Organisées à l’initiative des membres du Comité national pour le salut du peuple (Cnsp), les concertations nationales ont accouché de l’adoption d’une charte de transition, le samedi 12 septembre 2020. Cela, après trois jours de discussions houleuses entre les forces vives de la nation au Centre international de conférence de Bamako (Cicb). Mais, dès les premières heures de la publication de la charte, des voix de désaccord ne font que monter en provenance des acteurs principaux de la chute du président IBK, à savoir le M5-RFP dont certains membres influents crient déjà à un deuxième coup d’Etat fait contre le peuple malien par le Cnsp. Faudra-t-il craindre le retour du M5-RFP dans les rues dans les prochains jours ?
C’est fini la collaboration pacifique entre les deux principaux auteurs de la chute du président IBK, à savoir le M5 et le Cnsp. La guerre semble être bel et bien déclarée entre les camps qui s’affrontent, d’ores et déjà, autour du butin du coup d’Etat du 18 août 2020. En effet, la collaboration pacifique entre les tombeurs du régime d’IBK a été rompue depuis le samedi 12 septembre 2020 suite à la publication de la charte de la transition dont la durée a été finalement arrêtée à 18 mois à compter de l’investiture du président de la transition par les concertations nationales tenues les 10, 11 et 12 septembre 2020.
Dès les premières heures de la publication des conclusions desdites concertations, le M5-RFP est monté sur le ring et crie à un tripatouillage de ses conclusions dans une déclaration rendue publique.
Dans cette déclaration, le M5-RFP dénonce des déformations des conclusions, des rajouts et l’élaboration unilatérale de certaines dispositions du document. « Le Mouvement du 5 Juin -Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) constate, au terme des concertations nationales des 10, 11 et 12 septembre 2020 sur la transition, que le document final lu lors de la cérémonie de clôture n’était pas conforme aux délibérations issues des travaux des différents groupes, notamment sur les points suivants : la reconnaissance du rôle du M5-RFP et des martyrs dans la lutte du peuple malien pour le changement ; le choix majoritaire d’une transition dirigée par une personnalité civile ; le choix d’un Premier ministre civil. », regrette le Comité stratégique du M5-RFP.
Le M5-RFP dénonce également les rajouts à la Charte qui n’ont jamais été soumis à débats notamment les prérogatives du Vice-président de la transition ; la composition et le mode de désignation des membres du collège de désignation du Président de la transition; l’acte fixant la clé de répartition entre les composantes du Conseil national de transition.
Enfin le M5-RFP condamne la non prise en compte unilatérale de nombreux points du document qui n’avaient fait l’objet ni de rejet ni même de réserve dans aucun groupe. Il s’agit entre autres des Assises nationales pour la refondation ; de l’organe de gestion du mécanisme de veille sur la transition ; de la Cour constitutionnelle ; du Haut conseil consultatif ; de la Cour des comptes ; des dispositions à valeur constitutionnelle en faveur de l’accès des femmes et des jeunes aux fonctions électives et nominatives et en faveur des personnes vivant avec un handicap ; de l’autorité unique indépendante assurant la régulation de la communication audiovisuelle ; de la prolongation des délais de garde à vue en cas de présomption de terrorisme et d’atteinte à la sûreté nationale.
Pour rappel, les concertations ont concerné les points suivants : les valeurs, principes et missions de la transition, les organes de la transition, la durée de la transition et les modalités de révision de la charte de la transition.
Pour l’instant, le M5-RFP ne décolère pas. Il apparaît clairement que les exigences de la Cedeao par le passage du pouvoir à un civil ont été prises en compte.
Dans l’article de la charte, il est dit que le président de la transition sera désigné par un collège mis en place par le Cnsp.
Ce privilège accordé uniquement aux membres du Cnsp fait aujourd’hui douter de l’influence qu’ils exerceront sur la mission du futur président. D’où la colère du M5-RFP qui crie à une volonté d’accaparement et de confiscation du pouvoir au profit du Cnsp.
En clair, le M5-RFP se démarque du document produit qui ne reflèterait pas, selon lui, les points de vue et les décisions du peuple malien. Alors question, les concertations nationales censées donner des organes de gestion au Mali pour sortir du vide constitutionnel vont-elles tourner en fiasco ? Wait and see !
ND
Source : Le Prétoire