Gouvernance de l’après -IBK : la Transition est-elle mal partie ?

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Le président de transition, Mali Bah Ndaw, lors de sa cérémonie d'assermentation au CICB, à Bamako le 25 septembre 2020.
Le président de transition, Mali Bah Ndaw, lors de sa cérémonie d'assermentation au CICB, à Bamako le 25 septembre 2020.

Sitôt les réserves de la Cedeao levées et la Transition malienne est partie comme sur des chapeaux de roue. Les organes retenus aux concertations nationales n’ont pas attendu la dissolution du CNSP pour rentrer en vigueur à la vitesse de la lumière, quoiqu’à la machine manque encore le Conseil National de Transition envisagé en remplacement de l’Assemblée nationale. En attendant de circonscrire les équivoques qui pèsent sur l’effectivité de celle-ci, le gouvernement de Transition est déjà entré de plain-pied dans la danse en trainant péniblement mais avec si peu de gêne les aspérités ainsi que les boulets d’un présumé affairisme dans sa formation.

En effet, il semble selon plusieurs sources concordantes, que les critères du bon compte entre bons amis, de l’équilibre entre tendances constitutives du pouvoir, de la prédisposition à l’obéissance et à la «redevabilité» à l’autorité de proposition ont prévalu plus que n’importe quelle autre considération dans le choix des membres de l’équipe dirigée par Moctar Ouane. Il en résulte, toutes proportions gardées, plus un maillage d’affidés et de sous-couverts que d’acteurs réellement dévoués à la cause et aux espoirs ayant sous-tendu l’éviction du président IBK ainsi qu’aux attentes sur lesquelles les plus hautes autorités de la Transition se sont engagés lors de leur prestation de serment. La formation du gouvernement n’a rien à envier en définitive à un partage du gâteau entre acteurs du putsch et les principaux alliés qu’ils se sont choisi sur la scène publique. En attestent par ailleurs les erreurs de calculs et de répartition corrigées au pas de charge ainsi que l’affectation de certains départements stratégiques à des personnages aux compétences très contestables. C’est le cas du ministre de l’Economie et des Finances.

Les observateurs s’accordent à admettre à l’unisson que cette responsabilité aurait dû échoir à un connaisseur de plus forte envergure si l’objectivité avait prévalu dans l’attribution du poste. Au lieu de quoi, la chaine gouvernementale de Transition risque de montrer des faiblesses du côté où la solidité semble le plus indispensable : les finances publiques. Au regard des séquelles récemment laissées par l’embargo communautaire, il est de notoriété publique, en effet, que les ressources financières ne sont guère le maillon le moins important dans l’accomplissement des grands axes et objectifs contenus dans la feuille de route de Transition. Et que leur mobilisation, dans un contexte de crédibilité étatique à reconquérir, nécessite un carnet d’adresse mieux fourni et une prestance à la hauteur de la méfiance que nourrissent les partenaires extérieurs vis-à-vis des institutions de fait n’émanant de la volonté populaire. Toutes choses qui feraient défaut au nouveau locataire de l’Hotel des Finances, qui a la malchance, en sus, de coïncider avec un trésor public malencontreusement éprouvé par les difficultés que connaissent les recettes intérieures depuis l’avènement du Covid-19. Le tableau n’est manifestement guère confortable pour des autorités littéralement ennuyées par le sauvetage de l’année scolaire à coups de promesses et engagements à incidences financières à peine supportables par l’exercice budgétaire, à savoir l’application échelonnée de l’article 39 du statut général des enseignants.

Des engagements auxquels se greffent les avantages non moins coûteux que le régime défunt avait consenti aux magistrats dans les mêmes conditions, et ce n’est pas tout. Les finances pourraient être à l’épreuve également de nombreuses nouvelles grognes revendicatives activées par anticipation de la trêve sociale que la Transition préconise comme solution aux pressions syndicales. Au nombres des fronts sociaux déjà ouverts ou en gestation figurent notamment un monde enseignant peu rassuré quant aux promesses d’une junte appelée à disparaître, sans compter la menace, par le quatuor syndical (Syltmat, Synac, Syntract et CS-ADR) d’une paralysie totale de l’administration d’Etat par une cessation de travail 360 heures durant. Le ton de cette action commune a été donné du reste à travers une récente manifestation massive en rapport avec les enlèvements et assassinats dont leur corps est la cible. Le traitement préférentiel accordé au cas de Soumaïla Cissé est peut-être passé par là, de même que les enviables avantages consentis à la magistrature manqueraient difficilement de donner des idées à d’autres corporations.

En tout état de cause, le front social est sur le point de prendre progressivement le relais d’un front politique en veilleuse depuis le dénouement du bras-de-fer IBK – M5 par un coup de force le 18 Aout 2020.

Devant tant d’épreuves latentes, aucun signal rassurant ne s’affiche quant à la disponibilité des ressources financières adéquates et les autorités actuelles risquent d’y faire face sans les soutiens politiques indispensables et qu’elles ont perdus dans les approches inappropriées de gestion de la Transition en même temps que la sympathie d’une opinion de plus en plus impatiente de voir se profiler les lueurs d’une situation différente de l’ère IBK. En revanche, tous les indices convergent vers une gouvernance caractérisée par un clientélisme et une légèreté mariante alors que les ressources financières ne sont visiblement pas les meilleurs alliés pour dissimuler les tares de la Transition, y compris pour les secteurs de la Défense et de la Sécurité où les insuccès continuent d’agacer les Maliens comme naguère.

A KEÏTA

Source : Le Témoin

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