Fin des concertations nationales : La charte de la transition trahit le combat du peuple

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Lors de la concertation nationale
Lors de la concertation nationale

Les Concertations nationales ont pris fin, samedi dernier, au Centre international de conférence de Bamako par l’adoption des organes de la transition devant conduire le Mali à des élections générales pour le retour à une vie constitutionnelle normale. Elles ont mis fin à l’espoir de voir un Mali nouveau débarrassé des sangsues, des voleurs et des délinquants financiers qui n’ont cesse de sucer le sang des Maliens depuis leur arrivée au pouvoir le 8 juin 1992.

Adieu encore au changement réclamé par le peuple malien, pourrait-on dire après la lecture de la charte de la transition adoptée, samedi le 12 septembre 2020 à Bamako par les cinq cents (500) délégués réunis à cet effet au Centre international de conférence de Bamako (CICB). Les trois jours des travaux de concertation ont permis aux participants de dégager les organes de la transition (un président de la transition civil ou militaire, un gouvernement de vingt-cinq (25) membres au plus et un Conseil national de transition de 121 membres), les missions de la transition (le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national; la promotion de la bonne gouvernance; l’adoption d’un pacte de stabilité sociale; le lancement du chantier des réformes politiques et institutionnelles; l’organisation des élections générales).

Là où le bât blesse, c’est au niveau des missions de la transition consacrées par la charte. Elles sont loin de répondre aux aspirations profondes du peuple malien quant à un véritable changement devant conduire le Mali à une réelle refondation qui débarrassera notre pays des valets maliens à la solde de l’impérialisme français. Ces femmes et hommes qui, par leur gestion désastreuse des affaires de l’État, sont à la base de la rupture entre le peuple et ses gouvernants. Nulle part, ces missions ne parlent de la lutte contre la corruption et la délinquance financière érigées en mode de gouvernance par ces gens-là. Or de toute évidence, il est à noter que la bonne gouvernance ne peut voir le jour que sur les cendres de ces deux (02) fléaux. Parce que la refondation de l’État est une illusion à l’absence d’une véritable traque des hommes et des femmes qui traînent derrière eux des casseroles.

La refondation du Mali sera un véritable bluff avec des hommes et des femmes qui ont passé toute leur vie à sucer le sang de paisibles citoyens. Il est donc clair que cette refondation, à l’absence d’un véritable nettoyage, ne sera qu’une fuite en avant tant il reste établi qu’on ne peut soigner la plaie sur du pus. Pour rappel, le cri de cœur des masses populaires à savoir ‘‘an tè korolé fè fo koura’’ a, hélas !, été classé au musée de l’histoire. Comme si notre peuple a sacrifié bien de ses enfants pour que vivent mieux les avatars de la «démocratie». Le problème fondamental du Mali est et demeure la gabegie des sangsues du peuple. C’est donc dire qu’il est indispensable de mettre en première ligne le kokadjè (assainissement de la vie publique et privée) comme moyen sûr pour réussir un nouveau départ. Vouloir compter sur les mêmes hommes qui ont mis à genou le pays, c’est tout simplement dire au revoir à la refondation que le peuple réclame de tous ses vœux.

Tout compte fait, la promotion de la bonne gouvernance telle qu’inscrite dans la charte ne signifie nullement une volonté clairement affichée de mener la lutte implacable contre les hommes et les femmes qui se sont rendus coupables des forfaitures financières et économiques pendant les vingt-neuf ans (29) ans) de gestion calamiteuses par les «démocrates» maliens. Tous ceux qui ont bouffé doivent payer ! C’est bien par là que commence la bonne gouvernance pour que plus jamais personne ne se sente autorisé à se nourrir et nourrir sa famille par les dus des contribuables maliens. Le peuple malien n’a que trop souffert de la délinquance financière, de la corruption, de l’affairisme, de la vente illicite des terres, de la surfacturation, des détournements de deniers publics.

Partout au Mali, notamment à Bamako, on rencontre des constructions orgueilleuses qui donnent à se demander d’où viennent les fonds engagés dans ces maisons. Visiblement, ils viennent, non pas de leurs salaires, mais des contrefaçons, des actes frauduleux de fonctionnaires profitant des fonds de l’État pour se construire ces paradis terrestres. À lire les missions assignées à la charte de la transition, nulle part, il n’est mentionné explicitement la nécessité de mener la lutte implacable et sans merci contre les prédateurs du tissu socioéconomique national. Sur ce constat, il est presque certain que les politiciens habitués aux contrefaçons prépareront les élections à venir sur fond de fraude et de manipulation des consciences et cela pour retrouver le pouvoir perdu. Alors ce serait bonjour à la délinquance financière qui jusque- là caractérise le fonctionnement de notre État dit démocratique. Alors aussi, bonjour à la misère accablante des travailleurs et donc à la souffrance perpétuelle du peuple malien. Visiblement, le coup d’État  contre Ibrahim Boubacar Keïta n’aura servi à rien si les déprédateurs du tissu socioéconomique national devraient continuer à vivre dans leur paradis terrestre.

Si l’histoire n’est pas une répétition, avec la charte ainsi adoptée, il y a tout le risque que le Mali vive encore les dédommagements exorbitants  qui ont suivi les événements de 91. En guise de rappel, bien de gens se sont enrichis à partir de ces dédommagements. Les délinquants financiers, étant habitués à la contrefaçon, ont toutes les chances de se déclarer victimes pour encore ponctionner dans les ressources financières du Mali.

En passant, il est à craindre que les 121 membres du Conseil national de transition se taillent des traitements faramineux comme cela a été le cas des députés de l’Assemblée nationale dissoute par IBK dans la foulée de sa chute.

 

Et le sort des victimes des 10, 11 et 12 juillet 2020 ?

En tout cas, à lire le document finalisé des Concertations nationales des 10, 11 et 12 septembre 2020, nulle part, il n’est fait cas du sort de ces victimes des événements tragiques ayant conduit à la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta. Ceux qui ont tué seront-ils un jour connus et punis ? Ceux qui sont morts auront-ils un jour droit à des reconnaissances officielles à des sépultures ?

En tous cas, avec l’immunité juridictionnelle dont pourraient bénéficier les acteurs ayant participé aux événements tragiques allant du 18 août dernier à l’investiture du président de transition, on pourrait dire que nous marchons droit vers l’impunité. Est-ce là, la refondation du Mali ?

Wait and see !

Fodé KEITA

Source : Inter de Bamako

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