Après la répression de la manifestation du 10 juillet dernier organisée à Bamako par le M5 RFP, les réactions de condamnation se sont multipliées à travers le monde.
Ainsi, dans un communiqué, Amnesty International a dénoncé “les restrictions de libertés”, telle la censure de l’internet. L’ONG de défense des droits de l’Homme regrette “l’usage de la violence” et exige “une enquête indépendante” pour établir la lumière sur les manifestations. : « Les autorités maliennes doivent immédiatement enquêter sur les circonstances de la mort d’au moins 11 personnes dont un mineur de 15 ans, au cours des manifestations du week-end. Elles doivent se conformer à leurs obligations constitutionnelles et internationales en matière de respect de la liberté de réunion pacifique et d’interdiction de l’usage excessif de la force » a déclaré Samira Daoud, directrice pour l’Afrique de l’Ouest et Afrique centrale à Amnesty International
« Au moins 80 manifestants ont été blessés lors de la répression par les forces de sécurité. Il faut mener dans les meilleurs délais une enquête rigoureuse, impartiale et indépendante et déférer à la justice toutes les personnes suspectées d’homicides ou autres violations des droits humains contre les manifestants.
« Les personnes arrêtées en lien avec ces manifestations doivent être libérées ou présentées devant un juge. Tous les individus interpellés doivent être présumés innocents. Les droits à la vie, à l’intégrité physique et de se faire représenter par un avocat lorsque détenu, sont fondamentaux et ne sauraient être compromis.
« La décision de perturber l’accès à Internet et aux réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp, Twitter ou Messenger pendant les jours de manifestations constitue une violation du droit à la liberté d’expression ».
En outre, l’organisation de défense des droits de l’homme condamne le fait que certains des détenus n’aient pu avoir accès à leurs avocats au cours du week-end et le refus des autorités de permettre à la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) d’accéder au camp 1 de la gendarmerie où ils sont détenus.
L’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH) a condamné avec énergie l’utilisation des balles réelles contre des populations ayant occasionné des pertes en vies humaines- et les actes de pillages des biens publics et privés par des manifestants occasionnant des dégâts matériels. Selon un communiqué de cette association, au regard de cette situation très préoccupante l’AMDH estime que, ni les actes de vandalisme ou le saccage des propriétés publiques et privées encore moins les arrestations, les emplois disproportionnés de la force dans le maintien d’ordre, ne constituent des solutions à la crise actuelle. : « Par conséquent, l’AMDH invite les forces de défense et de sécurité à observer le respect strict des droits humains dans le maintien d’ordre en s’abstenant de recourir à des balles réelles et aux forces armées dont la mission est aussi de sécuriser les populations civiles ».
Ainsi, l’AMDH attire également l’attention des autorités sur la nécessité absolue de faire preuve de discernement dans les arrestations en cours et à observer les droits élémentaires des personnes faisant l’objet d’arrestation, notamment la présomption d’innocence, le droit d’accès des avocats à leurs clients, interdiction de la torture sous toutes ses formes.
Aussi, l’AMDH demande des enquêtes indépendantes pour faire la lumière sur des violations graves des droits de l’Homme qui ne doivent pas aussi rester impunies dans un État de droit.
Dans une déclaration conjointe, les représentants de l’ONU, de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine (UA) et de l’Union européenne (UE) au Mali déclarent regretter « que des édifices publiques et privés soient pris pour cible avec des violences ayant entrainé des pertes en vies humaines, de nombreux blessés et la dégradation des biens de l’Etat et des particuliers ».
Ils présentent « leurs condoléances les plus attristées aux familles éplorées et souhaitent un prompt rétablissement à tous les blessés ». Ils « condamnent avec vigueur toute forme de violence comme moyen de règlement de crise sociopolitique ».
Les représentants de l’ONU et des organisations partenaires condamnent également « l’usage de la force létale dans le cadre du maintien de l’ordre et invitent toutes les parties prenantes à la retenue et leur demandent de toujours privilégier le dialogue, la concertation et les canaux pacifiques de résolution des crises ».
Aussi, Ils indiquent leur préoccupation concernant l’arrestation des leaders du Mouvement M5-RFP, à la tête de la contestation, « toute chose qui ne permet pas au dialogue prôné par le Président de la République et le Premier ministre de se tenir en toute sérénité », et invitent le gouvernement malien « à créer les conditions du dialogue politique, notamment par la libération de ces leaders ».
Les représentants de l’ONU et des organisations partenaires se disent « persuadés que les conclusions de la récente mission ministérielle de la CEDEAO posent les bases d’une solution appropriée pour un accord politique de sortie de crise, comme l’a d’ailleurs souligné le Président de la République dans son dernier discours du 11 juillet 2020 ».
Pour sa part, la Cour Pénale Internationale, CPI, indique suivre les évènements de Bamako. C’est du moins qu’a affirmé la Procureure Fatou Bensouda. C’était (mardi 14 juillet) à l’ouverture du procès du présumé djihadiste malien Al Hassan Ag Mohamed, poursuivi pour “crime contre l’humanité” pour son rôle présumé dans la crise au Mali pendant l’occupation de la région Tombouctou entre 2012 et 2013. Pour Mme le Procureur de la CPI, ce procès est un message pour toutes parties en conflit au Mali pour le respect des droits des populations civiles en temps de conflit.
Mémé Sanogo
Source : L’aube