De tous les témoignages sincères, élogieux et parfois dithyrambiques, que l’on entend ici et là, au cours de nos pérégrinations dans les rues et quartiers de Bamako, sur le parcours hors norme de cette femme d’exception, Mme Sy Kadiatou Sow, affectueusement surnommée « Salama » par ses intimes, nous retiendrons particulièrement celui d’un ancien maire ( dont nous tairons pudiquement le nom), élu à la tête d’une commune importante de la capitale, au lendemain du big bang de mars 91 : « Vous ne trouverez pas au Mali, une femme qui a autant de qualités patriotiques comme elle, une femme qui a une expérience aussi affinée dans la gestion du pays et de tous les problèmes que notre pays a connus ces dernières années..
Elle a gardé une image inaltérable de son mémorable passage à la tête du Gouvernorat du district de Bamako. Dans sa conduite méticuleuse des affaires de l’Etat, elle n’a jamais mise en avant les considérations partisanes ou politiciennes pour refuser un appui, une aide quelconque à un maire fut-il du camp adverse. Sans la bravoure et l’opiniâtreté de cette dame, le quartier de « Baco-djicoroni-Golfe » ne serait jamais loti. Saviez-vous maintenant pourquoi, ce nom est arrivé ? C’est à la suite de ces chaudes et terribles journées vécues par mon équipe par mon équipe municipale durant plusieurs semaines. Tous les moyens financiers, matériels, humains ont été massivement mobilisés par Mme Sy Kadiatou Sow pour nous permettre de sortir d’un tel guêpier. Et pourtant, nous n’étions pas du même parti et les relations entre nos deux formations avaient atteint, un degré d’animosité sans pareil, presque insoutenable. Mais avec sa lucidité et son tact habituel, elle a toujours su transcender les querelles politiciennes au profit des intérêts supérieurs de notre pays. Sa rigueur morale et intellectuelle, sa combativité, son sens de la justice sociale m’auront surtout marqués à jamais ».
Mais de là, à penser que notre « Salama » national peut prétendre légitimement à un destin national en 2023, il y’a un pas que de nombreux admirateurs n’hésitent pas à franchir, mais sa posture actuelle par rapport au positionnement officiel des Abeilles ne constitue pas de toute évidence un meilleur atout pour elle. Par ailleurs de nombreux militants pensent que l’idéal de solidarité et de partage qui firent naguère la force et la fierté de cette formation a aujourd’hui disparu au profit d’ambitions personnelles. En dépit de toutes les critiques réelles ou infondées, Mme Sy Kadiatou Sow est restée toujours fidèle à cette formation « historique », parce que persuadée que les contradictions internes au sein du parti ne doivent pas surtout servir d’alibi, pour abandonner le navire Adema au milieu du gué. Si tous les cadres politiques de notre pays avaient compris ça, il y’aurait eu moins de partis « fantômes », qui peuplent inutilement le champ politique. Lors des élections présidentielles de 2002,elle devient la directrice de campagne du candidat de l’Adema-Pasj, en la personne de Soumaïla Cissé, mais à la surprise générale, elle n’accepta pas de franchir le rubicond, pour suivre le brillant technocrate dans sa nouvelle aventure politique, alors que visiblement elle possédait toutes les qualités nécessaires pour pouvoir jouer un rôle historique de premier plan au sein de l’URD.
Après le départ d’Alpha Oumar Konaré de la scène politique, la combativité et le dynamisme de cette « icône » du mouvement démocratique ne seront plus appréciées à sa juste dimension par tous ceux qui ont longtemps “fantasmé” de prendre sa place. Elle a dû se résigner à accomplir de simples rôles d’animation au sein de l’Adema-Association, dont nul n’ignore le puissant rôle catalyseur, qu’elle a joué dans la chute du régime du General Moussa Traoré.
En première ligne au sein de la plateforme « An tè a bana »contre une révision programmée de la constitution par le régime d’IBK, Mme SY est restée inflexible sur sa position jusqu’au retrait pur et simple de ce texte qui signait la mort définitive de tous les acquis sociaux et démocratiques de Mars 91( selon ses initiateurs).Cette liberté de ton et d’action de cette grande dame, qui a toujours refusé la compromission n’est visiblement pas du gout de certains « pontes » de sa formation politique, plutôt soucieux de la préservation , de leurs intérêts personnels et égoïstes. C’est pourquoi, l’épineuse question d’une candidature interne continuera toujours de susciter de grands débats, de diviser le parti en clans rivaux.
B CAMARA
Source : Le Phénix