Éducation : une reprise, des défis

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Les syndicats des enseignants lors d'une conférence
Les syndicats des enseignants lors d'une conférence

Le gouvernement malien décide de la reprise des cours, pour les classes d’examen, ce 2 juin 2020. Un redémarrage qui s’effectue avec d’énormes défis à la clé. 

Après la levée du couvre-feu, le samedi 9 mai 2020, le gouvernement malien décide de la reprise des cours. Une reprise qui s’effectue ce 2 juin 2020. Ce redémarrage des cours n’est pas sans défis.

Depuis mi-mars 2020, toutes les écoles ont été fermées sur décision du Conseil supérieur de défense du Mali. En cause, la propagation de la maladie à coronavirus dans le pays. En avril dernier, le Conseil supérieur de défense a repoussé la rentrée scolaire à ce 2 juin en raison de la situation épidémiologique alarmante.

Malgré tout, cette reprise que d’aucuns appelleront une corona-reprise, n’est pas sans inquiétudes non seulement pour les parents d’élèves, les promoteurs d’écoles privées, mais aussi des enseignants. Car comment comprendre que les classes soient fermées pour raison de pandémie et qu’on les rouvre pendant que le pays compte plus de 1000 cas positifs ? Le paradoxe est à son paroxysme !

Outre cet aspect, cette reprise s’effectue alors que les écoles privées, au moment où nous mettons cet article sous presse, n’avaient reçu aucun accompagnement de l’État en termes de mesures de prévention pour les élèves aussi bien que le personnel administratif. « Nous n’avons pas encore reçu d’accompagnement de l’État. Mais nous allons démarrer avec nos moyens de bord », nous explique M. Samaké, censeur d’un lycée privé à Bamako.

Pourtant cette reprise du 2 juin ne concernera sûrement que ces écoles privées.Puisque jusque-là la situation reste tendue entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation signataire du 15 octobre 2016. Les dernières négociations au cours de la semaine écoulée sont terminées en queue de poisson.

Comme alternative à cette situation des écoles publiques, les autorités semblent misées sur les nouveaux recrus dans la fonction publique des collectivités ainsi que les volontaires engagés. Mais si tel est le cas, la déception passera par là. Nous savons que ces volontaires sont insuffisants en nombre pour couvrir le besoin d’enseignants sur tout le territoire malien. Oui, même s’il ne s’agit que des classes d’examen seulement. Il ne faudrait pas oublier que les classes vont s’augmenter en nombre. Puisque les élèves seront repartis 25 par classe. Outre cela, avant la corona-vacances, la plupart des volontaires ont été mis hors des classes par les élèves. Quant aux nouveaux recrus, les autorités oublient sûrement que ceux-ci vont s’allier directement à leurs collègues en lutte. Pourquoi d’ailleurs vont-ils les trahir en rejoignant les classes sachant bien que la cause reste commune ?

Pour la deuxième phase de cette reprise, les autorités entendent faire entrer toutes les classes. SelonKinane Ag Gadega, secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale du Mali, si la situation épidémiologique s’améliore, les autres classes reprendront à partir du 1er septembre pour deux mois de cours.

Avec cette décision, les craintes s’augmentent. En plus de la peur de contamination par le regroupement des enfants en milieu scolaire en raison du manque de dispositifs de surveillance s’ajoute celle du déplacement et de la sécurité des enfants en cette saison pluvieuse. En effet, dans certaines zones du Mali, les écoles sont difficiles d’accès pendant l’hivernage. Des classes ne sont pas aussi adaptées à des cours sous la pluie. En plus, avec le démarrage des travaux champêtres, beaucoup de candidats dans ces zones auront de la peine à suivre régulièrement les cours. Les autorités étatiques semblent oublier ces paramètres.

Le gouvernement doit tout simplement comprendre qu’il est impossible que la plaie guérisse sur de la pue. En voulant ainsi sauver l’année scolaire, l’État malien va contribuer à sacrifier l’école malienne qui doit pourtant être celle qui doit être sauvée.

Togola

Source : Le Pays

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