Une cinquantaine de personnes tuées et des dégâts matériels importants. C’est le bilan des attaques terroristes, en seulement trois jours, contre des populations civiles dans les cercles de Bandiagara, Bankass et Koro. Dans les villages de Tilé, de Damassogo, de Am, de Titam, de Wogon, de Sana, de Indem, de Baladjina, de Koundou, de Senetoboni… le sang des civils a coulé. Mais le Gouvernement a opté pour le silence, l’indifférence.
Si les autorités politiques à Bamako sont préoccupées par le rassemblement du FSD, de la CMAS et de l’EMK, le 05 juin prochain, les populations du pays dogon, elles, sont préoccupées par leur sécurité. Oui, elles sont coupées du reste du Mali et sont tuées comme des mouches par des hommes sans foi ni loi. Elles sont sans défense. Les groupes terroristes tuent des civils, incendient des greniers et autres biens, volent des bétails. La semaine dernière fut noire, meurtrière pour les cercles de Bandiagara, Bankass et koro.
En effet, en trois jours, entre le vendredi 29 et dimanche 31 avril, une cinquantaine de personnes ont été tuées dans ces trois cercles par des groupes terroristes.
4 villages attaqués et 17 personnes tuées dans le cercle de Bandiagara
Du vendredi au dimanche, 4 villages ont été attaqués dans le cercle de Bandiagara et 17 personnes y ont été tuées. Ce n’est pas tout : les greniers et autres biens des villageois ont été incendiés et des animaux ont été emportés. Lesdits villages sont, entre autres : Tilé dans la commune rurale de Doucombo (6 morts), Tintam dans la commune rurale de Dogoni béré (3 morts) , à Baladjina dans la commune rurale de Barasara (6 morts), Koundou dans la commune rurale de Sangha (2).
Tous les morts sont regrettables, mais le cas le plus choquant est celui de Tilé où une femme enceinte et ses 5 enfants ont été brulés vifs dans leur maison.
22 morts dans le cercle de Bankass
Dans le cercle de Bankass, plusieurs villages ont été attaqués entre le 29 et le 31 avril. Mais deux villages, Wogon et Sénetoboni, ont été les plus touchés avec plus d’une vingtaine de morts. A Wogon dans la commune de Ségué, l’attaque a coûté la vie à 16 innocents citoyens. Quant à Senetoboni dans la commune rurale de Tori, 7 personnes dont 4 vieux de plus de 80 ans et 3 enfants ont été tuées, le dimanche dernier.
Une dizaine de morts dans le cercle de Koro
Damassogo dans la commune de Bamba (6morts), Am dans la commune rurale de Bondo (4) morts, Sana dans la commune de Koro (1), Indem dans la commune de Diankabou (1mort et deux portés disparus) sont entre autres les villages touchés par les attaques terroristes dans ces trois jours meurtriers pour les populations du pays dogon.
Les populations dans la terreur !
Les populations qui se sentaient sans protection ne dorment plus de leur sommeil après ces différentes attaques. Celles dont les villages sont situés non loin des zones attaquées craignent leur tour chez les terroristes. « Senetoboni est situé à 2 kilomètres de notre village. Il a été attaqué et des personnes tuées. Nous avons peur pour notre sécurité. Nous n’arrivons plus à dormir », nous a confié un habitant d’un village situé à quelques kilomètres du village sinistré de Sénétoboni. Beaucoup de villages, ne se sentant pas en sécurité, ont rejoint la ville de Bankass où des gros villages. Avec ces différentes attaques, nombreux sont les villages qui ne pourront pas cultiver cette année. Donc en plus de l’insécurité, la famine guette ces populations.
Le silence inadmissible du Gouvernement
Le Gouvernement du Mali qui s’est précipité à répondre la CMA par rapport à ces comportements provocateurs à Kidal, n’a, jusqu’à présent pas produit un seul communiqué sur ces différentes attaques au pays dogon. Pourtant, ce sont des dizaines de personnes qui sont tuées. Quelle irresponsabilité ! N’est-il pas informé de la situation ? Et le déploiement des forces de sécurité promis par le Premier ministre ? Pourquoi les recommandations du rapport de mission des associations de développement des cercles de Bandiagara, Bankass, Koro et Douentza ne sont toujours pas appliquées ? Pourquoi ne pas aller vers une collaboration entre l’armée et les groupes armés républicains contre ces groupes terroristes ? Telles sont de nombreuses questions que beaucoup se posent.
Le Gouvernement Boubou Cissé doit sortir de son inertie sur la question du centre. Fermer les yeux sur les souffrances des populations pourrait augmenter la tension. Produire un communiqué pour condamner les actes terroristes et soutenir les familles des victimes est le minimum que le Gouvernement doit faire.
Boureima Guindo
Source : Le Pays