Nomination et défis des autorités de la transition ; Les réactions de la classe politique et de la société civile

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Au Mali, des organes de transition ont été mis en place après le renversement du pouvoir de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Kéïta par le Comité National pour le Salut du Peuple( CNSP). Le président et le vice-président de transition au Mali, Ba N’daw, retraité de l’armée, et le colonel Assimi Goïta, ont prêté serment, le vendredi 25 septembre dernier, à Bamako. Après cette prestation de serment, deux jours après, le dimanche 27 septembre, c’était au tour du Premier ministre d’être nommé. Quels sont les défis qui attendent les autorités de la transition au Mali? Réactions de la classe politique et de la société civile.

* Choguel Kokalla Maïga, Président du MPR : «J’attends la réunion du comité stratégique du M5-RFR pour me prononcer »

Je ne fais que rendre publique les décisions officielles du comité stratégique du M5-RFP (Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques). On n’a pas fait de réunion encore. J’ai un avis mais je ne peux pas le donner parce que dès que je parle, les gens vont dire que c’est la position du M5-RFP. Je préfère que le M5-RFP convoque une réunion, qu’on échange sur la position du M5-RFP. Si on fait la réunion, on va connaître la position des uns et des autres. On pourra donc décider de rendre une position publique commune ou bien décider de laisser le soin à chacun de donner sa position publiquement. A part les communiqués officiels du M5-RFP, je ne parle plus. Dès qu’on finit avec la réunion, je peux vous contacter pour vous donner une position. J’attends la réunion du comité stratégique du M5-RFR pour me prononcer.

* Amadou Koïta, président du PS-Yéelen Koura : « Tout le peuple malien doit se mettre ensemble pour aider la transition afin de refonder notre pays »

On suit avec beaucoup d’attention et d’intérêt la nomination du président, du vice-président et du premier ministre qui est un diplomate chevronné. Tout le peuple malien doit se mettre ensemble pour aider la transition afin de refonder notre pays, faire en sorte que les défis auxquels le pays est confronté (défis sécuritaire, sanitaire, économique), bref, travailler de tel sorte qu’on puisse baliser le terrain pour refonder le Mali, consolider la démocratie et la République. Aujourd’hui, les conditions sont réunies. Après la désignation du président et du premier ministre qui sont des civils, il faut la levée de l’embargo sur le Mali pour soulager la population. C’est toujours un regret pour nous de voir qu’en 30 ans d’exercice démocratique, après le sacrifice du peuple malien, pour qu’il y ait mars 1991, il y ait eu deux coups d’Etat. Cela veut dire que chacun doit se remettre en cause (acteurs politiques, société civile). Pourquoi cela ? Pourquoi aujourd’hui, malgré le sacrifice de nos martyrs, nous assistons à deux interruptions de l’ordre constitutionnel ? Qu’est ce qui ne marche pas ? Est-ce les institutions ? Est-ce les hommes ? Bref, le géni malien doit parler et les Maliens doivent se donner la main, faire en sorte que les 18 mois à venir soient au service de paix et de la cohésion sociale au Mali et que vraiment, nous arrivions à créer les conditions pour pérenniser nos institutions. Je pense que ce gouvernement (de Moctar Ouane) doit être un gouvernement technocrate. Les partis politiques doivent aujourd’hui travailler avec la transition pour les reformes constitutionnelles à venir pour dégager les voies et moyens afin d’avoir des institutions fortes, de créer la confiance entre le peuple et les gouvernants. Le PS Yéelen Koura travaillera pendant la transition chaque fois qu’on nous fera appel pour des réformes. Mais nous pensons que le gouvernement doit être un gouvernement technocrate et militaire auquel le peuple doit veiller. Ce dernier doit aussi le surveiller pour qu’il n’y ait plus un 22 mars ou un 18 août. Je dis au peuple malien qu’il est temps que les questions de personne cessent, qu’il est temps que chacun se dise : « qu’ai-je fais pour que le Mali puise être à hauteur de souhait ? ». C’est le temps du rassemblement, c’est le temps de la cohésion, c’est le temps de l’union sacrée. L’essentiel pour nous, c’est le Mali, c’est la paix, c’est la sécurité, c’est la lutte contre les terroristes, c’est également la lutte contre les conséquences de la covid-19.

