SANS TABOU: DÉSOBÉISSANCE CIVILE, LE M5-RFP EN MI- TEINTE

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Ce vendredi soir, des pneus continuaient de brûler et des barricades avaient été érigées par des jeunes à Bamako
Ce vendredi soir, des pneus continuaient de brûler et des barricades avaient été érigées par des jeunes à Bamako (image d’archive)

Contrairement au vendredi 10 juillet, la deuxième phase de la désobéissance civile prévue hier n’a pas marché comme prévu. Et pour cause, contrairement à l’un des commandements de cette désobéissance, la circulation était fluide en plusieurs endroits et les Bamakois ont vaqué librement à leur activité. À voir l’allure freinée de ces centaines de jeunes déchaînés, on aurait cru que la mise en garde du Président IBK a intimidé ce mouvement, qui est en passe de jeter l’éponge. Est- ce réellement le cas ?

À cette question, on risque de répondre par un grand oui, si l’accalmie d’hier reste pendant une semaine. Des points stratégiques de la capitale transformés en un véritable camp de concentration, à cause de la présence des plusieurs dizaines d’agents de la Police, de Gendarmerie et de la Garde nationale, des véhicules anti émeutes garés aux abords de certaines voies, comme pour lancer un avertissement très sérieux à tout mécontent du régime du Président IBK de manifester quoi que ce soit, voilà la situation qui prévalait à Bamako, après le coup d’envoi de cette deuxième phase de la désobéissance civile.
Pourtant, lors de leur dernière assemblée générale, le porte-parole des jeunes a soutenu qu’après la mort de 23 manifestants et plus de 150 blessés, il n’est plus question de renoncer au combat. Il a déclaré qu’il est inadmissible que des Forces armées formées et équipées pour lutter contre les terroristes soient engagées contre des manifestants à main nue.

Pour les jeunes du M5-RFP, après cet acte odieux, le chef de l’État ne devrait plus passer une seule nuit à la tête du pays. Et comme pour enfoncer le clou, il répond sévèrement aux mises en garde du Président de la République qui, lors d’une interview accordée à l’ORTM, a lancé un ultimatum aux responsables du M5 qui avaient annoncé : « Nous allons occuper de façon pacifique tous les lieux publics, tout ce qui est représentation de l’État, toutes les administrations publiques et d’autres artères stratégiques que nous allons occuper pacifiquement. Sachez que cela va concerner les six communes du district de Bamako, les régions du Mali et certaines communes périphériques de la capitale malienne »
Et Clément DEMBELE d’expliquer leur stratégie pour ne pas tomber dans le piège du régime. « Cette fois-ci, nous avons travaillé avec beaucoup de pédagogie. Nous avons formé, informé des jeunes qui doivent comprendre comment on fait la désobéissance civile pour que la population ne soit pas victime, et que l’on puisse paralyser l’administration au niveau de son fonctionnement et que cette désobéissance civile s’inscrive dans la non-violence et la démocratie », a-t-il expliqué
Un autre jeune du Mouvement, membre de M5 promet aux plus hautes autorités que les jeunes de son organisation aussi vont s’assumer pour changer les choses au Mali. Le Chef de l’État, Ibrahim Boubacar KEITA, avait estimé, en marge de la célébration de la fête de Tabaski, que « nul n’a le droit d’empêcher les Maliens d’aller et de venir. Avant d’ajouter que « l’État s’assumera face à la situation politique du pays. Nous aussi, nous nous assumerons pour que plus jamais les fonds destinés à la sécurisation du pays ne soient détournés. Nous allons nous assumer pour que les enfants aillent à l’école, nous allons nous assumer pour qu’un accès aux services sociaux de base soit une réalité pour tous les Maliens », a-t-il clamé.

Mais, malgré tout, à part quelques quartiers périphériques de Bamako comme Kalaban-Coro, nous avons assisté à une ville morte. L’accalmie qui y a régné est d’une rareté notoire. En tout état de cause, les observateurs commencent à croire que le changement tant recherché par les Maliens, à travers la jeunesse, va attendre, puisque les jeunes se recroquevillent dans leur carapace après un premier bain de sang et un ultimatum du chef suprême des armées.

PAR CHRISTELLE KONE

Source : INFO-MATIN

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