le pays conduit à la ruine après.

Manifester son mécontentement face à certaines décisions politiques est un droit accordé par la constitution. Les dérapages actuels de nos gouvernants méritent aussi une réponse appropriée de la part du peuple. Crise scolaire ; gestion de la lutte contre le coronavirus surtout le couvre-feu ; tensions autour de l’arrêt politique de la Cour Constitutionnelle… tout cela mérite révolte, mais pas conduire les manifestants à poser l’irréparable.

Les pressions doivent avoir pour finalité contraindre les gouvernants à écouter et ouvrir un dialogue franc avec les gouvernés. Les illustrations les plus parfaites, c’est la lutte AN TE A BANA, la gigantesque marche appelée marche du 5 avril qui ont poussé IBK à accepter un accord politique de gouvernance et aller vers un dialogue national inclusif. L’appel a été lancé à tout le monde sans exception. Mais, les réticents  étaient encore là alors que c’était un moment propice pour eux d’exposer leur vision sur comment sortir le Mali de ce trou.

Cette démarche d’IBK prouvait qu’il ne supporte plus les charges et qu’il fallait fédérer les efforts. C’était une grande victoire pour les esprits critiques qui n’avaient jamais été pris au sérieux par IBK pendant  son premier quinquennat.

Le Mali d’aujourd’hui souffre et n’a pas besoin qu’on en rajoute. Nord et centre, presque perdus… devons-nous continuer avec des actions dangereuses pour faire sombrer le sud, précisément la capitale ? Si cela se passe, que Dieu nous en éloigne, où allons-nous mettre la tête ? Quelle alternative pour redresser la barre ? Aucune.

Il est nécessaire que les manifestants sachent qu’il est plus facile de sauver une Nation qui titube que celle qui est complètement à terre.

S’ils ne veulent pas d’IBK, ils ont raté la belle occasion pour le déposer démocratiquement : la présidentielle de 2018.

Et la plupart de ceux-là qui inondent la rue, ce sont eux qui ont mouillé le maillot pour sa réélection à tout prix.

D’accord pour mettre la pression afin d’aboutir à un dialogue franc dont le rapport final soutenu par tous sera imposé aux gouvernants… mais, pas question de marcher sur les institutions. Ceux qui sont animés par cette ineptie sont des ennemis de la République et  méritent le pire des châtiments.

Boubacar Yalkoué

Source : Le pays

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