* Housseini Amion Guindo, président de la CODEM : « Le plus grand défi pour une transition, c’est vraiment la bonne transmission du pouvoir »

Nous avons pris acte de tout ce qui s’est passé et nous leur souhaitons bonne chance. Nous pensons que le plus grand défi pour une transition, c’est vraiment la bonne transmission du pouvoir. Une transition par essence, c’est vraiment la transmission du pouvoir, et en ces périodes difficiles, qu’ils soient équitables, que la gestion soit aussi équitable. Nous avons entendu leurs bonnes intentions ; au besoin, nous critiquerons ou les soutiendrons. Nous leur accordons le bénéfice du doute. Bah N’Daw (Président de la Transition), c’est quelqu’un avec qui j’ai fait le gouvernement. Il est attaché aux valeurs maliennes. Il est un bon patriote. Nous souhaitons que la réputation dont il bénéficie auprès de la population soit de mise durant les 18 mois. Le premier ministre, Moctar Ouane, est une personnalité connue qui a dirigé le Mali au-dedans comme au dehors. Il est aussi crédité d’être un homme impartial et un bon technocrate, donc, nous souhaitons que cette réputation soit de mise durant la transition. Si les partis politiques sont invités à participer à cette transition, la Codem a sa place. Maintenant si les partis ne sont pas invités, on avisera. Ce qui ne serait pas bon, c’est d’inviter certains partis significatifs et refuser d’inviter d’autres. Soit c’est un gouvernement politique, soit ce n’est pas un gouvernement politique. Donc, il faut que ce soit clair. Je souhaite bon vent et souhaite que ce pourquoi le mandat du président IBK a été écourté soit un bénéfice pour le Mali.

* Niakoro Yéah Samaké président du Parti pour l’Action Civique et Patriotique (PACP) : ‘’Le début de cette transition est chaotique’’

« Le début de cette transition est chaotique et il faut qu’ils se ressaisissent s’ils veulent bâtir un nouveau Mali. La gestion de la transition démarre très mal. Ils sont en train d’accumuler des gaffes. Notre combat, c’est pour un Mali nouveau. Je ne pense pas si cette équipe peut nous mener vers ce Mali nouveau. Si elle (cette équipe) pense qu’elle peut réussir cette transition sans une partie de la société malienne, qu’elle se détrompe. La charte est toujours secrète et personne ne connaît le contenu. Il faut qu’ils nous dévoilent le contenu de cette charte ainsi que plusieurs autres zones d’ombres afin que la CEDEAO puisse lever les sanctions. La transition fera face à des remous car il y a une sérieuse exclusion, une grande incertitude.»

* Mohamed Macky Ba président de l’Union des Jeunes Musulmans du Mali (UJMA) : ‘’On remercie le bon Dieu de nous avoir donné un Président, un vice président et un nouveau Premier ministre car c’était le désordre total’’

« On remercie le bon Dieu de nous avoir donné un président, un vice président et un nouveau Premier ministre car c’était le désordre total depuis quelques mois. Dieu merci, aujourd’hui on a un président, un vice président et un nouveau premier ministre. Ils doivent se mettre à la tâche même si je sais qu’ils ne peuvent pas tout faire. Ils doivent s’attaquer à quelques chantiers majeurs à mes yeux, comme la réconciliation des Maliens. Toutes les couches de la société ont été ébranlées durant les derniers mois et on ne peut rien résoudre dans le désordre. Donc il va falloir réconcilier les Maliens. Le président de la transition, Bah N’Daw et son équipe doivent aussi s’attaquer à la reforme constitutionnelle. Depuis Alpha Oumar Konaré en passant par Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Keïta, tous ont essayé de lancer ce chantier de la réforme. Mais ils tous ont échoué. Je crois que c’est l’occasion d’élaborer une nouvelle constitution répondant aux aspirations des Maliens. Ils se doivent de ne pas oublier la mise en œuvre des recommandations du Dialogue national inclusif. »

* Maouloud Ben KATTRA, Président du PMDS (Parti Malien pour la Démocratie Sociale) : « Les défis qui les attendent sont énormes, mais la sécurité doit primer’’

