Au ministère de la défense, hier, à Bamako, la classe politique était, pour la première fois, en face des militaires du Comité national pour le salut du Peuple. Cette rencontre intervenue quelques jours, après le renversement du pouvoir du Président Ibrahim Boubacar Keïta, a permis aux politiques d’échanger avec le CNSP autour de la mise place d’une feuille de route pour une « transition civile ».
Plusieurs responsables politiques de l’ex-majorité présidentielle à savoir ceux du RPM, la CODEM, le CDS-Mogotigui, l’APR, le PDES, le PSP, le PARENA, l’ADP-Maliba, l’UM-RDA ont pris part à cette rencontre. Elle était présidée par le 1er Vice-président du CNSP, le colonel Malick Diaw, assisté par le porte-parole de la junte, le colonel major Ismaël Wagué. Les partis politiques du M5-RFP étaient les grands absents, car ils étaient au même moment entrain d’animer un point de presse au siège de la CMAS.
Après plus d’une heure d’échanges à huis-clos, le premier secrétaire général de la CODEM, Amadou Aya, se réjouit et estime que la classe politique est prête aujourd’hui à accompagner les organes de transitions qui seront mis en place. « Pour cela, il faudra que des réformes majeures soient opérées au niveau de la loi électorale, de la Constitution et territoriale », souhait-il.
Le président du parti CDS, Blaise Sangaré parle d’un tournant historique et trouve qu’il était normal que les militaires accueillent l’avis de la classe politique pour avoir une direction à donner à la nouvelle gestion du Mali. Cet ex-conseiller d’IBK soutient que la classe politique ne donne pas un blanc-seing aux militaires. « Nous ne doutons pas de leur conviction que des organes ou des institutions sorties d’un coup d’Etat ne puissent pas prospérer en Afrique en générale et au Mali en particulier », a-t-il prévenu.
Les sanctions de la CEDEAO, les conditions de détention des personnalités politiques dont le Président IBK et son ministre ainsi que les détenus militaires se sont invités au cœur de ces échanges. « Les sanctions prises par la CEDEAO sont des principes. Nous avons échangé avec les autorités militaires de notre souci constant que ces sanctions ne portent pas préjudice aux populations dans la vie au quotidien. Parce que les sanctions annoncées peuvent avoir des graves répercussions économiques et financières, et même des répercussions à l’approvisionnement des denrées de premières nécessités », a-t-il confié. Et Blaise Sangaré de révéler que la classe politique a recommandé aux militaires de prendre langue avec la CEDEAO et de consentir pour que ces sanctions n’aient pas de répercussion sur les Maliens.
Evoquant l’arrestation du chef de l’Etat et plusieurs autres personnalités du pays, l’ancien conseiller à Koulouba a soutenu que les politiques ont exhorté les autorités militaires d’accorder immédiatement des droits de visites et de consultations aux détenus et leur condition de relaxe, « Pour nous ce sont des détenus politiques . Les autorités militaires nous ont rassuré qu’une réponse nous parviendra très urgemment sur les conditions de leur détention », a-t-il annoncé.
Etienne Fakaba Sissoko, membre du Front pour la sauvegarde de la démocratie –signataire de l‘accord politique de gouvernance du 10 mai 2019, estime que c’est une transition civile qui s’ouvre. Et, à l’en croire, elle devra en tout être dirigée par un civil. Ils devront proposer une charte de transition aux acteurs politiques. Le 1er vice-président du CNSP, le colonel Malick Diaw et ses collègues militaires ont poursuivi les consultations avec les organisations syndicales du pays à savoir l’union nationale des travailleurs du Mali, la centrale syndicale des travailleurs du Mali ; la centrale démocratique des travailleurs du Mali.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb.net