Les réactions se sont multipliées après l’échec des négociations entre IBK et le M5-RFP. De nombreuses personnalités de la classe politique malienne non membre de la majorité présidentielle expriment leur déceptions suite à l’absence de compromis trouvé entre le Chef de l’Etat et les contestataires du M5-RFP qui appellent à sa démission.
Le parti YELEMA dirigé par l’ancien Premier ministre, Moussa Mara ne cache pas sa déception suite à cette conclusion assortie de la rencontre entre le Président de la République et les responsables du Mouvement M5 RFP.
« Cette rencontre, sollicitée par le chef de l’Etat, n’a permis aucune avancée vers la sortie de crise. Au contraire ! En ne formulant aucune proposition concrète dans le sens de la réponse aux souhaits du Mouvement M5 RFP ou encore aux suggestions faites par la mission de la CEDEAO le 19 juin dernier, Le Président IBK a envoyé un très mauvais message à ses interlocuteurs », a déploré le Parti YELEMA, qui poursuit en invitant « le Chef de l’Etat à se ressaisir et à mesurer la profondeur de la crise qui fait écho à la très grande exaspération de nos compatriotes ».
Profondément déçu par l’échec des négociations entre les deux parties pour une sortie de crise, Moussa Mara et les siens haussent le ton en pointant la responsabilité du Président IBK : « Il portera seul la responsabilité de ce qui arrivera de fâcheux les prochains jours si des décisions courageuses et vigoureuses n’étaient pas prises dans le sens d’une réponse concrète et pertinente aux aspirations contenues dans les doléances du M5 RFP ainsi que le communiqué de la mission de la CEDEAO. »
Cheick Sidi Dairra , ‘’l’installation d’une instabilité politique chronique ‘’
A l’en croire, l’échec des échanges entre les deux parties consolide les rangs du M5-RFP, qui, selon lui, commençaient à se lézarder du fait du refus d’une partie du mouvement de s’engager dans les discussions avec le pouvoir. « Le M5-RFP pourrait unanimement revenir à sa position de départ demandant le départ pur et simple du régime. Si tel est le cas, il ne se trouvera plus personne, ni à l’interne ni à l’extérieur pour soutenir une quelconque négociation », a-t-il soutenu. Ajoutant que chaque camp va désormais se retrancher sur ses positions et essayer de rassembler le maximum de soutiens au sein de l’opinion. « Les positions se sont cristallisées, la confiance ne règne plus. Les rapports de force semblent être l’alternative. C’est de là que s’installera l’instabilité. Le M5-RFP misera désormais sur sa capacité de mobilisation. Le pouvoir, lui, va utiliser son épouvantail de dissuasion. Qui peut prédire l’aboutissement d’un tel scénario? Je n’ose même pas y penser. Que Dieu nous en préserve », analyse cet ancien pensionnaire de l’ONU.Pour l’ancien ambassadeur du Mali à l’ONU, Cheick Sidy Diarra, les répercussions de cet échec pourraient être l’installation d’une instabilité politique chronique qui, selon lui, n’aura pas eu son pareil dans la jeune histoire de la démocratie malienne. Ce dernier prétend que les démarches engagées par la CEDEAO, soutenues par l’Union africaine, l’Union Européenne, les Nations-Unies et même par la France, auront été vaines. « Aucune de leurs propositions n’aura été acceptée. Les deux parties se sont tournée le dos sans aucune concession. Ce qui nous renvoie à la case de départ », a analyse Cheick Sidy Diarra, qui se demande de savoir pour qui une telle situation est elle avantageuse.
Dramane Dembélé, l’ancien candidat à la présidentielle, ‘’ … Rien ne se construit dans l’arrogance et dans le mépris’’
Ce dernier demande au Président de la République de sortir de cette rémanence de crise. « Monsieur le Président encore si vous voulez faire l’histoire fait ce pas avec le peuple. Le pourrissement comme méthode de gestion a toujours un effet boomerang à terme », conseille-t-il.
Souleymane Koné, ancien ambassadeur, ‘’ priver le pays de perspective, de sortie de crise’’Pour Dramane Dembélé, la paix des esprits et des cœurs d’un peuple désespéré ne se construisent pas dans l’arrogance et dans le mépris. Ainsi, il exhorte les acteurs politiques et de la société civile qu’ils sont à être dans la mesure républicaine ou dans la démesure politicienne. «il urge de mettre en valeur une nouvelle pratique politique avec un nouveau pacte de gouvernance axé sur les aspirations populaires », a-t-ii suggéré.
Siaka DIAMOUTENE, Ce cadre du comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblements des forces patriotique pense que c’est par courtoisie et par respect pour l’imam Dicko et la communauté internationale que le M5-RFP est allé à la rencontre du Chef de l’Etat. A l’en croire, la communauté internationale ne semble pas comprendre la nature de la lutte du M5-RFP qui proteste contre des institutions vides de sens, illégitimes dont les dirigeants ont été mal élus. Ce diplomate de poursuivre qu’ils ont trouvé un occupant que ne comprend pas la vie politique de son pays. « Il nous a renvoyé à une majorité que nous avons déjà rencontrée, et que lui-même a marginalisée depuis sept ans. Le fait d’envoyer ses vrais interlocuteurs à sa majorité qu’il ne consulte même pas veut que dire qu’il donne une fin de non recevoir au mémorandum du M5-RFP. Ce geste méprisant, qui prouve que le Président IBK n’a aucun souci pour son pays. IBK ne comprend pas la nature de la crise, la vie politique dans on pays, il prive le pays de perspective, de sortie de crise et n’a que Dieu que son petit cercle », s’indigne Souleymane Koné.
Source : Maliweb.net