Mali : l’armée subit de nouvelles pertes en pleine crise politique

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Vendredi, partis et organisations de la société civile réunis autour de l’influent imam Mahmoud Dicko ont demandé la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Vendredi, partis et organisations de la société civile réunis autour de l’influent imam Mahmoud Dicko ont demandé la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.

Deux attaques simultanées ont fait cinq morts et cinq blessés dans le centre du pays, tandis qu’à Bamako l’opposition appelle à des actions de « désobéissance civile ».

L’armée malienne a subi de nouvelles pertes lors de deux attaques simultanées dans le centre du pays, dimanche 2 août, qui ont fait cinq morts et cinq blessés. La double attaque s’est produite à la mi-journée dans le cercle de Niono, dans la région de Ségou, à une centaine de kilomètres de la frontière mauritanienne, où les forces armées ont essuyé plusieurs sérieux revers depuis le début de l’année.

« Entre Goma-Coura et Diabaly, une mission FAMA [Forces armées maliennes] a été accrochée par des terroristes. Au même moment, le camp de Gomacoura a été attaqué à l’arme lourde », a déclaré l’armée sur Twitter. « Au cours de cette attaque, les FAMA ont enregistré un bilan provisoire de cinq morts, cinq blessés et des véhicules détruits. Côté ennemi, aucun bilan n’est encore disponible. Un renfort y a été dépêché. Les fouilles sont toujours en cours », a précisé l’armée.

C’est « un convoi militaire quittant Goma-Coura vers Diabaly » qui a été visé, a déclaré à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, un élu local de Diabaly, localité à environ 300 km au nord-ouest de Bamako. « Il est tombé aux environs de midi dans une embuscade. Il y a quatre pick-up et un BRDM [véhicule blindé] portés disparus », a ajouté cet élu, expliquant que les habitants de la région vivent « la peur au ventre ».

Des conflits intercommunautaires meurtriers

Si c’est du nord du Mali qu’est partie en 2012 une rébellion d’indépendantistes et de djihadistes qui a marqué le début de l’actuel conflit, les violences auxquelles se mêlent des conflits intercommunautaires meurtriers se sont propagées au centre du pays, notamment depuis l’apparition en 2015 d’un groupe djihadiste dirigé par le prédicateur peul Amadou Koufa, ainsi qu’au Burkina Faso et Niger voisins.

Au moins 24 soldats maliens avaient été tués mi-juin dans une embuscade attribuée aux djihadistes dans la localité de Bouka Wéré, au sud-est de Diabaly. Le 26 janvier, le camp de Sokolo, également dans le centre du Mali, avait été l’objet d’une attaque qui avait coûté la vie à 20 soldats, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance djihadiste du Sahel affiliée à Al-Qaida.

Les relations entre l’armée et certaines communautés du cercle de Niono sont, en outre, tendues depuis le début de l’année. Un rapport de la Minusma, la Mission de l’ONU au Mali, a accusé en avril l’armée malienne d’être impliquée dans la mort d’une cinquantaine de personnes dans le cercle de Niono entre janvier et avril.

Le M5-RFP refuse de se joindre au gouvernement

Dans le même temps, la crise socio-politique qui ébranle le Mali depuis juin n’a toujours pas trouvé d’issue, malgré les efforts de médiation au plus haut niveau de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Quelques recommandations de l’organisation régionale ont été suivies d’effets, dont la nomination de nouveaux juges à la Cour constitutionnelle pour régler un contentieux électoral relatif aux législatives de mars-avril, élément déclencheur de la crise actuelle.

Un gouvernement restreint a également vu le jour autour de quelques ministères régaliens, mais le premier ministre, Boubou Cissé, n’a pas réussi à convaincre l’opposition, menée par le Mouvement du 5 juin (M5-RFP), de rejoindre un gouvernement d’union nationale. Le M5-RFP, qui réclame depuis juin le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta, a annoncé la reprise dès lundi de ses actions de « désobéissance civile » après avoir observé une trêve à l’occasion de la fête musulmane de l’Aïd Al-Adha, célébrée vendredi.

Le week-end du 10 juillet, une manifestation à l’appel de l’opposition a dégénéré en trois jours des troubles meurtriers, les plus graves à Bamako depuis le coup d’Etat de 2012. Le président Keïta a, pour sa part, redit samedi qu’il comptait bien rester en place et mis en garde ceux qui s’en prendraient aux « biens publics et privés ».

Le Monde avec AFP

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