L’Aéroport International Modibo Keita de Bamako-Sénou n’a vraisemblablement pas échappé à l’appétit vorace des plus hautes autorités maliennes avec cette histoire de concession qui anime les débats depuis un certain temps. Allons-nous vers une privatisation clandestine de ce patrimoine? En tous cas, il y a anguille sous roche!
La nouvelle relative à la mise en concession de l’aéroport international Modibo Keita à l’entreprise EGIS est tombée tel un couperet. Et continue de susciter les débats. En effet, l’information a été rendue publique par l’honorable Assane Sidibé fraîchement élu en commune IV sous les couleurs du parti Yelèma (le changement). C’est suite à une réunion en date du 13 mai dernier du ministère de l’Économie et des Finances qui avait pour ordre du jour : l’ouverture des offres financières des soumissionnaires dans le cadre de la mise en concession de l’Aéroport International Modibo Keita. Dès lors, les maliens restent sur leur fin et cherchent à savoir le fond de cette histoire. De quoi s’agit-il réellement ? Est-ce une simple mise en concession ou une privatisation en catimini? Que cache le gouvernement ? Pourquoi mettre une telle entreprise en concession? Quelles seront les conséquences de cette concession pour les employés d’autant plus que des baisses de salaires de 25% ont été annoncées par le PDG ? La concession va porter sur combien d’année et qu’elles sont les clauses?
Autant de questions que se posent les citoyens. Selon bon nombre d’observateurs, cette histoire de concession n’est que la partie visible de l’iceberg. Des sources vont jusqu’à indiquer que le gouvernement envisagerait de passer l’Aéroport Modibo Keita au président du Conseil National du Patronat malien en la personne de Mamadou Sinsy Coulibaly et le frère de lait du Dr Boubou Cissé, Premier ministre, ministre de l’économie et des finances. Mais à la surprise générale, l’information a fuité. Et la meilleure manière d’étouffer pour toujours le dossier, serait d’inventer une histoire de concession.
Au-delà de cette information, l’affaire présente des zones d’ombre. En se référant à certaines informations, nous osons croire que tout n’est pas claire dans cette affaire et nous constatons à la fois des incohérences de la partie gouvernementale. En effet, il révèle que c’est la société canadienne SNC Lavalin qui avait été déclarée depuis 2011 comme adjudicateur temporaire de cette concession. Toute chose qui selon lui, a provoqué l’ire de la société française Egis (dont l’offre avait été jugée non conforme au Dossier d’appel d’offres) de porter l’affaire devant les juridictions compétentes.
À l’en croire, cette procédure a mis un coup de frein à la piste SNC Lavalin. Cependant, il nous revient que lancé il y a de cela 8 mois en catimini, le dossier d’appel d’offres a été remporté sans surprise par le Groupe français Egis. D’ailleurs nos sources indiquent qu’il était le seul postulant, nous apprend notre confrère. Et de poursuivre qu’ainsi tous ceux qui s’intéressent à ce dossier veulent savoir davantage sur cette concession.
Dans cette dynamique, doit-on s’attendre à une éventuelle privatisation de l’Aéroport Modibo Keita? Pour certains, la réponse à cette question ne serait que ‘‘Oui’’. En ce sens que la plupart de nos grandes entreprises ont fini entre les mains d’un autre propriétaire. Le cas de l’Huilerie Cotonnière du Mali (HUICOMA), de l’Énergie Du Mali (EDM) et de beaucoup d’autres entreprises nationales en sont de parfaites illustrations.
Si le député de la commune IV Assane Sidibé a eu le mérite de lever le lièvre pour mettre cette affaire sur la place publique, il nous revient également qu’il a été rejoint par d’autres élus de la nation qui entendent interpeller dans les jours à venir le gouvernement pour tirer au clair cette affaire.
Entre temps, d’autres sources annoncent une bataille judiciaire en vue pour contester la manière dont le dossier d’appel d’offres a été lancé, car ceux qui projettent entreprendre cette démarche estiment avoir des dossiers solides compromettants non seulement pour les responsables en charge du dossier mais aussi pour le PDG des Aéroports du Mali (ADM).
Toutefois, ce député de la commune IV qui s’érige en défenseur du patrimoine de l’État en mettant en cause le potentiel projet de l’aéroport du Mali est lui-même concessionnaire en exclusivité des espaces publicitaires du dit aéroport. Il doit à l’État malien 883,862 millions de FCFA qu’il refuse de payer quand bien même son patrimoine est évalué à 1,7 milliards de FCFA.
En clair, sa sortie en fanfare dès la publication par le gouvernement malien de l’avis de concession de l’aéroport de Bamako-Sénou, est considéré comme étant une réaction visant à défendre ses propres intérêts égoïstes avec un brin de populisme au détriment des intérêts de l’État et des maliens.
Quand ton pantalon est déchiré, il faut le coudre d’abord avant de monter à l’arbre sinon on regardera à travers.
Adama Coulibaly
Source : Nouveau réveil