Par des élections législatives partielles ou à travers la dissolution de l’Assemblée Nationale, l’actuel président de l’institution, Moussa Timbiné risqué de perdre ses espoirs et ambitions. De même, pour un gouvernement d’union nationale à partir d’un Premier ministre consensuel, Dr Boubou Cissé tomberait… les armes à la main!
Pour de nombreux observateurs, la crise sociopolitique, qui secoue le Mali depuis plusieurs mois, trouve ses explications dans les calculs de positionnement pour 2023. La problématique du dauphinat du président de la République se pose déjà, plus tôt que prévu, selon de nombreux analystes. Et il semble que les deux pôles antagonistes dans le viseur du chef de l’Etat sont incarnés l’un par le Premier ministre Boubou Cissé, l’autre par le président de l’Assemblée Nationale, Moussa Timbiné.
Ces deux jeunes cadres ambitieux, tous ressortissants du centre du pays, en proie à des convulsions terroristes et des conflits inter et intra-communautaires, caressent des voeux secrets de servir le Mali à un haut niveau de responsabilité.
C’est ainsi que Dr Boubou Cissé, malgré les insatisfactions liées à sa gestion des affaires publiques, a vu rapidement éclore des groupes de soutien à ses actions. L’homme n’a pas aussi hésité à se trouver des ressorts politiques, au sein de la sphère religieuse et au sein de la société civile. Et, lors des élections législatives de mars-avril 2020, l’on rapporte que Dr Boubou Cissé ne s’est pas fait prier pour soutenir discrètement certains candidats. L’on rapporte que le chef du gouvernement était même prêt à envisage la création d’un noyau de parlementaires. C’est pourquoi, Boubou Cissé n’aurait pas applaudi l’élection de Moussa Timbiné au perchoir de l’Assemblée Nationale. Et cela, le locataire de la primature, ne pourra pas le cacher à la faveur de ses propositions pour sortir de la crise.
En effet, dans son projet d’accord politique de sortie de la crise sociopolitique, le Premier ministre, Dr Boubou Cissé propose “l’élection d’un nouveau président de l’Assemblée Nationale consensuel”. Toute chose qui montre que le locataire de la primature avoue que l’élection de Moussa Timbiné au perchoir est un casus belli à la base de la contestation dont fait l’objet le pouvoir. En même temps, M. Cissé évoque la piste du nouveau président de l’Assemblée Nationale consensuel comme un clin d’œil en vers les contestataires du M5-RFP… D’aucuns murmurent que des proches du PM auraient suggéré aux émissaires de la CEDEAO de plaider pour une reprise des élections législatives dans des circonscriptions, où le vote a été contesté, comme celle où Moussa Timbiné à été élu, la commune V du district de Bamako…
De son côté, le président de l’Assemblée Nationale, envue de renforcer son influence dans le paysage institutionnel national, ferait feu de tout bois pour que son parti le RPM reconquiert la primature, après l’épisode d’Abdoulaye Idrissa Maïga. Ce qui incite Moussa Timbiné, appuyé par certains responsables et cadres du parti présidentiel à apporter un discret soutien aux détracteurs affichés du Premier ministre. C’est ainsi que Moussa Timbiné et plusieurs députes ont soutenu les enseignants grévistes ont défendu les enseignants qui avaient révendiqué l’application de l’article 39 de leur statut et avaient abandonné les classes pendant près de trois mois…
Comme on le voit, la survenance de la crise sociopolitique est une occasion rêvée pour les deux acteurs majeurs dans la succession d’IBK de poser les jalons pour mieux se positioner. Cela ne peut que se faire en tentant d’éliminer ou d’affaiblir l’adversaire.
Kassoum TOGO
Source : Mali Horizon