A l’instar de l’épée de Damoclès menaçant le tyran, l’imam Mahmoud Dicko tient désormais le pays en mains et peut, à tout moment, faire basculer son histoire…
Damoclès est une figure présentée dans une allégorie morale dite de « l’épée de Damoclès ». Cette expression est utilisée pour signifier qu’un danger constant peut nous frapper. Damoclès, un orfèvre, est le personnage-clé d’un épisode de la mythologie grecque.
L’anecdote aurait vraisemblablement figuré dans l’un des livres — maintenant perdu — des Histoires de l’historien grec Timée de Tauroménion. L’orateur romain Cicéron aurait ensuite lu l’anecdote dans la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile pour en faire usage dans ses Tusculanae disputationes, par le biais desquels elle pénétra la culture populaire européenne.
Denys l’Ancien, tyran de Syracuse, vivait dans un château cerné d’une fosse et sans cesse sous la surveillance de nombreux gardes. Denys, toujours sur le qui-vive, évoluait alors au milieu de courtisans qui devaient le flatter et le rassurer. Parmi eux, Damoclès, roi des orfèvres, ne cessait de flatter son maître sur la chance qu’il avait d’être le tyran de Syracuse.
Agacé, celui-ci lui proposa de prendre sa place le temps d’une journée. Au milieu du festin, Damoclès leva la tête et aperçut une épée suspendue au-dessus de lui ; cette épée était retenue par un crin du cheval de Denys. D’autres disent que cette épée était suspendue par le tyran Denys. Et, ainsi, il montra à Damoclès que son rôle de tyran possédait deux faces, c’était à la fois un sentiment de puissance et le risque d’une « mort » pouvant frapper à tout moment.
Ainsi, en véritable leader, l’imam de Badalabougou a pu séduire des milliers de Maliens et les a remontés contre la gouvernance IBK. Cette opération de séduction passera d’abord par un mea culpa plutôt tardif. « Aujourd’hui, le Chérif de Nioro et moi demandons pardon au peuple malien pour les avoir invités à voter en faveur IBK en 2013. Nous nous excusions pour cette décision ». Sauf que ces excuses auraient pu intervenir plus tôt. En clair, si l’imam Dicko et le chérif ont été déterminants dans l’élection d’IBK en 2013, pourquoi n’ont-ils pas tout mis en œuvre pour empêcher sa réélection en 2018 ? Cette question mérite d’être posée pour comprendre leur repentir tardif.
Ce qui n’empêche pas le guide religieux de lancer une mise en garde sévère au chef de l’Etat et son gouvernement. « Cette mobilisation n’est qu’un début contre le régime IBK. Elle va continuer. Je jure que si ce rassemblement ne lui sert pas de leçon, l’histoire racontera la manière dont son pouvoir prendra fin ». En clair, l’imam peut, dans un délai (qu’il appréciera souverainement), remonter au créneau pour « mettre fin » au pouvoir IBK.
Pour le leader religieux, c’est l’amour de la patrie qui lui impose cet engagement en vue de sauver la patrie. « Non, notre lutte est pour le Mali, notre combat vise à sauver la patrie. Ce n’est pas un combat contre IBK et son régime que nous estimons éphémères », a-t-il martelé. Avant de hausser le ton en bon berger des âmes.
Le prêcheur a radicalisé sa position en menaçant les tenants du pouvoir actuel. « Quand j’ai dénoncé cette situation, ils ont décidé de m’arrêter et m’envoyer au camp I. C’est eux qui méritent d’être envoyés au Camp I, qui doivent rendre compte au peuple ».
Pense-t-il aux nombreux scandales qui ont émaillé la gouvernance ? Certainement. Ce qui constitue une autre épée, non de Damoclès, mais de Dicko sur la tête d’IBK.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net