Après avoir œuvré ensemble et côte-à-côte pour le départ du président IBK, la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS) et le Mouvement du 5 Juin Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) ne soufflent plus dans l’an même trompette. Longtemps interdit d’accès à son siège – qui servait au M5 pour la tenue de ses rencontres et conclaves -, le coordinateur de la Cmas, Issa Kaou Djim, est passé à la vitesse supérieure.
Au mépris des réserves de ses camarades de lutte du M5-RFP sur la Charte de Transition, la formation du gouvernement ainsi que sur la désignation des autres organes de la transition, la Cmas de l’Imam Dicko a choisi d’afficher «son soutien aux autorités de la transition dans la mise en œuvre de la charte adoptée par la conférence des forces vives de la nation». C’était à la faveur d’une conférence de presse tenue au siège de la Cmas et animée par Issa Kaou Djim.
Contrairement aux autres composantes du M5, la Cmas s’est dit prête à accompagner « la transition à travers sa participation au Conseil National de la Transition qui sera mis en place»
Et ce n’est pas tout. Dans une déclaration, le camp de Mahmoud Dicko, par la voix de son coordinateur, a fait une série de propositions pour la réussite de la transition. Pour la refondation de l’Etat, elle préconise la relecture des textes fondamentaux comme la constitution, la loi électorale, la charte des partis politiques. Comme pour répliquer à Choguel K Maiga, le président du comité stratégique du M5, qui, lors d’un récent passage sur la chaîne Renouveau TV, a laissé entendre que « le gouvernement de transition est à 70% composé de militaires ou de proches de militaires», la CMAS, pour l’amélioration de la gouvernance, invite les autorités de Transition à lutter contre la corruption, la délinquance financière, mais surtout contre le népotisme et le favoritisme».
Comme quoi, le divorce entre Cmas et M5 est consommé et n’attend plus que d’être formellement officialisé. Questionné sur le sujet, Kaou Djim n’a pas voulu faire trop de commentaires. Il s’est contenté de dire que le mouvement M5 appartient à tous les Maliens avant de mentionner qu’on ne peut pas parler de divorce sans mariage.
Il faut noter cependant qu’Issa Kaou Djim a ainsi engagé la Cmas aux antipodes du M5 et de ses idéaux en absence de certains poids lourds des sympathisants de l’Imam Dicko, en l’occurrence l’Imam Oumar Diarra et le chargé de communication de la Cmas, Ahmad N’dounga Maïga. Questionné sur les raisons de ces absences, Kaou Djim s’est suffi de la présence de membres du bureau politique national, du comité exécutif ainsi que des présidents des femmes et des jeunes de la CMAS. Et si l’Imam Diarra continue de défendre les idéaux de Dicko, il doit savoir que «Mohamoud Dicko n’est pas pour la Cmas, mais pour le Mali» a laissé entendre M Djim.
Joint par nos soins, l’iman Diarra précise qu’il était en déplacement. «J’attends le retour de l’Imam pour échanger avec lui avant de me déterminer », a-t-il expliqué, sans nous préciser ce qu’il attend de Dicko. Cependant, pour qui connaît la faiblesse de celui qu’on a surnommé le Guide face à son beau-fils, la cohabitation entre les deux personnalités emblématiques de la fronde contre le régime n’est plus possible.
Amidou Keita
Source : Le Témoin