La Transition a démarré sur les chapeaux de roue. Le Président Bah Ndaou est installé avec une grande confiance des maliens, vu son parcours exemplaire. Le Colonel Assimi Goïta aussi, le CNSP semble jouir d’un état de grâce comme tout nouveau pouvoir. Moctar Ouane vient compléter la liste de cet exécutif inédit, inhabituel et que l’on attend de montrer ses preuves.
Plus que le Président et son vice-président, c’est le Premier ministre qu’on attend au tournant de l’Histoire. Déjà à sa nomination, on le dit à tort ou à raison proche de la France, ancienne puissance coloniale du Mali et aujourd’hui parrain des groupes armés qui ont mis notre pays à genou et aussi des djihadistes dont les activités terroristes justifient et obligent sa présence militaire chez nous.
Moctar Ouane est donc averti. Les maliens ne veulent pas de la France encore moins de ses pions. C’est dans ses actes de tous les jours que cela va se savoir. En effet les deux grandes missions de la Transition intéressent de façon vitale la France. La première qui est la sécurisation totale du pays est en contradiction avec ses intérêts vitaux. La seconde qui est l’élection d’un nouveau Président de la république déterminera son avenir au mali et en Afrique de l’Ouest. C’est sur ces deux tableaux que le gouvernement de transition sera adulés et applaudi pour toujours ou maudit à jamais par notre peuple, martyrisé et humilié depuis plus d’un siècle par la colonisation et la néo-colonisation les plus inhumaines et les plus abjectes que l’homme puisse inventer. La France sans les ressources africaines ne vaut rien. Elle ne les cherche pas par l’amitié véritable, mais par le vol et d’indicibles bassesses dont le meurtre et la guerre sont les plus propres méthodes. Le génocide rwandais et celui qui se joue au nord du Mali en sont les preuves pour le monde.
Ainsi pour les intérêts de notre peuple et pour la sécurisation du pays en vue d’élections libres, transparentes et sans menace aucune surtout au Nord et au Centre du Mali, le Gouvernement Ouane doit procéder, sans faiblesse, avec le soutien des vrais amis du Mali au désarmement consenti ou obligatoire de tous les groupes armés, quelle que soit leur obédience ou leur parrain. Après le désarmement appliquer sans restriction aucune les clauses de l’Accord d’Alger en révisant les parties conflictuelles conformément au Dialogue National inclusif comme l’a rappelé le Président Ba Ndaou. Procéder à un découpage administratif juste durable, économiquement et humainement viable. Et enfin organiser des élections transparentes dont les résultats seront acceptés de tous ou du moins raisonnablement incontestables.
Un autre point important est de concéder à la Justice tous les dossiers de malversations afin qu’elle seule ait le pouvoir de sévir, de punir ou d’élargir conformément aux lois de notre pays.
Toute faiblesse, toute hésitation, tout parti pris, sous l’influence d’une puissance quelle qu’elle soit, causera des dommages existentiels pour notre pays et des souffrances inoubliables pour nos populations, dont la malédiction atteindra tous ceux qui, pour des conforts personnels, ou par crainte de la France, useront de subtilité ou d’esprit malin pour nous condamner à mettre notre destin sous le joug d’une autre nation.
Nous osons espérer que le Premier ministre pensera aux souffrances de notre peuple, qu’il agira dans son intérêt et qu’à la fin il sortira la tête haute sous les ovations des maliens et de sa conscience. C’est tout le mal que nous lui souhaitons.
Ali DIARRA
Source : La Lettre du Mali