« L’unanimité a été faite autour du président de la transition, Bah N’Daw. C’est un homme engagé pour la cause du Mali et il faut que les Maliens l’accompagnent afin qu’il puisse mener à bon port le bateau Mali. Le vice-président également a une réputation de travailleur d’après ce que j’ai lu et entendu. Il est à la tête d’un groupe qui est venu parachever la lutte héroïque du Mouvement M5-RFP.   Le premier ministre, Moctar Ouane, a eu à faire ses preuves de par le passé et je crois que c’est un binôme qui est à la hauteur pour répondre aux aspirations des Maliens. Nous devons mettre le pays au dessus de toutes les considérations. Les défis qui les attendent sont énormes, mais la sécurité doit primer. Il faut que les paysans puissent retourner aux champs, que les éleveurs puissent vaguer à leurs occupations sans être inquiétés. La résolution du problème du nord est une autre priorité tout comme la stabilité sociale. Bref, la confiance doit renaître entre les Maliens. Les autorités de la transition ne doivent pas non plus oublier l’école malienne. Il faut donner la valeur à l’école publique, remettre les enseignants dans leur doit. Ils doivent aussi se battre pour qu’il y ait de véritables reformes en créant des institutions fortes. »

* Allaye Touré, président du Conseil National de la Société Civile (CNSC) : « Nous ne le (Moctar OUANE) connaissons pas très coloré politiquement. »

« Il n’est pas inconnu du public malien. C’est un homme plein de qualités, un travailleur que nous avons connu au Ministère des Affaires étrangères du Mali, mais aussi à l’UEMOA. Nous ne le connaissons pas très coloré politiquement. Et ça, c’est un atout. Parce qu’il doit organiser les élections présidentielles et législatives. Nous pensons que c’est de bon augure. Sincèrement, notre soutien et notre accompagnement lui sont acquis»

* Dr. Abdou Mallé, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup) : « La sécurité, l’éducation, la santé et l’agriculture sont les défis à relever »

« Merci pour ces questions. Nous avons un trio exceptionnel pour réussir la transition au Mali. Les défis à relever par le trio en 18 mois de transition sont : la sécurité, l’école et la santé, l’agriculture», a déclaré sans détour le premier responsable du Snesup, Dr. Abdou Mallé.

 * Adama Fomba, porte parole du Collectif des Syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 : « Aujourd’hui, je peux dire que toutes les conditions sont réunies pour l’application de l’article 39. »

Nous pensons que ce ne sont pas des gens que nous connaissons. Mais nous avons appris que le président de la transition est un homme de droiture. Mais le plus important pour nous, ce sont les actes qu’ils vont poser lors de cette transition qui n’est que de 18 mois. Notre appréciation dépendra de ce qu’ils feront pendant la transition. Nous observons d’abord.

Concernant les défis pour nous, poursuit Adama Fomba, ils sont nombreux. Le Mali est confronté à de multiples problèmes. Mais cette transition doit nous permettre d’aller à l’essentiel, c’est-à-dire, d’aller à une élection crédible et transparente pour avoir un président incontestable. Il ne faut pas qu’au sortir de la transition, on tombe dans la contestation poste électorale. Les grandes réformes électorales, pour nous, doivent être aux hommes politiques, notamment le président qui sera élu sur la base d’un programme par le peuple malien. Mais l’urgence doit être, ajoute Fomba, la révision de la loi électorale, du code électoral pour nous éviter la crise poste électorale. C’est très capital. De façon sectorielle, le gouvernement doit être des personnes intègres pour donner espoir aux Maliens et rétablir la confiance entre les autorités et la population, une confiance qui est effritée depuis longtemps.

Concernant l’application de l’article 39, nous pensons sincèrement que cette fois-ci, il sera appliqué avec le leadership du vice-président de la transition, Assimi Goïta, qui a pris l’engagement ferme de tout mettre en œuvre pour l’appliquer. Aujourd’hui, je peux dire que toutes les conditions sont réunies pour l’application de l’article à partir du mois de novembre prochain. Déjà, les Fonctionnaires des Collectivités territoriales (CT 19) ont bénéficié de l’article 39 dans leurs arrêtés d’intégration. On reste serein.

