On savait que les élections législatives, ses « résultats » et l’installation de Moussa Timbiné à la tête de l’Assemblée nationale donneraient lieu à des contestations, mais que les uns et les autres iraient jusqu’à avoir des positions aussi tranchées, rares sont les Maliens qui auraient pu deviner un tel scénario. Les autorités et le reste de la population s’attendaient, probablement, comme d’habitude, à des mouvements d’humeur, quelques contestations et protestations dont une négociation et quelques compromis seraient arrivés à bout ; avant que tout le monde se remette à son quotidien, comme si de rien n’était.
Cette fois-ci, le scénario semble être un peu différent du temps des « Ante A Bana » et des contestations post élection présidentielle. Le Mouvement qui se met en place et qui se fait appeler M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques) semble plus structuré, très déterminé, mieux organisé et beaucoup plus soutenu et plus représentatif.
En termes de structuration et de mise en place, il faut rappeler que c’est l’ancien ministre Cheick Oumar Sissoko qui, d’abord, à travers EMK (Espoir Mali Koura), a donné le ton à travers une conférence de presse sous forme d’appel à l’ensemble du peuple malien. À cet appel, ont répondu, naturellement, le FSD (Front pour la sauvegarde de la démocratie) et la CMAS de l’Imam Dicko. La jonction ainsi faite, le coup d’essai du 5 mai a été un véritable coup de maître à travers le meeting sur le boulevard de l’Indépendance.
À cet appel, les populations ont répondu nombreuses et sont venues, pour certains, même, de l’intérieur du pays. Ce n’est qu’à la suite de cette grande mobilisation, plus d’une semaine plus tard, à la suite de l’annonce d’un second mouvement (le 19 juin), que le président de la République- dont la démission est exigée- s’est adressé à la Nation.
À présent, après plusieurs tentatives de conciliations, les positions restent tranchées, l’Etat, il faut l’avouer, n’a pas fait assez de concessions et le M5-RFP maintient ses revendications et ses exigences : « Démission du président de la République et de son régime ».
C’est dans cette tension que nous attendons tous, avec inquiétude, le vendredi 19 juin 2020 et le meeting prévu, ce même jour, à la Place de l’Indépendance, par l’Imam Dicko et ses amis des formations politiques et de la société civile.
Certes, l’heure est grave, mais, sauvons l’essentiel. N’oublions pas de mettre le Mali et son intérêt au centre de nos préoccupations à tous. Tous, nous sommes éphémères, mais le Mali, lui, est éternel.
Makan Koné
Source : Nouvelle Libération