Les autorités de la transition ont du pain sur la planche. Pour preuve, une dizaine de syndicats annonce des mouvements de grève. Les autorités de la transition, censées obtenir un moratoire auprès des organisations syndicales, ont du mal à trouver leurs repères. Elles doivent impérativement agir pour trouver un compromis avec les syndicats avant que la situation ne s’aggrave. Cinq syndicats sont déjà en débrayage, trois autres annoncent des mouvements de grève en début de novembre 2020. Ils exigent tous l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs.
Pour l’instant, ils sont au nombre de 8 syndicats à annoncer des mouvements de grève à peine un mois de l’installation des autorités de la transition effectuée le 25 septembre 2020. Il s’agit du Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’administration territoriale (SYLTMAT), du Syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC), du Syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales (SYNTRACT), du Comité syndical des agences de développement régional (CS-ADR), du comité syndical du CHU-Gabriel Touré de Bamako, du Syndicat National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (SNESUP), du Syndicat libre des travailleurs des affaires étrangères (SYLTAE) et du Syndicat des travailleurs du Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine (STMMEIA). Depuis le lundi 19 octobre 2020, les comités Exécutifs Nationaux du SYLTMAT, du SYNAC, du SYNTRACT et du CS-ADR observent une grève de 15 jours sur toute l’étendue du territoire national. Pour durcir leur lutte et se faire entendre, les quatre syndicats ont décidé de déposer, cette fois-ci, dans la même journée du lundi 19 octobre 2020, un préavis de grève illimitée à partir du lundi 09 novembre 2020. « Les Comités exécutifs nationaux du SYNAC, du SYLTMAT, du SYNTRACT et du Comité Syndical des ADR, décident d’observer une grève illimitée sur toute l’étendue du territoire national, à partir du lundi 9 novembre 2020, à zéro (00) heure, si les points ci-dessous ne sont pas satisfaits: l’octroi d’une prime de sujétion pour risques de 400 000 F CFA aux Administrateurs civils et aux Membres du Corps préfectoral ; l’octroi aux Administrateurs civils et aux Membres du Corps préfectoral d’une indemnité spéciale de 987 500 F CFA (grade III / 3ème classe), 1 100 000 F CFA (grade II / 2ème classe), 1 212 500 F CFA (grade I / 1ère classe) et 1 325 000 F CFA (hors grade / classe exceptionnelle) pour compter du 1er janvier 2020 ; 1 287 500 F CFA (grade III / 3ème classe), 1 400 000 F CFA (grade II / 2ème classe) 1 550 000 F CFA (grade I / 1ère classe), et 1 700 000 F CFA (hors grade / classe exceptionnelle) pour compter du 1er janvier 2021 », révèle le préavis de grève conjoint des quatre syndicats.
Par ailleurs, le Comité Syndical du CHU-Gabriel TOURE observe une grève de 72 heures depuis le 20 octobre 2020. Le Comité syndical de l’hôpital Gabriel Touré exige entre autres : le remboursement intégral sans délai des primes de fonctions Spéciales prélevées sur les salaires du personnel Bi-appartenant du CHU Gabriel Touré ; le paiement intégral sans délai à l’INPS (Institut national de prévoyance sociale) des arriérés de reversements de quote-part (de l’AMO, des allocations familiales) pour le personnel contractuel ; la diligence de la réhabilitation des Blocs Opératoires des urgences chirurgicales ainsi que celui du Service ORL ; la réparation des deux salles d’hospitalisation de la pédiatrie fermées depuis plus d’une année ainsi que la salle de la Réanimation adulte ; le parachèvement du processus d’intégration dans la fonction publique de l’État du Personnel Contractuel payé sur ressources propres dont le processus a commencé tout en tenant compte de la situation administrative actualisée des agents à intégrer et en régularisant celle de ceux déjà intégrés.
Dans un préavis de grève en date du 9 octobre 2020, le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (SNESUP) décide d’observer une grève de 48 heures allant du mardi 03 au mercredi 04 novembre 2020 et de 72 heures allant du mardi 10 au jeudi 12 novembre 2020 si les points de revendications suivants ne sont pas satisfaits : l’application de la grille plancher 1368 et plafond 3000 aux Enseignants-Chercheurs ; l’application immédiate des articles 66 et 97 du Statut des Enseignants-Chercheurs en vue de l’augmentation de 20% de la grille indiciaire et de 02 ans de l’âge de la retraite pour les Professeurs/Directeurs de Recherche et les Maîtres de Conférences/Maîtres de Recherche ; l’application immédiate de la prime de recherche conformément à l’article 34 du Décret N°2017- 0850/P-RM du 09 octobre 2017 fixant les modalités d’application du Statut des Enseignants-Chercheurs. Le SNESUP exige aussi le payement des heures supplémentaires dues aux enseignants ; l’effectivité de la régularisation de la situation administrative et financière des agents de l’Institut d’Economie Rurale (IER), du Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS), de l’Institut National de Santé Publique (INSP), de la FMOS/FAPH, de l’ENI-ABT ; l’annulation de la décision de licenciement des agents du Centre Régional de Recherche Agronomique de Sotuba pour faits de grève ; la construction d’une cité des enseignants au pôle universitaire de Kabala ; la construction et l’équipement de la bibliothèque universitaire centrale (BUC) et l’opérationnalisation du plan de sécurisation de l’espace universitaire.
En outre, dans leur préavis de grève conjoint en date du 15 octobre, le Syndicat libre des travailleurs des affaires étrangères (SYLTAE) et le Syndicat des travailleurs du Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine (STMMEIA) décident d’observer une grève de 144 heures (6 jours) allant, du lundi 09 au lundi 16 novembre 2020, si les points ci-dessous ne sont pas satisfaits : l’examen et l’adoption du projet de Statut du corps diplomatique ; la relecture du Décret n°05-464/P-RM du 17 octobre 2005 fixant la valeur du point d’indice de traitement des personnels occupant certains emplois dans les Missions diplomatiques et consulaires du Mali ainsi que leurs primes et indemnités ; la relecture des décrets portant octroi d’indemnités d’équipement aux agents du Département central. Les Décrets n°01-5311/P-RM du 1er novembre 2001 portant octroi d’une indemnité d’équipement au personnel du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et du Ministère des Maliens de l’Extérieur modifié par le Décret n°02017-0814/P-RM du 26 septembre 2017 portant allocation d’une indemnité annuelle d’équipement aux fonctionnaires et agents de l’Etat en service au Ministère en charge des Affaires étrangères et au Ministère en charge des Maliens de l’Extérieur afin d’en faire un paiement mensuel à compter du 1er janvier 2020. « Le Bureau central du SYLTAE et le STMMEIA se réservent le droit de reconduire leur mouvement de grève jusqu’à la satisfaction totale des points ci-dessus mentionnés », révèle le préavis de grève des syndicalistes.
Or, à y voir de près, l’impact de ces grèves sur la population est incommensurable. A cet effet, les autorités de la transition doivent œuvrer à tout prix pour trouver une solution avec les syndicats, malgré les maigres moyens de l’Etat occasionnés par la crise sécuritaire et sanitaire. Cela leur permettront de s’attaquer aux autres priorités de la transition comme les réformes et l’organisation d’élections générales crédibles et transparentes.
Aguibou Sogodogo
Source : Le Républicain