* Mahamat Saleh Annadif, représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, chef de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation au Mali) : «La MINUSMA sera toujours aux côtés des Maliennes et des Maliens pour les accompagner dans leur quête pour une paix durable »

J’adresse mes sincères félicitations et mes vœux de réussite à mon frère Moctar OUANE pour sa nomination en qualité de premier ministre de la transition du Mali. La MINUSMA sera toujours aux côtés des Maliennes et des Maliens pour les accompagner dans leur quête pour une paix durable et une stabilité dans l’unité et la prospérité.

* Moussa Mara, président du parti Yelema : «Nous souhaitons une transition neutre… »

Dans le contexte actuel de notre pays, il est quasiment impossible de faire l’unanimité. Quel que soit le profil choisi, il y aura forcément des mécontents. Les attentes sont importantes. Nous souhaitons une transition neutre qui soit débarrassée d’ambitions politiciennes, de volonté de favoriser tel parti, tel candidat par rapport à tel autre. Donc, nous souhaitons que des personnalités civiles non politiques et compétentes soient retenues pour former le gouvernement. Le premier ministre correspond à cela puisque Moctar Ouane n’a pas d’appartenance politique affichée. Par définition, les militaires aussi sont neutres.

* Amadou Thiam président du parti Forces Démocratiques pour la Prospérité FDP-MALIKURA : « Parti FDP-MALIKURA souhaite ardemment la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Mali »

Le parti Forces Démocratiques pour la Prospérité FDP-MALIKURA a suivi avec intérêt, la désignation et la prestation de serment du président et du vice-président de la Transition. Le FDP-MALIKURA prend acte de la nomination de son Excellence Moctar Ouane au poste de premier Ministre de la Transition. Nous le savons conscient a n’en pas douter de l’immensité des attentes face aux grandes Réformes politiques et institutionnelles qui l’attendent. En effet, sa nomination intervient à un moment crucial pour notre pays, aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin d’unité et de solidarité. Pour ce faire, il est primordial que les personnalités détenues depuis le 18 août 2020 soient libérées. Le parti FDP-MAUKURA, exhorte les nouvelles autorités à ne ménager aucun effort pour la libération de l’Honorable Soumaïla Cissé. Le Parti FDP-MALIKURA, enfin, souhaite ardemment la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Mali pour mettre un terme aux souffrances de sa population.

Communiqué du Rassemblement Pour le Mali (RPM) suite à l’investiture du Président et du vice-Président de la Transition politique et civile du Mali

Le Président de la transition du Mali, Monsieur Bah N’Daw, et le vice-Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta, ont prêté serment le vendredi 25 septembre 2020 devant la Cour suprême lors de son audience spéciale tenue au Centre international de conférence de Bamako (CICB).

Le Rassemblement pour le Mali (RPM) adresse ses vives félicitations au Président de la Transition, Monsieur Bah N’Daou et au vice-Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta et leur souhaite pleine réussite dans la conduite de leur mission.

Le Rassemblement pour le Mali (RPM) salue les engagements pris par le nouveau chef de l’État dans son discours d’investiture, notamment le renforcement du système électoral malien pour que la vérité des urnes soient une réalité, le renforcement des capacités opérationnelles des forces armées et de sécurité, la lutte contre le terrorisme et les crimes organisés dans le respect des droits humains, l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, la gestion vertueuse des ressources publiques et la lutte sans merci contre la corruption, la délinquance financière et l’impunité, et enfin, la mise en place du Comité pour le suivi de la mise en œuvre des résolutions et recommandations du dialogue National Inclusif.

Le Rassemblement pour le Mali (RPM) exprime sa totale disponibilité à œuvrer, avec l’ensemble des démocrates et patriotes sans exclusive, pour la réalisation des engagements pris dans le cadre d’une transition apaisée et inclusive.

Toutefois, le Rassemblement pour le Mali (RPM) attire l’attention du Président de la Transition sur la nécessité d’observer les règles d’une transition inclusive, le maintien d’un dialogue constructif avec la CEDEAO et la libération des personnalités civiles et militaires arrêtées lors des évènements du 18 août 2020 telle que l’ont rappelé le procureur général près de la Cour suprême et la mission de médiation de la CEDEAO.

Bamako, le 26 septembre 2020

Le Président

Dr. Bokary Tréta

Officier de l’Ordre national

Source : Lerepublicainmali

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